Une bombe explose en Amérique, et le monde entier est en émoi pour les victimes et leur famille. Rendons-nous compte : un attentat dans un pays libre et démocratique ! Un pays comme nous, en somme. Un pays ami. Cet attentat touche donc à nos valeurs et celles des pays en paix… Mouais, nous sommes incités à croire que les Etats-Unis sont pacifiques parce que les gens y vivent librement. Mais, rappelons-nous tout de même qu’il est en guerre à l’extérieur de son territoire.
Je fais partie, bien entendu, des gens affectés par cette attaque gratuite au cours du marathon de Boston. Je n’ai pas pu m’empêcher d’écrire un billet sur le sujet au lendemain de la nouvelle. Mais, car il y a un « mais », une idée s’est insinuée dans mon esprit, et a remis en question la considération que je portais à cette tragédie.
Au cours de la journée d’hier, une alerte du journal Le Monde apparaît sur mon téléphone. Tellement rapide que je n’ai le temps de lire que mot « attentat ». Quoi ??! Un nouvel attentat ???
Sans connexion internet, j’ai dû attendre de rentrer chez moi pour retrouver l’information. Ce n’est qu’au bout de quinze minutes de recherche, une fois passés tous les articles sur le présumé attentat de Boston, que j’ai retrouvé mon info : un attentat suicide au Pakistan qui a fait 8 morts, nombre porté à 16 aujourd’hui..
Nous avons donc 3 morts du côté américain avec une bonne dizaine d’articles qui abordent le sujet en tous sens, du fait de l’ incongruité ressentie par l’opinion publique, et 16 morts côté pakistanais avec quelques lignes par ci, par là.
L’attaque au Pakistan a été portée à l’encontre d’une manifestation laïque par le groupe taliban le plus important du pays. C’est dans le contexte des élections législatives prévues en mai que les attaques se multiplient dans le pays. Mis à part ces actions des talibans, le pays subit également des attaques américaines, lesquelles ont pour but de combattre l’expansion des groupes extrémistes.
Selon l’association britannique du journalisme d’enquête, les attaques de drones menées par la CIA au Pakistan ont fait 3.577 morts depuis 2004, dont 884 civils.
Un pays en guerre où il y a des attaques, des morts est devenu un un sujet banal, un fait divers. Une habitude, une nouvelle qui ne nous concerne pas sous prétexte que nous défendons la liberté…
Le buzz, l’exclusivité de l’info semble désormais être au centre des préoccupations des journalistes. Au-delà de la diffusion de l’info, c’est bien une stratégie commerciale qui est mise en avant : celle d’avoir un maximum de lecteurs.
C’est ainsi que les tueries qui touchent un maximum de personnes dans un temps très court font la une des journaux, quand des tueries qui perdurent pendant des mois passent par quelques mots en bas d’une page.
Autre exemple, bien plus fort : la Syrie en proie à une guerre civile auto-destructrice depuis le 15 mars 2011. Une guerre si violente que les médias semblent avoir choisi de ne plus y accorder d’importance outre-mesure. Pourquoi le feraient-ils ? L’opinion publique se lasse de nouvelles quotidiennes qui se ressemblent toutes et qui ne les concernent pas… Que faire de ces attaques, de ces images choquantes, de ces bâtiments détruits ? Un pays où la population s’entre-tue ne concernerait donc que ses propres habitants. Peu importe tout le monde, les chiffres irréels ne font que renforcer l’idée que le conflit est à une telle distance de la vie tranquille de chacun qu’il est impossible de s’identifier aux victimes.
– 70.000 morts, dont 35.000 civils parmi lesquels entre 10.000 et 15.000 enfants –
Certes ces chiffres sont invérifiables. Certes ces pays sont en guerre. Mais la mort de civils, quels qu’ils soient doit-elle nous toucher différemment, sous le prétexte que leur pays est en guerre ?
J’ai toujours mis en avant dans mes articles le fait que les médias créaient notre propre malheur, nous diffusant largement toutes les horreurs du monde et faisant l’impasse sur les bonnes choses. Cet article ne revient pas sur çà, mais remet en cause l’importance choisie de donner de la valeur à des attaques meutrières à certaines populations plutôt qu’à d’autres…
Nous devrions être aussi touchés pour les américains, que pour les pakistanais ou les syriens. A chaque endroit du monde, des civils sont en danger, que celui-ci vienne de l’intérieur ou de l’extérieur, que celui-ci soit omniprésent ou latent. Le danger est partout.
Les gens, ces âmes n’ont pas choisi de vivre dans un pays en conflit, où le sol est miné de pièges qui peuvent sonner le glas de chacun à tout moment.
C’est cette idée de différencier les populations qui devrait peu nous importer. Tous ces morts, quelles que soient leur nationalité avaient des rêves, des espoirs, des projets, des souvenirs.
Pour tous, d’une façon tout à fait similaire, quelqu’un a décidé de leur mort. La faucheuse a tout emporté.
sources :
– ouest-france.fr
– rtl.be
– wikipedia.org
– lemonde.fr
My Little Discoveries says
Comme je suis d’accord avec toi…