26 jours

Les jours changent de couleur. La chaleur étouffante de l’été s’évapore au rythme des envolées d’hirondelles. Les premiers vêtements de grossesse acquis au printemps, et qui me semblaient alors si larges, sont désormais étriqués par ce ventre si lourd. Le quotidien est freiné par une inévitable lenteur qui remplit chaque heure de chaque jour. Le salon se colonise de nouveautés colorés qui sentent bon l’enfance et de coussins de toutes formes qui trouvent bien souvent refuge derrière mon dos. Les peluches ont trouvé leur place dans notre lit, se gorgeant de notre odeur, et de notre amour déjà infini. Les échographies nous dessine son visage en noir et blanc, et le prénom que l’on a choisi résonne alors comme une évidence. De peur de rompre le charme, c’est à peine si on ose le prononcer à voie haute.

Encore à l’abri de mon ventre, le petit bout de chou ne devrait pas tarder à montrer le bout de son nez. Je lave, repasse, plie et range chaque petit tissu soigneusement choisi pour ses premiers jours, avec une émotion qui m’était jusqu’ici inconnue. La valise de maternité est prête. Le petit pyjama blanc, premier vêtement de toute sa vie, est dans le sac de naissance. On range les tiroirs de la commode. On ouvre la fenêtre, laissant ainsi une petite brise de fin d’été caresser les murs blanc, jaune et gris. On s’assoie dans le fauteuil, juste à côté du lit à barreaux. Nos mains posées sur ce ventre rond et tendu, on pense à cette grossesse qui se termine. Les coups et les caresses ne laissent aucun doute sur le dynamisme de ce bébé prêt à naître. On pense aux cours de judo ou de karaté qui nous seront peut-être réclamés…

C’est avec une hâte palpable que l’on attend de rencontrer cette bouille, prête à changer notre vie dans les 26 prochains jours.