Suspendre le temps pour un moment. Un moment où rien ne compte. Rien ne compte sauf l’instant présent. Cet instant où chaque parcelle du monde aurait bien pu s’effondrer.
Ne reste dans l’air que le souvenir de cet instant fou où nous avons tout oublié.
La musique résonne dans toutes les pièces et s’envole par le fenêtre ouverte, allant jusqu’à faire disparaître le bruit du train qui passe toutes les 7 minutes. Tu t’égayes devant moi, les jambes nues, et les pieds en l’air. Ton sourire me fait fondre, alors que tu affiches fièrement tes dents du bonheur. Avec tes poignets, tu t’exerces à faire des coucous, ou à jouer les marionnettes. J’hésite, alors je te réponds en te faisant coucou et en jouant la comptine Pomme de reinette.
Et puis, le temps s’arrête. Te voilà dans mes bras, à sauter sur le rythme de la musique. Ta mère n’a aucun sens du rythme, mais qu’importe, nous nous saisissons des secondes qui passent et faisons de cet instant le nôtre. Tu éclates de rire dans mes bras alors que je te fais rebondir sur mes nouvelles hanches de maman. Le miroir happe soudain ton attention, et tu souris à la vue de ces deux visages qui sautillent dans la glace. Je lève ton bras en l’air, et ton sourire s’élargit jusqu’aux oreilles. Tu tapes du pied dans le vide, à l’appel d’une nouvelle danse. Et nous revoilà parties sur des notes musicales folles d’un interprète inconnu. Je ne connais jamais les musiques que j’écoute. Je ne retiens jamais le nom des chanteurs, des musiciens ou des groupes. Et je ne sais pas danser… Peut-être hériteras-tu de cette oreille sourde et ce manque de jeu de jambes !
Nous tourbillonnons. Tu penches ta tête en arrière, étourdie par cette nouvelle vue du monde. Mes chaussettes glissent sur le parquet. Je ralentis le rythme. Te revoilà face à moi, avec ce sourire du bonheur et ces yeux qui pétillent. Tu attrapes mes cheveux, te demandant quand toi aussi tu pourras les faire voler dans les airs. J’embrasse ton cou nu, et respire cette odeur qui n’appartient qu’à toi. S’il fallait la décrire, j’opterais pour un mélange de lait, de terre, de citron et d’orange. Je te vois sourire du coin de l’oeil. L’envie de te chatouiller le cou est trop tentante. Tu tires plus fort sur mes cheveux, juste vengeance. Te revoilà sur ma hanche. Tu poses ta tête contre mon épaule, et je me saisis de tes petits pieds frais.
La musique s’adoucit. L’instant s’efface dans un souvenir. Rien, rien du tout ne m’a traversé l’esprit. Seul l’instant présent s’est installé. Seconde après seconde, et quel instant !
Ne reste dans nos sourires que la signature indélébile de l’amour…
Mistigriffe says
superbe.
MamanChloe says
Très beau texte ! <3