Me voilà avec deux paires d’escarpins tout frais, tout neufs. Des chaussures à talons hauts, qui me chuchotent des promesses farfelues. Et je me laisse séduire. Comme Cendrillon, une part de moi croit parfois qu’en glissant le pied dans une jolie chaussure, le monde s’illuminera de mille étoiles. Au vu du nombre de chaussures qui occupent mon placard, il m’est forcé d’admettre que le fantasme est loin de la réalité. Oui, mais.
Oui, mais je n’avais pas encore eu d’escarpins. J’ai bien eu des chaussures pour faire bonne figure à un mariage il y a dix ans, et que j’ai enlevé de mes pieds au bout d’une heure tant elles me torturaient. Il y a eu aussi celles, un peu trop grandes, qui s’échappaient sans cesse de mes pieds dans les escaliers, et qui ont fini égarées entre deux déménagements.
Là, je vous parle de l’escarpin qui vous chuchote à l’oreille des mots doux, qui transforme votre reflet dans le miroir, qui donne à n’importe quelle robe ou pantalon, le petit truc en plus. A l’approche affolante des 30 ans, on entend les sirènes de l’âge adulte qui nous sifflent dans les oreilles. Le diktat de l’apparence qui nous impose l’image de la trentenaire, confiante, souriante, débordante d’énergie, très à l’aise sur ses talons de 10 centimètres.
A 30 ans, une petite voix nous glisse à l’oreille qu’il est temps de quitter les baskets, de laisser tomber les barrettes dans les cheveux, de mettre enfin du rouge à lèvres, et de se glisser sur des échasses. Bref, il est temps de ressembler à notre mère. Alors voilà. Je peux bien prôner la liberté de choix, la liberté de pensée, la liberté de la femme, je cède aux sirènes de la mode, aux sirènes de l’apparence, bien entretenues par Cristina Cordula.
Enfin, juste pour quelques heures par ci par là, car hors de question de laisser mes baskets au placard. Elles sont toujours à mes pieds, pour les courses, pour aller à la gare, pour aller chez la nounou. Les escarpins, eux, sont bien rangés ans leur boîte à chaussures, prêts à être enfilés et faire des étincelles au bureau en semaine, et en sortie le weekend…
Les étincelles de l’apparence. Les étincelles de la trentaine, quand ça me chante, quand ça me branche.
Après tout, au fond, je suis encore une adolescente : j’ai encore un appareil dentaire !
Marie Kléber says
C’est vrai que dès qu’on prend quelques années, on attend de nous un certain style. Parfois c’est agréable. Et puis parfois on préfère nos basiques, plus stables. Moi ce sont mes ballerines que je n’arrive pas à quitter!