Des plumes d’acier couvertes d’une encre colorée. Violet, turquoise, rouge, marron, bleu, noir, vert, magenta, nul besoin de stylo quatre couleurs .Voilà comment a commencé ma grande histoire d’amour avec les stylos, et l’écriture. Chaque année, chaque mois de septembre, une nouvelle plume rejoignait les autres, jusqu’à ce que rien d’autre ne puisse entrer dans ma trousse. Sauf… Des bouchons fendillés raccommodés avec du scotch. Sauf… Quelques cartouches conservées pour leur bille. Un beau cadeau qui allait de paire avec ma tendance à jubiler à l’approche de la rentrée.
Et puis, le temps est passé. Certaines plumes se sont grippées, d’autres se sont cassées, certains réservoirs d’encre se sont bouchés. Toutes se sont abîmées avec le temps.
J’ai toujours pensé qu’écrire à la main nécessitait de choisir la bonne plume. Rien de tel pour casser l’inspiration qu’une plume mal choisie, qu’une couleur mal adaptée. L’écriture au clavier ne remplacera jamais l’écriture manuscrite, aussi brouillonne soit-elle. Comme une collégienne, j’ai toujours au fond de mon sac, une trousse remplie d’une vingtaine de stylos, tous différents par leur couleur ou leur pointe. Une vraie collection dont je me sépare pratiquement jamais.
A l’aube de la rentrée, sous les néons agressifs du supermarché, après avoir passé vingt minutes à calculer et comparer le prix d’une couche et étudier les composants des lingettes nettoyantes, mes pas m’ont menée là où je ne devais pas aller… Je n’avais pas ma place au milieu des parents stressés par la liste fournie par l’école, ni au milieu des adolescents hésitants devant le choix de leur agenda. Pourtant, c’est bien devant les stylos-plume que je me suis arrêtée… Des souvenirs m’ont fait sourire, et j’ai vite retrouvé mes travers de l’époque. Enceinte de presque huit mois, je suis donc passée à la caisse avec mes courses, mes couches, mes lingettes, tous posés sur le tapis. Le stylo dans la main, la lèvre mordue… Hésitante… mais pas trop longtemps.