Depuis plusieurs jours, le sujet de l’impuissance des femmes me taraude. Je le touche, le retourne en tous sens, et je saisis ce soir le clavier pour donner à ce sentiment difficile un support concret.
Elles s’appellent Elodie, Clémentine, ou Agathe. Elles ont le prénom de votre mère, celui de votre grand-mère, celui de votre fille, votre prénom, le mien… C’est peut-être votre voisine, votre amie, vous. Toutes les femmes rencontrent un jour une situation dans laquelle elles se sentent petites, impuissantes, sans armes. Des situations, qui s’imposent de plus en plus au fur et à mesure que les vies deviennent de vraies environnements indépendants.
La peur de la maîtresse s’efface pour la place que demande l’angoisse de l’entretien d’embauche. Le premier baiser adopte un goût de passé une fois franchie l’étape du premier grand amour et des expériences qui vont avec.
Pourtant, lors de notre entrée dans la vie active, fortes de l’indépendance que nous offre la France, on veut se sentir puissantes, assumées. On veut se battre et rester debout quoique il arrive. Oublier les larmes des chutes dans la cour de récréation, et la spontanéité adolescente et immature qui peut se révéler difficile à contrôler à l’écoute d’un ton plein d’outrecuidance.
Alors que l’on croit que les hommes et les femmes, dans ce monde merveilleux des pays développés, sont tous égaux ; on affronte, et on apprend.
Le monde du travail peut présenter bien des embûches. L’idée fixe de réussir et de ne pas pleurer devient obsédante, et tout çà pour devenir adulte.
Il peut arriver tant de choses à chaque minute de l’existence, que ç’en est torturant d’y penser. J’ai appris ce matin l’existence du manifeste des 313 lancé par Clémentine Autain. Féministe engagée, figure politique connue, Clémentine Autain est une femme violée qui veut ouvrir la voix de la parole aux femmes bafouées, brisées. Elle a toute mon admiration.
Comment on se situe par rapport à ces témoignages, cette initiative ?

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Je suis scandalisée par toute cette culpabilité portée sur les victimes de violences. Combien sont-elles à n’oser rien dire parce que le mot est trop douloureux ? Pourquoi doivent-elles signer un manifeste pour montrer qu’elles existent, alors qu’une femme est violée toutes les 8 minutes en France ?
Pourquoi, sans pratiquement jamais relever la tête, les gens se contentent de regarder au travers l’encadrure de leur fenêtre des comportements incompréhensibles, inacceptables ? Il paraît que les temps d’aujourd’hui permettent aux femmes de mettre des décolletés sans craindre des regards accusateurs. Il paraît…
Cela fait plusieurs fois que je confronte le regard des autres sur des sujets comme le viol, les agressions sexuelles, le harcèlements, ces mots que l’on a du mal à associer à des situations lorsque c’est à nous que çà arrive. Ces autres, à qui rien ne semble être arrivé, veulent imposer leur vérité sur des faits qu’ils ne connaissent pas.
» Un patron qui te harcèle ?
Faut pas confondre les plaisanteries grivoises avec du harcèlement ! Et puis, les petites jeunes sans scrupules, prêtes à porter des accusations non fondées : çà court les rues à notre époque ! »
« Ces jeunes violées en soirée ?
Tu crois pas, qu’après avoir trop bu, elles ont aguiché leurs amis, et lancé des signaux ? Il faut pas qu’elles viennent se plaindre… »
Des mots qui paraissent violents, et courent pourtant les rues ! Je les ai entendues, je les entends encore…
Un mot à tout çà : merde ! Les femmes ont encore du chemin à parcourir…