Les minutes passent, les heures passent, et les gens trépassent. Ils s’abandonnent à l’ennui mortel du mois d’août, se perdent dans des rêves éveillés, parfois agités par des sursauts de prise de conscience. Les nouvelles les plus dramatiques s’énoncent à la télévision, s’annoncent par les voix monocordes des speakers à la radio, s’affichent en gros caractères à la Une des journaux. Parfois, elles sont flouées par des nouvelles réjouissantes et légères comme les tissus que l’on porte en ce mois estival, en temps normal.
Tout passe dans une atmosphère aussi invisible qu’irréelle, parsemée d’ouate de coton, et de légères odeurs sucrées. Tels des enfants ne saisissant pas la réalité des choses qui les entoure tant qu’elle ne les touche pas au cœur, les passants savourent ces jours de répit et de silence qu’offre ce mois, unique en son genre.
Les esprits s’envolent, délaissant derrière eux leurs problèmes, leurs bagages aussi lourdes puisent-elles être. Elles restent ancrées dans un sol fait d’angoisse, et de peurs, fermées avec des sangles inviolables, codées par des émotions secrètes et intimes. Elles attendent sagement, ne pouvant ne se fier qu’à leur immobilité, le retour des mois agités de l’automne.
Quelques jours encore d’ennui, de calme, et d’innocence, s’offrent à eux. Le temps est incertain, les heures sont libérées des obligations des autres saisons. Les respirations se font plus lentes, les battements de cœur se font plus doux.
Qu’ils profitent donc de cette chance que leur offre l’année… et qu’ils ne trépignent pas d’impatience. Le temps du surmenage, des voix fortes annonciatrices de nouvelles anxiogènes, des lettres de réclamations fiscales des Etats en détresse, arriveront bien assez vite.
Mlle Toutouille says
C’est beau.
FleurDeMenthe says
Merci…
Christie Beauté says
Très beau texte ! 🙂