Les affinités au bureau, ça ne pardonne pas. Aussi gauchement, autant rapportées et transformées que dans la cour de l’école primaire, le groupe est très fort pour anticiper, juger le moindre échange de regards, le moindre effleurement de peaux. L’amour vient bien loin derrière les fantasmes de chacun, entre photocopieuse et local des archives. Chacun y met son grain de sel, apporte son rouage au mécanisme de cancans propre à l’entreprise.
C’est un fait de soupçonner, de donner du crédit aux rumeurs. On s’en amuse, on hausse les épaules, certains choisissent de se détourner de leur mascarade qui n’amuse plus, quand d’autres s’accrochent à leur idée comme on ils regarderaient les feux de l’amour, guettant la moindre erreur, le moindre faux pas. Tels des fous qui envoient toujours plus de jus dans les rumeurs et se gargarisent de répandre leurs découvertes. Finalement, le feuilleton bien qu’habituel tient tout le monde en haleine quoi qu’on dise.
Depuis un an, ils se taisent. Depuis un an, ils se font la bise chaque matin à l’arrivée au bureau. Depuis plus d’un an, ils se taquinent, se donnent des tapes dans le dos, se piquent de phrases bien choisies. Depuis le début, ils font l’objet de rumeurs, d’observations, de clins d’oeil appuyés et de petites allusions un peu lourdes. Avec les mois, les taquineries sont devenues des habitudes et les rumeurs de jolis contes, sources alimentant toujours autant les blagues grivoises.
Depuis un an, ils repoussent tout ça d’un geste de la main comme on chasserait une mouche un peu trop envahissante. Il arrive qu’ils rebondissent sur les allusions gonflant les idees de chacun, ajoutant du cocasse. Depuis un an, ils jouent les collègues qui s’adorent pour mieux se cacher.
On rigole, on écoute les rumeurs, on se dit que ça ne nous regarde pas. Et un jour, on tombe sur la preuve indiscutable. Le voile est levé, plus de bruits, plus de suspicions, on se retrouve seul face au secret d’une histoire d’amour aussi belle que surprenante malgré tout. La vérité nue, brute. Pas d’histoire d’un soir, une histoire d’amour vraie, véritable.
Depuis un an, ils suivent une ligne de route rigoureuse, évoquant des petits amis, des voyages, mais jamais en présence de l’autre, sans jamais nommer de noms.
Des vies inventées, des existences feintes, pour mieux se protéger…
maviedebrune says
Je connais tellement ça …. !!!!!!! Les vies inventées, etc… Pour ma part, j’ai toujours eu du mal, mentir, faire semblant de… !
Courage !
Bises