Hier, je suis entrée dans ta chambre, te devinant à peine dans la pénombre. J’ai glissé un doigt dans tes cheveux, effleurant tes boucles naissantes. J’ai caressé la paume de ta main à peine posée sur le matelas. Tu as serré mon doigt. Comme si tu n’avais attendu que lui pour plonger dans un sommeil profond. Comme si tu n’avais attendu que moi.
Ce soir, il est 22h quand j’entends des pleurs venir de ta chambre. Déjà plusieurs minutes. Peut-être dix minutes que tu râles dans ton lit. Ce ne sont pas des pleurs venus du fin fond de tes rêves. C’est plus que ça. Ta voix est appuyée, et tes pleurs semblent au bord du désespoir. Quand j’entre, je te trouve assise dans ton lit, les yeux larmoyants et les joues rougies. Une odeur nauséabonde embaume la pièce. Je glisse une main sur ton front. L’inquiétude me gagne. La chaleur semble sortir de ton t-shirt par vapeur. La fièvre.
Je change ta couche encombrée et fait glisser une dose de Doliprane dans ta bouche. Je te découvre et te donne un biberon d’eau. Bientôt, nous voilà toutes les deux installées dans le grand fauteuil. Toutes les deux dans le noir. Moi qui chantonne faux, et chuchote comme une amoureuse secrète. Et toi. Toi, ma toute petite. Les cheveux humides, le visage enfoui dans ta peluche, et l’oreille collée tout contre mon cœur. Ta respiration est forte et rapide. Ton nez te gêne. Tu es parfois saisie par une quinte de toux. Je me sens démunie. J’aimerais faire plus. J’aimerais qu’il te suffise de saisir à nouveau ma main pour que tu plonges dans un sommeil paisible. Tu es si fatiguée. Tu tombes de sommeil. La lutte qui t’anime est difficile. Tu es sans cesse surprise par tantôt la toux, tantôt ton nez qui te gêne. Tes mains sont froides. La fièvre est toujours là, prête à baisser. Prête à te laisser quelques heures de répit.
Voilà, je vis ton premier gros rhume de l’hiver. Les nuits compliquées et le sommeil haché. Ton premier gros coup de massue. On se rassure mutuellement. Je caresse ton dos au rythme d’une respiration profonde et sereine.
Et tu t’endors doucement sur moi.