Je me souviens encore du discours de ma grand-mère le jour de mes 20 ans « Pause-toi 5 minutes, et dis-toi : j’ai 20 ans. Répète-le, intègre-le, car çà ne dure qu’une seconde dans une vie ».
A l’époque je l’ai écouté d’une oreille, un peu trop préoccupée par un sms qui n’arrivait pas, et de mes études qui me pesaient. Je me suis posée 5 secondes, je me suis dit que j’avais 20 ans… et j’ai soufflé mes bougies.
Je venais de quitter ma petite ville de province pour Paris. J’avoue avoir rejoint la capitale à reculons, pour la seule et excellente raison de pouvoir être avec mon amoureux plus souvent. Et finalement, je l’ai découverte chaque jour un peu plus, et elle m’a fait succomber. Les rues animées, les façades haussmanniennes, les bus à toute heure, le métro toutes les cinq minutes, des visages par milliers, le bruit omniprésent qui sonne comme une douce musique, toutes sortes de commerces au coin de la rue, la vie à pied, plus de voiture, des dimanches passés à explorer la ville sous toutes ses coutures, les sorties du weekend, la découverte du théâtre, les concerts à portée de main, le travail en ébullition, les chanteurs du métro, l’accordéon dans les wagons, l’impression d’être dans un tourbillon fougueux chaque matin collé-serré avec des inconnus…
Tout me semblait plus fou, plus coloré, plus animé, plus réel. J’avais 20 ans.
Et voilà que la trentaine arrive. Je la voie au bout de l’année, qui me fait de grands signes. Je ne suis plus la même. La vie en région parisienne m’échappe. Je ne comprends plus les avantages qui me faisaient sautiller sur place il y a encore quelques années. Jeune maman, la vie en ville me paraît chaque jour un peu plus compliquée. Un peu plus impossible. Comme en province, il faut au minimum 20 à 30 minutes pour rejoindre le supermarché ou une boutique de bricolage. Quant au shopping, la vie en banlieue avec un enfant, me propulse dans les centres commerciaux, plus proches, et plus accessibles. Aller dans Paris avec un bébé, en transports en commun, relève du parcours du combattant, que ce soit avec une poussette ou un porte-bébé : des escaliers partout, le dos en compote, les souterrains infinis, et la foule m’ont complètement dégoûtée.
J’ai récemment tenté de rejoindre le centre de Paris avec la voiture. La petite fleur dormait paisiblement dans son siège-auto, et j’avais enfin de l’espace autour de moi. C’est mieux. Bien mieux si on ne prend pas en compte les bouchons intempestifs qui peuvent transformer un trajet de 30 minutes en un calvaire de 2 heures.
Où que l’on soit, la foule envahit tout l’espace. Mes tripes se serrent et la nausée me prend.
Et les arbres… qui se comptent sur les doigts d’une main autour de moi.
Et le soleil… qui s’échappe dès 15h à l’angle d’un immeuble.
Et les amis… aussi loin où que l’on soit.
Et l’herbe… sur une motte de béton, avec quelques jouets pour enfants entre deux immeubles.
Le coeur en vrac et la gorge serrée, je regarde ma petite fleur dans sa poussette, ses grands yeux bleu marine ouverts sur le monde.
Je me surprends à me plonger dans mes souvenirs d’enfance. Je prends des goulées d’airs à chaque séjour dans la famille, et je rentre avec un peu de terre au fond des poches. Chaque souvenir est glissé sous mon oreiller pour venir bercer mes rêves. Les pâtures où que l’on soit. La mer pas loin. La vie dans l’à côté, loin du tumulte de la capitale. Les heures qui passent moins vite. Le vélo loin des pots d’échappements. Le ciel plus grand. Et le soleil qui se couche juste derrière la forêt.
Paulette says
Alors là je dis oui oui oui! Car je comprends tellement 🙂
Julie says
Et d’ailleurs, j’ai besoin de ton témoignage en perso 😉 La famille ne vous manque pas trop ?
Marie Kléber says
C’est vrai qu’on regarde la ville avec un regard nouveau quand on a un enfant. L’appel de la campagne se fait plus pressant.
Pourtant je ne me vois pas y vivre, mais bien y aller de temps en temps, pour recharger les batteries, reprendre des forces et retrouver la grande ville, avec délice.
Julie says
Merci pour ton point de vue de citadine !
Mon problème actuel, c’est que je ne retrouve même plus la grande ville avec délice… Le seul truc positif, c’est qu’on y est tous les 3.
Marine says
J’aime cet article parce que je me retrouve aujourd’hui dans la situation un peu inversée. Nous habitons en banlieue parisienne mais mon homme est muté en province, nous allons donc bientôt déménager au bord de la mer. Ayant vécue toute mon enfance en province, y déménager était quelque chose que j’envisageais lorsque j’aurais des enfants. Mais agrandir notre famille n’est pas encore d’actualité et pourtant nous allons retrouver la campagne (de manière un peu forcée…), alors je suis un peu anxieuse et j’appréhende la vie qui nous attend là-bas. Va-t-on pouvoir se passer de la ville ?!
Et pour vous, un déménagement en province est-il envisageable ?
Julie says
Oh ! De toute façon, ne souhaitons-nous pas toujours ce que nous n’avons pas ? Hihi
Je crois aux signes, il y a sûrement qqch qui vous attend là-bas 😉 nous, on guette le signe et l’opportunité qui nous guidera ailleurs 😉
Blog du Dimanche says
Bon… alerte point sensible ahah ! La fin de ton billet m’a émue aux larmes. Je ressens tout comme toi, VRAIMENT. Je suis réellement obsédée par un départ, mais les opportunités ne se présentent pas.
Courage, j’espère que tu trouveras une solution ! <3
Julie says
Moi qui t’imaginais citadine à 150% !
On guette les opportunités… Je bosse dans une grosse entreprise, avec des possibilités partout, mais ma carrière n’est pas le pilier professionnel du foyer. L’amoureux bosse dans un domaine très parisien, le marketing « digital », et il adore son boulot même si il aimerait partir aussi… Alors on guette les opportunités et on réfléchit à un compromis…
Les signes !! Il faut être vigilant, je croise les doigts pour que tu trouves le chemin vers ce tableau de vision 😉 Je te le souhaite à 2000%
annie says
très joli texte. je suis arrivée à Paris quand j’avais 20 ans, il y a 11 ans ! je me pose aussi des questions, sur une vie meilleure. j’attends de terminer ma formation, et ensuite on verra 🙂
LuluLutin says
Je comprends tellement! Moi j’ai choisi de partir avant la trentaine, et je retrouve avec joie la capitale lors de visites familiales! Et je ne regrette pas mon choix, même si s’exiler loin de sa famille n’est pas facile, j’aime tellement ma vie depuis que je suis en province, et j’ai la chance de vivre dans le sud alors le beau temps ne gâche rien! Courage à un moment ou un autre une opportunité s’offrira à vous!
Mamanchloe says
Article qui me touche 🙂 Ici on veut faire le grand saut et passer de la vie en ville à…la campagne ! Car la vie ici nous correspond de moins en moins. Alors oui jz changement ne se fait pas du jour au lendemain mais il faut ld préparer en douceur. Suis tes envies et j’espère que tu trouveras quelque chose qui vous convient mieux 😉 Bises.
Laurette Flechette says
C’est décidément une épidémie… La vie me semble bien morose vu d’en bas tout là haut… Le contexte un peu spécial de ces dernières années doit forcément peser dans la balance… Vivre « en province » reste forcément un changement de vie avec du bon et du moins bon, comme pour tout en fait je crois… Ce qui est sûr c’est qu’il faut s’écouter sans trop réfléchir parfois sinon on se cantonne à une vie qui ne nous convient plus jusqu’au jour où le changement finit par se produire de grès ou de force… Et nous sommes tous d’accord pour dire que dans la mesure du possible mieux vaut de grès… Que de force Je te souhaite d’atteindre ce que tu espéres en tout cas et je t’envoies toutes mes ondes positives pour cela ! Bisettes provinciales du Sud ouest ou il fait bon vivre !
Miuu says
Très bel article pour moi qui voyait Paris depuis toute petite comme un rêve américain et qui rêve aujourd’hui de l’opportunité parfaite pour que monsieur et moi on s’en échappe. Pourtant Paris je l’ai quittée et j’y suis revenu malgré tout ( par amour pour un homme moi aussi). Elle a ce je ne sais quoi de » je t’aime moi non plus » et ma partie n’est pas terminée…
Mistigriffe says
Pas parisienne mais citadine… et j’en ai super marre également, juste un rêve : retrouver la campagne de mon enfance …