Je n’ai pas honte de le dire : je crois en l’amour. Je crois en sa force. En son pouvoir. J’apparaîtrai peut-être aux yeux de certains comme naïve et enfantine. Certains détourneront peut-être le regard de ces mots dignes d’un roman à l’eau de rose. D’autres étiquetteront peut-être le mot bisounours life sur mon front. Je ne vacillerai pas. Je continuerai de revendiquer le droit de croire en l’amour. J’y crois autant que je crois en un monde meilleur.
Je revendique aujourd’hui le droit de croire en l’humanité.
J’ai entendu ce matin cette femme, déléguée chez Emmaüs. La gorge nouée, et probablement les yeux mouillés, elle avait bien du mal à décrire ses sentiments face à la violence qui s’était dégagée d’une assemblée d’habitants réunie pour discuter de l’installation d’un centre d’accueil pour migrants dans leur ville.
Des hommes, des femmes animés par la rage et dominés par leurs peurs. « Et la nuit ? » « Et nos maisons ? » « Et nos enfants ? » « On les connaît pas ces gens ! » L’inconnu.
Et c’est bien de la peur de l’inconnu que naît cette haine informe. La peur qui vient tout coloniser. Cette peur irraisonnée qui vient jeter son ombre sur les petites vies abritées dans les provinces
Que je vous arrête tout de suite.
Je viens d’une petite ville de province moi aussi. Je connais ce quotidien abrité de la foule, éloigné des sirènes de police, de la mixité, de l’immigration, de la pauvreté aux yeux de tous et du feu de l’action. J’ai eu ces préjugés sur l’extérieur, ces préjugés nés de cette habitude de grandir au milieu de gens qui nous ressemblent. Et je comprends que l’on veuille protéger son environnement, ce confort d’être entre-soi, loin du monde, du vrai monde : le monde entier et ses problèmes.
Je comprenais.
Car je ne comprends plus comment la peur peut ainsi venir tout gangrener, jusqu’à faire perdre le vrai sens de la vie.
On ne peut regarder un homme sans voir l’humanité toute entière.
Column Mc Cann – Transatlantic-
Parce qu’aujourd’hui se joue l’histoire. Parce qu’aujourd’hui, il nous faut à tous, voir au-delà de notre vie confortable et douillette. Nous avons tous nos soucis, nos querelles, et une vie. Mais quel poids ont-ils face à une vie entière en pleine détresse ?
Ces gens ne sont pas des ombres. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants, qui avaient une vie avant. Probablement une vie semblable à la nôtre, avec des problèmes d’argent et des petites peurs quotidiennes. Et la guerre est venue tout leur prendre : leur travail, leurs projets, leurs écoles, leur maison, leur liberté.
Ici, en région parisienne, il nous arrive très souvent de voir ces familles rejetées par notre monde, et cantonnées sur les trottoirs.
Certains évoqueront les sans-abris, ces « français », comme excuse, avançant le fait que ces migrants prennent leur place, qu’ils devraient attendre que la pauvreté en France soit réglée avant de demander une aide quelconque. Ceux-là mêmes qui ne levaient pas le petit doigt pour eux quand ils les voyaient faire la manche devant la poste.
Beaucoup lèvent le regard au-delà, évitant ainsi de voir le monde en face. La main accrochée à leur mallette, le pas pressé pour attraper le bus qui arrive (ou pas), et les pensées qui s’accrochent au quotidien, sûr et confortable.
N’est-ce pas ainsi que meurt l’humanité ? Il suffirait de les regarder, de sourire un peu, et peut-être leur tendre ce paquet de gâteaux qui vous vous apprêtiez à ranger au fond du placard pour 6 mois. Qu’est qu’une bouteille d’eau ? Qu’est ce qu’une baguette ? Donner, échanger un regard, poser sa main sur la leur juste une seconde. Leur donner ce qui nous est si familier. Tellement familier qu’on l’oublie : l’amour qui occupe notre quotidien. L’amour encore là, vaillant et fort et que l’on voudrait garder pour soi. Il déborde. Et vous savez quoi, si on le partage, il ne vous en restera pas moins. Non, il grandira, se démultipliera, et fera s’étoffer un peu plus cette humanité dont o devrait être si fier.
Surtout ne rien attendre en retour. Un regard peut ensoleiller votre journée. Le regard d’un inconnu avec lequel vous aurez partagé un bout de votre vie, 1 minute peut-être, et alors ?
Le partage et la solidarité sont des valeurs que l’on veut inculquer à nos enfants. Qui osera dire le contraire ? On espère qu’ils seront gentils, généreux, et tournés vers les autres. Alors comment ne pas leur montrer l’exemple ? Comment assumer de jeter de la nourriture quand sur le chemin quotidien, on croise des hommes et des femmes prêtes à passer la journée, la main tendue dans l’espoir de quelque chose.
Comment assumer de refuser l’accueil de migrants, quand autour de soi, il y a la place, il y a un bâtiment vide, il y a de quoi leur apporter un semblant de vie ?
Je revendique l’amour comme étendard. Je revendique le droit d’y croire. Croyons en l’humanité.
Marie kléber says
Magnifique Julie!
J’y crois moi aussi. J’ai foi en l’humain.
L’inconnu a toujours fait peur, car on le voit extérieur à nous mêmes. Pourtant comme tu le dis, il suffit parfois d’un geste tout simple pour voir un visage s’illuminer, retrouver un semblant d’humanité dans une seconde volée à un quotidien étouffant.
Continue d’y croire. Certains nous taxent d’idéalistes, de naïfs mais sans notre foi en la vie, le monde serait un trou béant, un vide incommensurable.
Rozie says
Merci beaucoup !
Comme toi, je crois en l’amour, dur comme fer. Et en l’humanité.
J’ai foi en nous, on peut faire preuve de solidarité et de compassion. On peut aider l’autre.
On doit le faire.