Acheter un appartement ou une maison est un projet, une étape dans la vie. Arrivés à un stade où on ne veut plus payer des loyers, il est logique d’acheter. Commence alors la recherche du nid douillet, et la difficile recherche sur la toile d’annonces intéressantes. Il faut trouver du temps, et une fois trouvé, il faut réussir à décrocher de l’addiction des sites d’annonces immobilières.
Les visites des lieux qui suivent ressemblent finalement de très près aux visites en tant que locataires. Il faut être avenant pour plaire au propriétaire, et avoir un dossier solide. La petite chose qui change tout est le regard. Contrairement à une entrée en location, l’achat demande de fureter, de regarder et vérifier chaque endroit et surtout ceux auxquels on ne pensait pas avant. Il est aussi nécessaire de poser les bonnes questions pour l’achat.
Si l’endroit nous correspond, vient ensuite la proposition : première étape, et premières émotions. Rédiger une proposition n’est pas une chose simple lorsque l’on débute. On ne connaît pas vraiment la valeur de cette proposition écrite ni ce qu’il faut mettre dedans, alors on y inscrit un prix et quelques vagues indications. Et là, tout s’emballe : le propriétaire accepte, la date de signature du compromis est lancée. Vous n’avez pas le temps de dire ouf que vous êtes déjà devant le notaire pour faire de cette proposition un engagement reconnu et ancré définitivement dans le temps.
Les questions…
Souvent la date du compromis suit de très près la date de la proposition et de l’engagement oral. C’est au cours de ce laps de temps, ce « délai légal de rétractation » qui s’étend sur 10 jours, que les questions fusent. Content de votre trouvaille, vous en parlez autour de vous, et naïvement, vous êtes surpris de leur réaction. Chacun a son histoire et surtout son point de vue, bien souvent différent du vôtre. Jalousie, méconnaissance, réputation, tout est bon pour que votre cerveau soit tout chamboulé. Vous vous imprégnez d’un nombre incalculable d’informations que vous n’aviez pas pris en compte, ou qui ne vous paraissaient pas importantes. L’avis des gens que vous croyiez au départ proche du vôtre, va se révéler être un vrai poison. Les questions, et les doutes vont fuser jusqu’à occuper la totalité de votre esprit jour et nuit.
Lorsque l’on achète, l’avis des autres n’est pas à prendre autour de soi, mais bien à l’endroit même où vous achetez. Allez-y le soir, en journée, le week-end, pour y saisir l’atmosphère. N’hésitez pas à faire une enquête de quartier. Appelez vos voisins pour leur demander comment ils se sentent dans ce quartier, posez-leur les questions qui vous minent. Vous aurez des réponses claires, et sincères.
La pression
Il arrive, lorsque vous êtes une éponge émotionnelle comme moi, que les doutes nés en vous suite aux mots des gens ne partent pas. L’acquisition immobilière dans laquelle vous vous êtes engagé prend des dimensions que vous n’imaginiez pas. L’avis général pense qu’acheter c’est simple : çà demande simplement des démarches et de l’argent, mais l’action est bonne. L’avis général se trompe : acheter c’est bien plus que çà. Aujourd’hui, on se dit qu’on n’achète pas pour y vivre toute sa vie. On se le dit au début, mais dans le circuit amenant à devenir propriétaire, on se rend bien compte de la valeur du bien. C’est un grand acte, une grand étape. Vous devenez propriétaire… Et pourtant, votre cerveau s’est mis en mode répétition sur le titre « Et si ? ». Vous avez pourtant en vous toutes les réponses, et votre côté rationnel a bien vu que les points positifs l’emportaient devant les inconvénients. Ce titre « Et si ? » ne cesse portant de vous suivre. Il se lance parfois derrière une autre personne qui a donné son avis sur votre engagement en semant en vous un nouveau soupçon de poison. Vous vous dites alors, que peut-être, vous avez fait une erreur. Le cercle vicieux fait que vous cherchez alors la chose qui pourrait justifier ces pensées noires. Vous devenez propriétaires, et assumez donc de nouvelles responsabilités, alors s’il y a erreur, elle pourrait s’avérer bien difficile à surmonter…
La pression naît également des nombreuses dépenses engendrées. Pour les achats en copropriétés : attention à bien prendre connaissance du fonctionnement du syndicat. Vous pouvez avoir à faire des avances sur travaux (bien qu’aucun projet de travaux ne soit voté ou à venir), frais que vous n’auriez pas prévu…
L’émotion
Signer chez le notaire reste très lourd. D’abord le compromis : vous prenez connaissance de nouvelles données (catastrophes écologiques, …), et vous signez pour dire que vous êtes d’accord. Assis à la grande table notariale, vous n’êtes pas sensé vous désister et partir en courant à l’annonce d’une information déplaisante. La pression est telle que la signature apparaît comme une simple formalité à tout le monde autour de cette table sauf à vous, acquéreur…
L’émotion passe un cap supplémentaire le jour de la vente. Vous arrivez les mains dans les poches et passez une heure signez des tonnes de papier. Le circuit des documents est tellement bien rodé par le notaire que vous ne savez plus ce que vous signez, paraphes et signatures se mélangent mais vous savez que vous ne devez pas vous trompez sur ces documents officiels. Auriez-vous cru un jour que ce geste mécanique laissant une marque sur du papier pouvait engager autant ? Le notaire énonce ensuite les dépenses qui vous incombent et les chèques que vous devez faire. Pour lui tout est simple, mais pour vous, tout est compliqué. Les chiffres ne sont pas dans le bon ordre et vous ne vous y retrouvez pas. Vous ne pouvez pas partir d’ici sans comprendre à quoi correspondent les chèques faits ! Vous prenez alors le risque d’exposer votre naïveté, une fois, deux fois, plusieurs fois, jusqu’à ce que vous ayez bien tout compris.
La main tremble, et vous avez chaud. Voilà , les chèques sont faits, les papiers signés : vous êtes propriétaire ! Vous repartez avec un kilo de papier qui illustrent très bien le poids supplémentaire que vous ressentez dans votre vie.
Vous avez visité un bien, et 3 mois plus tard, il vous appartient. Tout s’est fait si vite que vous en avez le tournis.
La plus grande émotion reste de loin l’entrée dans les lieux en tant que propriétaire.
Votre regard a changé, tout a changé, c’est une grande étape que vous avez franchie…