Je ne m’y attendais pas. Vraiment pas.
Il y a encore peu de temps, je me contentais de chercher sans savoir quoi trouver. Je savais depuis longtemps que ce que j’avais aujourd’hui ne me correspondait pas. Je suis de nature à me satisfaire facilement, à m’enthousiasmer pour de petits bonheurs, et à voir toujours le verre à moitié plein. J’avançais donc dans mon quotidien en mettant en avant les bons côtés des choses et en camouflant tant bien que mal les mauvais côtés.
La vie de chacun est ainsi faite : elle n’est jamais parfaite.
Pourtant, je suis restée une petite fille. Telle une rêveuse à la recherche de son prince charmant, j’ai perpétué ma quête d’un idéal sans pouvoir en définir, ne serait-ce qu’une esquisse.
Et voilà que de temps à autre, toutes ces choses, que je m’étais efforcée de couvrir d’un voile noir pour les oublier, se sont mises à s’animer, à prendre de plus en plus de place. Tels des abcès, elles m’oppressent parfois, jusqu’à m’empêcher d’avancer, jusqu’à me forcer à les regarder en face, jusqu’à m’imposer cette question :
« pourquoi je me force à vivre dans ce décor de vie ? «
Il arrive souvent que je me sente empoisonnée, intoxiquée, par ces mauvaises graines qui s’immiscent en moi, y construisent une colonie, grisant mon âme et souillant la clarté de mon regard. D’autres fois, la sensation d’être oppressée par des bras fumeux me submerge, et semble me recouvrir d’une suie dont j’ai bien du mal à me défaire, même après une douche.
Et, un jour, la foudre m’est tombée dessus.
On ne maîtrise pas le coup de foudre. Il s’immisce dans l’air, se faufile jusqu’à votre peau et finit par vous embrasser dans une infinie tendresse, dévoilant la vraie couleur des choses autour de vous, brisant toutes les questions, et vous offrant une vérité inattendue.
C’était un matin d’Avril au coeur de la Basse Normandie. Le pèlerinage des plages du débarquement touchant à sa fin, nous décidâmes de trouver un endroit où se restaurer. C’est alors que d’un air innocent, ma moitié lança dans les airs le nom d’une ville à quelques bornes de notre position. Depuis la veille, ce nom m’obsédait sur la carte. Une sensation étrange d’attraction m’animait alors même que je ne savais pas quoi y trouver… Je me souviens que le long de la route, j’étais quelque peu angoissée.
Peur d’être déçue. Peur que mes sentiments m’aient joué un mauvais tour
Bayeux
Une ville moyenne d’environ 15.000 habitants qui a eu l’incroyable chance de ne pas avoir été touchée par les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, alors qu’à quelques encablures, St-Lô fût entièrement détruite, et de ce fait, baptisée ville martyre.
Un enthousiasme fou s’est emparé de moi à la vue des murs de pierre, des bâtisses historiques plantées là tels des sages, et même des lampadaires et des arbres plantés en haut du centre-ville.
Un coup de coeur, un coup de foudre, une reconnaissance intime, appelez cela comme vous voudrez. Je ne sais pas moi-même comment nommer cette rencontre improbable. Cette ville a mouvementé mon coeur. Comme on retourne une boule à neige, Bayeux a complètement chamboulé ma vie. Dimanche nous offrait la ville désertée de ses habitants, et cela ne me dérangea pas. Je ne pouvais m’empêcher de m’arrêter ici et là pour retarder le moment de partir. Je prenais des photos incongrues, j’observais chaque recoin de la rue, ou du trottoir.
Je cherchais des indices, encore…
Un moment particulier
Sont arrivées sur ma route quelques minutes où j’ai laissé mon regard s’attarder sur le rebord d’une fenêtre. Calés sur une étagère à la bordure intérieure, des livres étaient posés à la verticale. Des fleurs blanches les surplombaient, les caressant de leurs pétales.
Il dépassait cette rangée de bouquins, un roman grand format de Levy. Je ne suis pas une grande adoratrice de l’auteur mais je lui reconnais quelques belles images sur le destin, et quelques beaux contes pour adultes.
J’ai reconnu son roman « Si c’était à refaire ». Un signe ? Peut-être…
J’ai levé les yeux sur l’arrière-plan qui m’offrait une vieille porte d’époque ouverte sur un espace de verdure. Les murs de cette maison étaient épais, faits de grosses pierres.
Peut-être aurais-je pu être l’âme de ces murs…
De nombreuses images pastelles ont traversé mon esprit, donnant à mon regard un air absent que j’adopte une fois de plus en écrivant ces mots.
L’espace d’un instant qui me possède encore, j’ai glissé dans cet autre monde possible : celui d’une autre vie ici…
Pourquoi « bajocasse » ? Les habitants de Bayeux sont appelés bayeusains ou bajocasses 😉
Cath' says
C’est amusant de voir le regard porté sur la ville où je travaille, ma ville d’adoption, si belle, si riche culturellement, architecturalement, gustativement …..
Je suis arrivée ici grâce à la Une d’Hellocoton et j’ai été attirée par le mot « bajocasse » en fait celui-ci désigne une personne née à Bayeux alors que bayeusain désigne un habitant de Bayeux.
Merci pour ce joli article.
Cath’
FleurDeMenthe says
Oh merci !!!! Et merci pour l’info, je ne connaissais pas cette particularité du nom 😉 J’espère revenir très vite par chez toi !