Ecrire sur ses 20 ans, cet âge qui nous est dicté comme le plus beau de la vie. Se laisser aspirer par un tourbillon d’émotions. Laisser courir sa plume sur les pages blanches du cahier rose. Ecrire vite, voir les mots former un ensemble de boucles entre eux que l’on est la seule à comprendre, la seule à pouvoir déchiffrer. Se saisir d’un feutre de couleur et barrer une fois, rayer encore, gribouiller un mot, une erreur, une absurdité, jusqu’à leur disparition. Flécher des paragraphes. Ecrire à la verticale, user et abuser de la marge. Étoiler un mot, une phrase qui veut d’un coup s’épancher.
Laisser l’encre se saisir de ces images, ces visages, ces personnages, réels ou imaginaires qui frappent à la porte de notre esprit, prenant place dans un décor qui s’anime. Les pièces s’inspirent de lieux existants mais présentent des murs malléables, offrent des couleurs interchangeables qui se posent et s’intensifient au fil des mots, au fil des scènes. Les couloirs s’allongent, les fenêtres s’élargissent, les escaliers se raidissent.
J’ai récemment écrit sur les 20 ans, m’inspirant de cette citation de Paul Nizan :
« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. »
J’ai laissé mon esprit replonger dans cette époque, faire un bond de 7 ans en arrière. Dès que j’ai entrouvert la porte de mon esprit, imaginaire et réalité se sont enlacés. Quelque chose s’est produit, une magie m’a emmenée si loin, que dix jours après le premier jet, quelques jours après avoir plongé dans cette histoire et la laisser se livrer sur plusieurs pages, mon coeur se sent encore écorché. Ecrire à en souffrir, écrire pour se libérer, écrire pour se sentir vivant, écrire parce que quelque chose en nous nous pousse à aller plus loin. Ecrire pour aller au fond des choses, écrire pour aller tâter le fond du puits dans lequel on s’est immergé au risque de ne pas réussir à remonter à la surface de suite.
Voilà deux fois en quelques mois que je me laisse dominer par mon esprit, que mon imagination prend possession de mon temps et de mon âme m’entraînant dans des chemins qui se révèlent à moi à chaque instant. Je m’aperçois que les deux essais sont liés par des détails, des descriptions, des émotions, des reflets. Ils sont connectés.
Chaque fois que je me laisse tenter par l’appel de leur univers, je sens mes tripes se serrer. Je vois le monde autour de moi changer, devenir flou, donner de sa consistance à mes mots, leur donner vie. Je sais que cette histoire n’est pas finie, que je dois encore la laisser me submerger, m’emporter.
Jusqu’où aller ainsi sans risquer de perdre le sens des réalités ?
source images : weheartit.com
MaDys says
Oh j’admire ton courage Julie, pour oser écrire et persévérer. Tu le dis si bien, « écrire à en souffrir, écrire pour se libérer, écrire pour se sentir vivant, écrire parce que quelque chose en nous nous pousse à aller plus loin ». C’est bien ce qui m’effraie dans le travail d’écriture : se laisser envahir par les bribes de réalité qui cherchent à rejoindre la fiction.
Bisous et bon WE 😉