Il y a des moments, des instants, des jours entiers, où tout est flou autour de soi. L’esprit tourne en rond dans une cage trop étroite, se cognant aux parois osseuses, essayant de passer outre les frontières pour plus d’espace, plus de liberté. Menacé, agressé, frappé, par des sons, des informations, des nouvelles, des lumières, des odeurs, des douleurs, sans cesse.
L’esprit se sent atrophié, écrasé, à bout de forces. Impossible de se concentrer sur un écran, un livre, un magazine, parfois même une conversation, il s’échappe comme dans un sommeil. L’esprit devient incontrôlable, il se met en veille et peut plonger aussitôt dans le premier stade de sommeil : le rêve. Mon esprit se trouve en ce moment dans ce marasme.
Alors écrire ? N’en parlons-pas. Quelques idées fusent ici et là, une phrase, parfois deux ou trois, mais rarement plus. Elles restent en attente dans mon carnet vert, attendant d’être développées, utilisées, attendant d’avoir un sens, une intensité. Les heures prennent le pas sur le peu de temps libre. Heures de sommeil, heures de ménage, heures de travail… Au travers de ces heures, je croise des visages, j’entends des idées, mais une idée ne cesse d’hanter mes pensées : celle d’un personnage qui m’a enivrée lorsqu’il m’est apparu un soir de février.
Que faire de cet esprit qui est moi, mais pas tout à fait, et qui est resté depuis dans un coin caché de ma mémoire, attendant que je lui raconte sa vie ?
Lui donner une chance pour aboutir ce sentiment d’aboutissement que j’espère tant atteindre un jour ? La laisser de côté pour attendre le moment où sa vie s’imposera à moi, et que les mots couleront sous mes doigts ? D’ailleurs, cela existe-t-il vraiment ? On dit souvent que écrire est un don, que cela se déroule tout seul si on est doué. Je n’y crois pas. La passion ne fait pas tout, elle nous permet de donner vie à nos écrits, sans en faire des exemples théoriques d’étude pour des cours. Et cette idée handicape le courage que demande d’écrire encore et toujours, parfois jusqu’à l’épuisement, sur une idée, un ensemble de liens humains, psychologiques, et sociaux autour d’un personnage.
Un jour, le moment sera venu…
Blanche De Castille says
Ne t’inquiétes pas ça viendra, peut être demain ou dans 10 ans, mais l’histoire de cette femme sortira, frénétiquement ou de façon réfléchie j’en suis sûre. En tout cas, peut-être que ce n’est pas encore le moment pour elle ni pour toi…et puis tu as peut-être aussi besoin de te recentrer sur des choses qui te permettront par la suite de mieux te concentrer sur l’écriture (;-) )
Audrey_tdp says
Bonjour Fleur de Menthe !
J’ai beaucoup été touchée par ce que tu as écris, en ce sens que j’ai aussi déjà vécue cette expérience.
Je trouve ça rageant la fatigue, l’épuisement, les idées qui ne viennent plus ! Pourtant tu sens que tu en as envie, que c’est au fond de toi et que ça ne demande qu’à émerger.
Parfois, j’essaie alors de me laisser aller à penser à autre chose, à changer d’environnement, d’air, afin de me sentir légère et apaisée, ce qui j’en conviens, n’est pas toujours aisé !
Les mots sont là, prêts à éclore, mais notre esprit est embrumé…
Peut-être te faut-il juste attendre et ce visage que tu as en tête se laissera aller clairement à toi, et tu pourras écrire en pensant à ce personnage.
Bon courage en tout cas, et bravo pour ce joli texte.
Bises 🙂
FleurDeMenthe says
Merci les filles pour vos petits mots… Je lui laisse le temps de mûrir et l’accueillerai les bras ouverts quand elle sera prête.
Minyu says
Merci pour ce très bel article, tout en simplicité et infiniment émouvant.
Un personnage m’a ainsi obsédée pendant des années. A présent il a changé, mais je sais qu’il ne verra jamais le jour…
FleurDeMenthe says
Il a changé, et tu sais qu’il ne verra jamais le jour ? Ca m’intrigue comme réflexion… Pas de sentiment de frustration ?
Minyu says
Non, absolument aucun ! Je sais que c’est étrange… En fait, ce n’est pas un personnage que j’ai créé. Je le considère comme un compagnon, mais je ne me sentirais pas le droit d’écrire ou de compléter sa vie, puisqu’elle existe déjà sur le papier…
FleurDeMenthe says
Je te comprends très bien. J’ai moi aussi un personnage qui me suit, mais de manière beaucoup plus diffuse que ce personnage que je me suis créé… Mais peut-être y est-il inconsciemment lié…