Nos parents souffrent souvent du regard d’enfant que nous ne cessons de porter sur eux. On grandit, on vieillit, on s’épanouit loin d’eux. Et pourtant, changeons-nous vraiment ?
De leurs genoux, nous ne ne voyons plus aujourd’hui que les fines rayures blanches qui semblent se multiplier dans leurs cheveux noirs, ou la tonsure qui se dessine doucement autour de leur nuque.
Et pourtant, nous ne perdons jamais l’enfant qui est en nous. Face à eux, le caractère originel qui s’est emparé de nous à notre premier souffle reprend tous ses droits.
Il s’impose à nous dans sa plus grande force.
L’envie de retrouver l’adrénaline des premiers émois sportifs avec son père devient plus forte. L’envie de faire enfin les bêtises que petits on nous interdisait devient irrésistible. Monter à une échelle qui s’appuie contre le toit, avec cette fois, une bonne raison : celle de discutailler le pourquoi du comment et d’exposer son avis… C’est aussi le meilleur moyen de s’imposer quand l’envie ne nous prend pas comme en pleine crise d’adolescence… Vous savez, cette pulsion soudaine de vouloir montrer les crocs, contredire tout, et ne pas tourner sept fois sa langue dans sa bouche.
Grandir m’a toujours semblé n’être qu’une utopie.
Au fond, nous restons tous des enfants enrichis de nos expériences et des quelques gifles reçues par la vie. Tous, y compris nos parents, et même nos grands-parents.
En feuilletant les albums de famille retrouvés dans un grenier bien bas, cette vérité n’a fait qu’être renforcée. Sous mes yeux défilaient les photos de mes parents, des plus récentes aux plus anciennes. Je passais de cette époque d’aujourd’hui où ils fêtent leurs 50 ans, à cette époque aux couleurs passées où ils n’ont que 20 ans. Ils ont parfois le regard de deux adolescents amoureux qui se sourient, des rêves pleins la tête… Sur d’autres, je retrouve ce sourire sincère, qui chante une joie de fête. Sur celles-ci : l’innocence de beaux jours ensoleillés, loin des crises d’une petite fille colérique : moi. Aïe : ils n’en ont toujours pas fini avec moi !
Ont-ils vraiment changé aujourd’hui ? Je ne le crois pas vraiment. Ils ont évolué, mais ce sont toujours ces deux gringalets qui sourient à l’objectif, heureux d’immortaliser un instant, une minute, un jour de leur vie ensemble, comme si demain, ils ne s’en souviendraient plus.
C’est toutes ces photos oubliées que j’ai rassemblées dans un livre, avec des sourires dans la tête, pour leur offrir. En recevant, tout beau, tout doux, je me suis aperçue de son poids : 100 pages de photos pour 50 ans de vie… 50 années vécues par des enfants qui n’ont fait qu’avancer sur le chemin d’une vie ! Un poids plume pour des kilos de souvenirs.
De ces photos en sont nés des trésors que j’ai gardés pour moi. J’ai retrouvé le visage de cet enfant que j’ai été, et je retrouve moi aussi le fil de mon enfance. Quand on y pense, n’est-il pas le plus pur à suivre ?
Vivons l’instant, et n’oublions pas l’enfant que nous sommes…
Même si parfois, le faire taire nous éviterait bien des soucis…
Submarine says
C’est un magnifique cadeau, que tu décris si joliment… Tu vas faire des heureux, j’en suis certaine ! L’émotion sera au rendez-vous :’)