Chaque matin, le miroir me renvoie l’image d’une fille au regard assez défait. Au fil des heures du réveil, je m’efforce de lui donner des airs de femme assumée et sûre d’elle. Je cache les traces de la nuit à l’anti-cerne, je trace au crayon gris les lignes de mon regard, et j’égaye mes pommettes de rose pâle. Je tente de discipliner comme je le peux mes cheveux en bataille, et je borde de vieux rose mes lèvres pâles. Peu à peu, le regard défait devient déterminé.
Chaque soir, c’est avec une pointe de surprise que je retrouve le visage de la petite fille de 3 ans que j’étais, concentrée à tenir les mains de son petit frère alors qu’il éclate de rire à la vue des pas faits sur le sable.
Alors, à 26 ans ou plus, est-on une fille ou est-on devenues des femmes qui ne s’assument pas comme telles ?
La question me vient quand je vois que mon blog est bien souvent nommé comme étant un blog de fille. Je ne sais pas vous, mais cela sonne pour moi comme étant un espace virtuel puéril, parsemé de fleurs, de sucre et de meringue colorées. Notre monde, notre système, nous enjoint toujours de mettre les choses dans des cases prédéfinies. Je ne suis pas d’accord.
D’après Wikipédia, il y aurait plus de 150 millions de blogs dans le monde, et plus de 15 millions rien qu’en France. Des chiffres qui ont de quoi donner le vertige, et se convaincre que çà ne vaut pas le coup…Les mots que je laisse ici ne sont qu’une goutte d’eau dans l’immensité de la blogosphère.
C’est une passion d’écrire, donc aucune raison pour moi d’arrêter.
Voilà bientôt 5 ans que je publie et au-delà de la fierté d’avoir des lecteurs qui apprécient mon écriture, vous derrière votre écran, je crois que je continue d’écrire avant tout pour le plaisir. Le plaisir de créer quelque chose de joli à la manière d’un peintre. L’envie de créer quelque chose de différent, loin de mes carnets et de mon journal de bord, dont je vous parlerai peut-être plus en détails un jour…
Est-ce que j’écris à la manière d’une petite fille dans son journal Barbie rose ? Je crois que cela a bien été le cas au début bien que je n’ai jamais étalé ma vie privée. On écrit sans trop bien savoir pourquoi, sans aller plus loin dans ses idées, sans se poser la question d’une ligne éditoriale à suivre. L’indépendance, la maturité m’ont donné envie d’écrire pour moi, de suivre une ligne que je m’impose pour faire de cet endroit un écran qui me ressemble.
La liste des 825 billets que me dresse mon tableau de bord wordpress m’impressionne… Qu’ai-je pu bien avoir à raconter pour laisser autant de mots ? Alors je remonte les colonnes jusqu’à ce que j’entrevoie la ligne Maginot à ne pas franchir : celle derrière laquelle se cachent des billets que je ne pourrais plus écrire aujourd’hui. Comme quand je feuillette le journal de mon adolescence, je préfère ne pas lire les détails, et je détourne mon regard. Cette fille était moi, mais le constat d’une évolution intime qui semble s’être faite le plus naturellement du monde est déroutant.
Au fil des mois, j’ai dépassé les anecdotes quotidiennes pour laisser courir mes doigts sur le clavier avec le plaisir de figer mes réflexions en une chronique authentique.
Alors blog de fille ou blog de femme ?
Il semble que la petite fille a quitté le nid pour voler de ses propres ailes. Une femme n’est finalement peut-être qu’une fille indépendante… J’ai bien envie de laisser le mot femme et Madame à d’autres. Fille et Mademoiselle avant tout !
Mamzelle-Mistinguett says
Je pense qu’on est un peu tout à la fois ; fille, femme, mère, bref, c’est ça qui fait la richesse d’un blog, non? 😉
marie harmony says
Très joli billet dans lequel je me retrouve un peu. Ce qui reste après toutes ces interrogations, c’est bien le plaisir d’écrire, de faire courir le crayon sur un papier artificiel. La jeune fille devient femme, mais reste pour toujours cette petite fille au sourire espiègle qui écrivait ses rêves sur des feuilles roses jaunies par le temps!
MaDys says
Merci pour ce billet, le « passage » de fille à femme me fait me poser 10000 questions. Je crois qu’au fond de chaque femme, on retrouve la petite fille espiègle, celle qui met encore des pyjamas roses pour dormir, termine un paquet de bonbons en vitesse, ou celle qui se réveille tôt le dimanche matin juste pour regarder les dessins animés. Alors qu’elle cavale toute la journée sur 10 cm, possède des actions à Zara, et mange ses 5 fruits et légumes par jour. La femme, c’est la fille qui sait jouer de ses atouts, de ses points faibles, celle qui répond aux attentes des autres et qui assume ses responsabilités. Pour la petite fille 😉