La porte du placard s’ouvre dans son couinement habituel. Comme d’habitude, je l’ouvre par la tranche, ne réfléchissant même pas à l’existence éventuelle de la poignée. Pourtant, une petite voix se fait entendre dans ma tête. » La poignée, Julie ! Il faut apprendre à t’en servir, bon sang !! « Bizarrement, on dirait un peu ma mère. Mais ce ne sera pas encore pour aujourd’hui. que je l’utiliserai. Immédiatement retentit un bruit de vaisselle inquiétant…
Libérés de la pression de la porte du placard, mes saladiers retrouvent un peu de liberté et se stabilisent à l’horizontal. Une bouffée d’air pour mes grands ustensiles, que je n’arrive à caser nulle part, sauf en diagonale sur l’étagère centrale. Je me dis que ce serait bien de pouvoir leur trouver une vraie place quelque part, mais l’idée est vite balayée par ma très grosse tendance à mettre le bazar un peu partout.
Mes yeux se portent sur l’étagère la plus haute, qui accueille bien gracieusement mes petites cocottes noires. C’est parfait pour les petites salades de fruits que je prévois pour le dîner. C’est vrai que j’en ai acheté un peu beaucoup. Six cocottes, idéal pour un repas avec des invités, mais très peu pratique pour notre petit duo. En plus, elles prennent quand même beaucoup de place. Bon, ma moitié a eu la bonne idée de les entasser les unes sur les autres, ce qui limite leur expansion dans l’espace. Bon, il m’en faut donc deux.
Je me mets sur la pointe des pieds, les bras tendus vers le haut, et là, une sirène d’alarme retentit dans mon esprit. Attention, danger !!! Une alarme incendie dans les oreilles, un gyrophare rouge devant les yeux, et pourtant, je n’ai pas le choix, il me faut ces cocottes. Je m’étire au maximum pour les atteindre. Je les touche du doigts. Mais à peine les ai-je en main que la colonne de cocottes se met à vaciller. Elles se cognent les unes contre les autres. Je sors ma langue, comme une enfant qui fait un effort. Mes muscles semblent se cimenter. Mes courbatures se réveillent. La colonne, qui a un air de la tour de Pise, menace de s’écraser sur le sol. Ma main gauche remonte en haut de la colonne pour tenter de la maintenir. Mais, en l’espace d’un dixième de seconde, la plus haute des cocottes semble s’expulser dans les airs. L’ustensile rebondit. D’abord sur mon front. Je me dis que je vais avoir un beau bleu, et qu’il va jurer avec la coloration que je vais faire Samedi. Puis mon bras gauche, ce qui me fait jurer intérieurement. Ensuite, arrive une seconde suspendue. Plus de bruit de vaisselle, un silence. Peut-être la cocotte s’est-elle arrêtée dans sa chute ? Un silence brisé par une nouvelle succession de rebonds. La poubelle en inox. Mon pied. Puis le sol. C’est la chute. La casse.
Je ferme les yeux, me maudissant du fond du cœur. La colonne de cocottes, maintenant stabilisée se retrouvent à bonne hauteur, enfin posée sur le plan de travail, mais mes yeux se portent sur les dizaines de débris de céramique à mes pieds.
Bref, j’ai cassé de la vaisselle.
Aurélie says
Le genre de mésaventure auxquelles malheureusement nous sommes tous confronté un jour ! En tout cas j’ai beaucoup aimé ton style d’écriture. Un super article. 🙂