Quand je les ai vus, je ronchonnais comme une adolescente.
J’étais dans un coin de la station de RER, sans réseau, sans le courage d’ouvrir mon livre dont je n’ai lu que la première page, et dépitée devant l’annonce de l’arrivée de mon train dans 18 minutes. Alors je ronchonnais. Je peux partir comme une fusée du bureau, courir comme une idiote à l’instar de tous les coureurs des souterrains, j’arrive toujours sur la passerelle avec devant moi ces 18 minutes à attendre.
Je m’embourbais dans mes soucis routiniers, le sourire à l’envers, et le soupir facile.
C’est là que je les ai vus.
On ne les croise pas si souvent que çà finalement. Certains disent qu’ils s’habituent à croiser des militaires, des policiers, des gendarmes. Certains disent que c’est devenu un élément du paysage. Certains se demandent même, à voix haute, s’ils servent bien à quelque chose.
Et bien moi, je ne m’habitue pas. Et croiser les gendarmes à Paris, dans les transports en commun est une chose qui ne m’était encore jamais arrivée.
Ils étaient trois. Les traits du visage tirés, la mine sérieuse, la démarche assurée, et le pas lourd. Habituellement, mon regard s’arrête sur leurs armes. Un sentiment proche de l’angoisse naît au fond de moi, et mon visage s’empourpre. Je baisse la tête, me concentrant sur le bout de mes chaussures. Ma gorge se noue, et je peine à déglutir. J’attends qu’ils passent, et sortent de mon champ de vision, souvent.
Pourtant, cette fois, j’ai levé la tête. Je les ai regardés. Je les ai même dévisagés, je l’avoue. Ils avaient le regard projeté dans un ailleurs qui nous échappe, un ailleurs plus grand. Quelque part, quelque chose qui va bien au-delà de nos petits soucis qui nous préoccupent. Les gendarmes, les militaires, les policiers, passent leurs journées à surveiller notre environnement, comme le feraient des parents pour un enfant. Ils voient ce que nous ne voyons pas. Ils guettent le danger, observent les visages, cherchent les anomalies dans le décor.
Je les ai dévisagés, et je leur ai souris. Un sourire timide, à peine une esquisse. Et derrière l’uniforme, j’ai entre-aperçu autre chose : deux hommes, une femme, des vies. Des vies que le quotidien met à l’épreuve chaque jour.
Marie Kléber says
C’est vrai que c’est étrange de les voir toujours et de plus en plus nombreux dans les rues, les transports en commun. Ce weekend j’ai quitté Paris et je me suis fait cette réflexion en ne voyant aucun Policier ni Militaire dans les rues d’Avignon. Comme si nous vivions dans deux pays différents.
Derrière leurs visages concentrés, il y a aussi un peu de nous, de notre quotidien.
vieille motarde says
Pourquoi avoir inclus un photo de la police polonaise ? Difficile de trouver une image de la police francaise, avec tous les faits divers et sordides en France ? 🙂
Julie says
Difficile de trouver une photo de la police française, non, mais libre de droits, oui… 😉 J’ai utilisé pexels.com