Il y a ce moment. Il y a ce matin. Il y a cet instant détaché du monde. Un chocolat fume dans mes mains. La musique s’échappe des enceintes du salon. Une note puis l’autre. Une mélodie sereine. Il est 7 heures du matin. Le ciel affiche grise mine. La pluie vient écraser ses gouttes sur les fenêtres de ma cuisine.
La nuit a été courte. Et pourtant, je me lève ce matin avec le cœur serein. J’ai envie de prendre le temps de chaque minute de la journée. Prendre le temps de faire sourire les gens dans la rue. Surprendre les clients avec un bonjour enjoué et musical. Prendre le risque de sauter dans une flaque d’eau et sentir l’eau s’infiltrer dans les chaussettes. Se moquer de moi-même.
Aujourd’hui sera une belle journée. Aujourd’hui sera une journée joyeuse. Rien ne le suppose. A commencer par ma moitié qui se lève et qui me glisse que le temps de dehors est affreux. De la pluie, rien d’autre ! Ce sera une belle journée, parce que je l’ai décidé.
Peut-être aurais-je encore des regards interrogateurs autour de moi. Certains afficheront peut-être leur habituelle mine condescendante, s’inquiétant à voix haute sur ma santé mentale. Et je leur répondrai alors avec un sourire plus large, un rire peut-être un peu forcé. Je sentirai sur moi cette étrange impression d’être différente, de ne pas être un exemplaire sage et conforme de la parfaite petite commerciale. Je suis une fille un brin perchée. Une originale parfois agaçante. Je suis cette fille un peu étrange dans le bureau d’à côté. Une fille qui affiche son grain de folie, sans complexes. Je l’expose comme un trésor, comme une enfant qui découvre qu’elle peut compter jusqu’à l’infini. Parce que la folie douce fait la vie. Elle se glisse dans le quotidien comme une douce aventure.
Elle libère du moule gris des âmes tristes.
Il y aura ce moment, cet instant où je serai fière. Fière d’avoir glissé un peu de paillettes dans des regards assombris par la peur et l’ennui. La vie revient in extremis allumer les feux d’un peu de bonheur. Une seconde, une minute, quelques heures. Quelques billes en plus dans la besace. Quelques couleurs de plus dans l’arc en ciel noir et blanc des lendemains d’effroi, des veilles d’angoisses. Un peu d’instant présent.
marie kléber says
Reste telle que tu es, un brin différente. Car c’est cette joie, cette fantaisie qui donnent des couleurs aux journée de pluie.
Elisa says
J’aime tellement ton article que je pourrais le lire des dizaines de fois…
Tu as une très jolie plume.
Julie says
Merci beaucoup pr ce joli compliment !
Jo says
Merci pour ce joli billet, je me sens moins isolée à être comme ça aussi, et c’est joliment mis en mots
Julie says
Je t’envoie mille sourires !