Je me présente, Julie, très active la nuit et somnambule.
Chaque soir, on s’endort pour se réveiller le lendemain matin, l’esprit embrouillé par une réalité alternative vécue tout au long des huit heures de sommeil. Je fais partie de ceux qui vivent une double vie. La nuit me transforme comme la lune le fait avec les loups garous. Atteinte d’un syndrome aléatoire de somnambulisme et d’un imaginaire très fort, je fais subir à mon entourage des expériences incompréhensibles.
D’abord, le somnambulisme. Curieusement, je me souvient très souvent de mes crises et de l’état d’esprit dans lequel j’étais au moment de leur déroulement. Elles ne sont pas bien graves, mais peuvent être impressionnantes. Parfois, je me réveille dans une position loufoque : je m’habille au milieu de la nuit, et au moment de mettre mes chaussettes, je me réveille brusquement m’interrogeant sur la façon imaginaire dont je suis arrivée là.
D’autres fois, je marche dans mon appartement, parlant une langue inconnue qui a la particularité de n’avoir aucune articulation. Le pire de ces situations est que moi, j’ai l’impression de parler clairement. Lorsque mon oreille surprend ces mots inaudibles alors que mon esprit envoie de vraies syllabes, c’est l’instant déroutant du réveil.
L’environnement flou du rêve s’efface peu à peu pour fixer les contours des murs de mon appartement… Et là, on n’a qu’une envie : se recoucher.
Parfois c’est tétanisée par la peur d’un rêve sombre qui a pour décor la réalité de ma chambre, que j’avance péniblement à la recherche d’une aide quelconque. Les yeux vitreux, le regard fixe, les mains serrées : ces fois-ci, le réveil est très violent, difficile. J’imagine la présence d’un inconnu dans l’ombre de la chambre, comme les enfants imaginent des monstres sous leur lit. Je vois des araignées immenses, ou je subis une pression psychologique imaginaire qui fait battre mon coeur à toute vitesse.
Parfois, je ne parviens pas à démêler le rêve de la réalité avant le lendemain matin…
Ensuite, les conversations nocturnes, se passent lorsque mon inconscient n’est pas assez fort pour faire le ver mon corps. Par frustration, il s’acharne sur ma parole, ou sur des gestes que je fais dans mon lit. Cette particularité à déjà permis à mon conjoint de tenir une conversation insensée avec moi. Parfois je le réveille brusquement en lui demandant pourquoi est-ce qu’il est levé. Alors qu’endormi, le pauvre ne répond pas, ou tente de ne pas s’arracher à son sommeil, moi je le prends pour de l’ignorance, c’est alors que je répète de plus en plus fort quitte à m’imaginer une dispute imaginaire. Parfois, la couette en fait les frais, étant retournée encore et encore, par mes mains qui cherchent je ne sais quoi, accompagnée par des grognements ou des gémissements. Certaines de mes exclamations nocturnes sont surprenantes et me réveillent presque immédiatement.
Que dire de ces rêves sans fin, ou je me réveille au milieu de la nuit, et que je me rendors en sentant que je glisse à nouveau vers le même rêve pour en vivre la suite. Une vraie réalité alternée qui peut être très fatigante. On a beau lutter pour ne pas y aller, l’esprit commence très vite la construction du décor et des péripéties à venir.
Le silence est d’or dit-on…
Certains considèrent que cette vie nocturne est un fléau. Pour ma part, avoir un inconscient aussi fort est une chance. Tant que je ne suis pas violente dans mon sommeil, ou que je ne sors pas dans la rue, cela me va bien .
Corinne (Couleur Café) says
Du moment que tu n’en souffres pas, çà va ! J’éai été somnambule quand j’étais enfant, et à une certaine période très stressante de ma vie, çà a failli revenir. Je n’aime pas la situation car je n’aime pas penser que j’ai fait des choses dont je n’étais pas consciente !
FleurDeMenthe says
Le truc qui me permet d’être à l’aise avec cette seconde vie est peut être lié aux réminiscences de ces instants, à mes réveils brutaux en train de faire qqch de réel…
Isa says
Les somnambules m’ont toujours fasciné … je crois que j’aurais aimé l’être, c’est effectivement comme une seconde vie !
FleurDeMenthe says
En ce moment j’ai un sommeil très profond et très calme. Ça fait aussi du bien 😉
La Journaliste IT Pink & Green says
Je suis très touchée par ton billet. Pendant de longues années, j’ai eu un sommeil très problématique, très difficile et très angoissant. Désormais c’est derrière moi, je n’ai gardé que les rêves très réalistes et très prenants.
FleurDeMenthe says
Comprendra-t-on un jour ce que nous cache le sommeil ? C’est incroyable ce qu’il peut nous perturber… Et ce sans aucune possibilité de le comprendre…
Tiffany says
Eh bien… J’ai également de gros problèmes avec mes rêves, comme toi, il est fréquent qu’ils soient interrompus par une phase de réveil (en pleine nuit ou lors de grasses mat’) puis repris dès je me rendors… Parfois c’est dur… En fait cela relève le plus souvent du cauchemar…
Bien bel article qui me permet de penser « Ouf, je ne suis pas la seule, je ne suis pas anormale ».
Bonne journée !
FleurDeMenthe says
Je crois que ces rêves sans fin sont de vrais cauchemars, tant on n’a pas de prise sur eux…