Autour de moi, chaque goutte d’oxygène semble étriquée dans un silence pesant. Un son quasi nul effleuré par le ronronnement de l’informatique, le souffle régulier de ma respiration, le rythme sourd des pas de mon voisin du dessus. Un silence oppressant, bousculé par le bruit des roues du train lancées à toute vitesse sur les rails à un kilomètre de là, ou quelques bruits d’accélération dans les rues alentour. Le bruit de la pluie, paisible et merveilleux résonne soudain sur les volets métalliques avec un écho franc et froid que je ne lui connais pas : celui du vide.
La télévision est assourdie. La pièce éclairée de deux veilleuses semble bombardée de cette alternance de fausses couleurs renvoyée par un monde parallèle. Le sommeil m’étreint de ses bras froids alors que la solitude m’assomme de sa chaleur. Ma vue se brouille, ma bouche s’empâte. Emmitouflée dans un plaid, ma compagnie, je commence à sentir les deux mains de l’angoisse étreindre ma nuque, effleurer ma gorge.
Je zappe les images de l’écran de télévision qui ne m’offre rien d’apaisant, m’hypnotisant de cadavres, de meurtres à résoudre, d’émissions politiques stériles, de reportage bêtifiant et de publicités imbuvables.
Pourtant, je ne peux me résoudre à quitter mon coin de canapé pour rejoindre mon lit, éteindre veilleuses et écrans, et chercher le sommeil, le vrai, celui de la paix de l’esprit, dans le silence effrayant de mon appartement. Je m’aperçois qu’aucun mot n’est sorti de ma bouche depuis plusieurs heures, depuis ce bonjour échangé du bout des lèvres dans le hall de l’immeuble, il y a déjà quelques heures.
Je voudrais retrouver le confort de la radio nocturne, celle que je ne sais plus écouter, celle qui m’endormait le sourire aux lèvres dans mes nuits d’adolescente.
Cette nuit, une nuit, juste une nuit où personne n’émet le moindre son familier, ou ce silence tant redouté revient s’inviter sur mon oreiller. Une nuit que je tente chaque fois en vain de remplir de multiples activités féminines, mais qui finit toujours en un égrènement ennuyeux de minutes puis d’heures, sans qu’aucun projet ne soit abouti.
Minuit approche, bientôt une heure, et je serai peut-être encore là, incapable de bouger… Je ne sais plus vivre seule dans cet endroit qui vibre de deux voix, qui se fonde sur les deux premières pierre de cette nouvelle famille : la nôtre.
Zadig says
Fleurdementhe, merci merci merci pour ton joli commentaire sur mon blog, plein de sincérité, ça m’a beaucoup touchée.
Tu as une très belle plume, je ne connaissais pas ton blog mais j’y reviendrai pour découvrir d’autres beaux textes comme celui de ce billet!
FleurDeMenthe says
Merci de ta visite ici ! Il est sûr que je reviendrai aussi lire tes mots 😉
Mademoiselle K says
Juste Magnifique!
Je reste sans voix devant ce tres beau texte.
FleurDeMenthe says
Merci beaucoup !!
Cyrielle says
J’ai decouvert ton blog avec le blog de Zadig. C’est un très beau texte. Ça m’a fait bizarre quand je l’ai lu car tu as écris exactement ce que je ressens moi aussi lorsque je passe une soirée seule…tu écris magnifiquement bien!
FleurDeMenthe says
Merci beaucoup !!
MaDys says
J’ai envie de te mettre tout plein de petits coeurs, tant j’aime te lire et imaginer les scènes en même temps. Tiens bon, le silence finira bien par se lasser, et ton chez toi retrouvera toute sa gaieté 😉
FleurDeMenthe says
Ca me touche que çà te plaise !! J’aime beaucoup ton univers…
Faby says
C’est un tres beau texte, tres bien ecrit. Mais il fait mal aussi quelque part, on ressent la tristresse, la detresse. Mais je suis sure que peu a peu la gaiete va revenir, que tu pourras te lever de ce canape, eteindre cette tele. Ne plus etre spectatrice 😉