Ces mots qui bourdonnent dans ma tête laissent aller mes doigts sur le clavier sans que je sache quel en est le sujet. Ils me hantent, m’assomment, m’enivrent et m’envahissent. Tel est donc le pouvoir de l’esprit, le pouvoir de l’âme qui s’ennuie, et qui cherche à s’épanouir, dépassant tout devoir dicté par le quotidien.
Ne vous êtes-vous jamais laissé aller à regarder les gens, imaginer ce qu’ils font, ce qu’ils pensent, quelle est leur route, leur destin ?
On croise tant de visages chaque jour, quelques regards, certains parfums qu’il ne nous sera plus donner de croiser à nouveau. Les chemins s’entrelacent, chaque espace vital empiétant sur un autre.
Cette aura qu’ont les gens peut provoquer en soi des sensations aussi surprenantes que dérangeantes. Le regard étant le miroir de l’âme, il suffit parfois d’en croiser un pour se sentir nue, déstabilisée, gênée, embarrassée, ou anxieuse. Une seconde, un regard, et votre esprit s’en retrouve perturbé, démuni de ses repères.
Dans un sens tout opposé, n’est-ce pas la source même du coup de foudre ? Un regard, et soudain, le cœur explose, l’âme s’envole, et les oreilles bourdonne, on voit la vie en rose…
Voyez-vous encore ces visages qui passent l’espace de quelques secondes dans votre champ de vision ? Certains ont perdu toute notion de magie, et d’intimité que peut être une rencontre, un échange, même platonique, innocent. Ceux-là se contentent de ne regarder que leurs pieds, passant à côté de jolies choses, de curiosités, d’affinités de quelques secondes. Le métro m’a offert cet hiver une situation plutôt cocasse. Dans le wagon rempli de parisiens grisés, à la mine triste, un homme jouait de la musique. Les voyageurs sont blasés, parfois agacés par ces joueurs de flûte qui dérangent leur esprit léthargique. Un homme s’est pourtant exclamé que l’on pourrait au moins applaudir, ne serait-ce que le courage de jouer à longueur de journée dans un wagon secoué par la foule et les rails. Il a applaudi, et il a été suivi, par une personne, une seule. Les autres se sont contentées de le regarder d’un air ahuri, le qualifiant intérieurement, tous en chœur, de fou. Pourtant, la folie ne touche-t-elle pas plutôt ceux qui ont oublié l’essence même de l’humanité, et de la sociabilité ?
Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être… Les choses changent…
Les gens ne se voient plus, se regardent à peine, ou de travers : tel est le portrait que l’on dresse aujourd’hui de la société. Pourtant chaque jour, je vois un échange, un sourire échangé entre deux inconnus, ou un remerciement même balbutié. Nous ne sommes pas entourés de robots, ou de monuments faits de chair et de sang… Chaque jour est l’occasion de croiser, d’échanger un regard, et pourquoi pas, rencontrer…
Qui sait si je n’ai pas déjà été votre voisine de métro, derrière vous à l’enregistrement des bagages à l’aéroport, ou si je ne vous ai pas déjà énervée parce que je suis trop longue à choisir mon billet de train à la borne automatique, et que derrière moi,vous étiez pressé…
Marinouaustralie says
J’ai lu récemment les chroniques de Bernard Guillot « Le métro est un sport collectif ». Miss Bavarde en avait parlé dans un billet il y a quelques temps …
C’est un portrait minutieux de nos voisins du métro, j’ai adoré ! je te le conseille …
Et moi aussi j’aime m’imaginer qui sont ces gens, quel métier ils exercent, pourquoi ils sourient, pourquoi sont-ils heureux ou malheureux …
Et ce que j’aime, c’est de bon matin, entendre la voix du conducteur de métro au terminus de la ligne 6, à Etoile, nous souhaiter « une bonne journée ». ça n’a pas de prix …
Onee-Chan says
Bel article sur la réflexion générale ! Bon après je t’avoue qu’ayant les oreilles sensible j’ai HORREUR qu’on m’agresse les tympans de bon matin en venant jouer tout fort sous mon nez, mais bon, dans ce cas les boules quies sont mes meilleures amies ! D’autre part je pense qu’on se sent peut-être plus vite agressé dans le métro parce que tout le monde empiète fatalement sur notre espace vital donc on se sent vulnérable. Si quelqu’un joue dans la rue, peut-être qu’on est plus réceptif, je ne sais pas.
Mais en tout cas j’ai bien aimé ton article qui reste vrai.
Bisous
Corinne (Couleur Café) says
You don’t have a soul, you are a soul ! Je suis assez d’accord avec çà !
Zelda says
Oui le métro à Paris c’est tout à fait ça, c’est assez perturbant au début (pour les non Parisiens) et puis il y a une espèce de contagion sournoise et on se surprend au bout de 10 jours à avoir un peu le même comportement, donc je crois que c’est le lieu et l’ambiance parisienne qui fait ça ! Mais bon, je suis bien contente de ne pas vivre à Paris, mais dans un petit village où tout le monde se connait et se salue, je trouve le contact humain très important. Ton texte est très bien écrit !
Bises
Elodie (La P'tite Bulle d'Elo) says
Un très joli article, plein de bon sens 🙂 J’aime bien les gens qui sourient, remercient, tiennent la porte, ça fait vraiment plaisir, en effet 🙂 Mais c’est rare! Et le pire c’est que, quand on le fait, les gens nous regardent bizarrement, genre: » qu’est qu’elle me veut celle là? » grrrr Bisous!
Olivia says
je dois avouer que je ne me sent pas concerné car justement je fais tout pour parler aux gens… certains me prennent pour une dingue mais la majorité sont souriant et répondent avec plaisir. J’ai discuté dans la file d’attente de la fnac pdt 15min avec 2 autres personnes derrières moi. Oui c’est compliqué car il faut lever la tête de ses mails/facebook/texto mais cela vaut le coup. On échange et pour moi c’est la vie le partage car c’est un échange sans attente 🙂
J’espère que bcp de personnes qui te liront (très beau texte) auront envie de se « reconnecter » avec les gens plutôt que les machines.
secondflore says
Un autre jour, une autre minute, le wagon entier aurait peut-être applaudi? Ca arrive.
(mais j’ai déjà entendu un « Ta gueule! », aussi, quand une petite dame essayait de pousser la chansonnette)
Et sinon, à propos de voisin et voisine…
http://www.youtube.com/watch?v=xZK6RTnLOr4amp;feature=player_embedded
(salutations métropolitaines)