La famille, celle qui nous est donné d’avoir à la naissance, imposée dans le quotidien, identifiée dans les gènes, aperçue dans les traits du visage. Taches de naissance, grain de beauté caractéristique nous identifie sans difficulté à nos géniteurs, que cela nous plaise ou non. On ne nous pose pas la question. Il faut faire avec.
Certaines familles sont comme les branches d’un arbre d’hiver qui jamais ne fleurirait. Jamais ses branches ne se rencontrent, jamais leurs pousses ne se frôlent, ne s’entrelacent, ne se caressent. Chaque branche portée vers un seul et même point d’horizon sans un regard en arrière.
D’autres familles sont comme un arbre d’été qui jamais ne perdrait ses feuilles, si touffu que sa multitude branches nous apparaît comme un seul et même être.
Est-ce qu’on apprend à aimer sa famille ?
L’amour des siens est-il inné, acquis, obligatoire tel un devoir de conscience ? Je suis très proche de ma famille sans que je ne puisse dire pour quoi. Bien sûr, j’ai plus d’affinités avec certaines personnes, mais le noyau familial dans lequel j’ai évolué toute ma vie, du foyer parental, aux retrouvailles annuelles en quinzaine, m’est vital.
Il représente le seul socle assez solide pour m’affilier à l’humanité. Les autres, les rencontres, les amitiés sincères, les rigolades franches sont autant de moments de bonheur qu’éphémères. Il ne nous lient pas à d’autres sur le simple fait d’avoir échangé, de s’être embrassés, ou d’avoir rit. L’histoire de l’humanité oubliera tout cela alors que la famille a un socle commun réel, vrai, justifiable, scientifique, inattaquable : les gènes.
Pourtant, cet attachement est bien plus rationnel qu’émotionnel. Jamais la science n’a révélé de lien entre les gènes et l’amour. C’est ainsi que pour certains la famille n’est rien de plus que politiquement correcte. Pas d’étendue d’effusions, d’embrassades et de sourires au-delà d’un cercle hyper restreint, et parfois inexistant. Une attitude qui peut se révéler suprenante, choquante aux yeux des fusionnels familiaux.
Et que dire des familles qui crient, dans lesquels les vannes sont éternellement ouvertes ? Valent-elles mieux que l’indifférence et l’oubli ? Certains diraient que les familles se déchirent sans jamais se quitter. Mots empoisonnés jetés à la figure qui lient les êtres entre eux jusqu’en enfer.
La famille n’est pas un cadeau finalement, elle est pleine d’obstacles et de combats de chaque instant. Eviter les conflits en camouflant en tournant sa langue sept fois dans sa bouche et donner l’image d’une famille radieuse et aimante ? Finalement, peut-être que les mots vrais lancés avec sincérité sont symboles de respect… Facile à dire.
Est-ce un choix d’aimer sa famille ? Un abandon inconscient au devoir ? Le résultat d’une maturité avancée ? Les fidèles sont-ils des éternels enfants incapables de se dissocier de leur entité familiale ? Tombe-t-on amoureux de notre famille au premier regard ? Est-ce un premier amour éternel et indestructible ? Et la jalousie, l’envie vient-elle toujours tout fracasser ?
Finalement, le problème de la famille, c’est qu’ils se défendent en bloc et s’attaquent en particulier… (Diane de Beausacq)
maviedebrune says
» En famille tout se sait, rien ne se dit «
Elvy says
Toujours un plaisir de te lire ! C’est vraiment un très beau texte, tout simplement.
Quinton A. Newman says
T. B. : Oui, il y a deux familles. En premier celle d’où l’on vient et qu’il faut tenir à distance. J’ai mis du temps à me décrocher de mes frères et sœurs et de mes parents. Maintenant que je l’ai fait, je me sens plus adulte. Il y a une distance que je ne regrette pas. Ensuite il y a la famille qu’on construit et j’ai toujours été fier d’aimer ma femme, de continuer à l’aimer au bout de 20 ans, d’avoir eu ces enfants. Je suis content d’avoir construit cette famille.