Rien à faire. C’est bien le lundi que la foule qui se bouscule dans les transports est la plus effrayante.
Etudiants baskets aux pieds.
Cols blancs courant vers La Défense.
Artistes rêveurs pochette à dessin sous le bras.
Petits bouts ballotés entre la maison et la nounou.
Salariés grisés par la reprise d’une nouvelle semaine.
Cadres stressés déjà sur leurs mails dans le train de 8h.
Joues marquées par les traces d’oreiller.
Maquillage frais victime des matins pressés.
Cheveux délicatement brushés.
Chevelures encore emmêlées dans le sommeil de la nuit.
Livre ou journal gratuit à la main.
Tablette ou smartphone dans les doigts.
Chaque matin c’est le même rituel avec les mêmes mines défaites, mais le plus flagrant reste le lundi matin, seul jour où toute cette masse s’enroule dans la routine des trains et des métros parisiens collés à des horaires matinales.
On se bouscule.
On s’évite.
On s’arrange des autres.
On se dérange dans l’urgence.
On ne voit que les pieds admirant parfois les chaussures.
On n’entrevoit que la place éventuellement accessible dans le wagon bondé, oubliant les visages croisés de près.
Tant de petites fourmis sur le chemin de sa propre vie évutant les croisements et les carambolages. Tant de rencontres impossibles, ignorées, dépassées par la foule toujours plus grande des gens. D’ailleurs on ne voit plus que çà : des gens, et non des individus avec des idées des espoirs et des projets.
On ne voit plus que cette foule compacte qui envahit les quais. On retient parfois sa respiration lorsque l’on se sent aspiré en elle. On détourne le regard à l’idée de ne devenir qu’une goutte dans une flaque d’eau.
Mais c’est ainsi, la masse compacte du lundi nous emmène jusqu’au samedi. Elle sera le point de départ des conversations du soir sur les journées de bureau. Elle dirigera certains atterrissages vers des endroits parfois inatendus. C’est au détour d’un virage qu’une rencontre surprenante aura peut-être lieu, bousculant tous les codes de la semaine. Les humeurs seront mises à mal ou exacerbées. Nos mains en serreront d’autres, souvent dans l’indifférence.
Mais quoi qu’on en pense, la masse du lundi matin, ici et ailleurs, est la seule susceptible de donner du piment à notre vie.
Alors si on arrêtait parfois de regarder nos pieds, et osions un sourire, un regard ?
Ouvrons un peu la vanne de l’humanité bouchée par la pollution et la routine.
Souvenez-vous de ce blog qui avait choisi de dresser le portrait de ces inconnus du métro en 2011.
Chacun de nos pas nous mène à un endroit, à nous de le décider.
src images : wehartit.com
Aline - La Homemade Box says
Un article touchant. J’essaie moi-même de sourire à des inconnus dans la rue quand nos regards se croisent pendant un certain temps. Je remarque que les femmes sont plus aptes à nous sourire en retour tandis que les autres nous regardent pendant une demi-seconde et regarde ailleurs. (Bon, j’avoue que je fais ça parfois aussi x), ça dépend de mon humeur!)
FleurDeMenthe says
Le truc du sourire marche assez bien je trouve… à quelques exceptions près où on comprend pas bien pourquoi tu souris ainsi et que l’on t’adresse un regard des plus interrogateurs…
Faby says
J’ai aime la poesie qui se degage de cet article, il me fait penser a ces matins difficiles ou on se demande avant meme d’avoir mis un pied hors du lit quand est ce qu’on va se recoucher. En general on prefererai que le lundi n’existe pas mais de toute facon ca serait la meme chose le mardi, pas vrai ? Et je suis bien d’accord, commencer la semaine par un sourire a un inconnu, dans les transports ca fait du bien, j’essaye des fois, parce qu’un sourire quand il fait tout gris comme maintenant, ca fait drolement du bien 🙂
Une bonne semaine a toi !
FleurDeMenthe says
Oui çà met de la lumière dans la vie !
Emilie says
Moi je déteste le métro et les transports en commun !