Vous connaissez la petite phrase « Tu comprendras quand tu seras Maman » ? Je vous vois, les futures mamans ! Vous levez les yeux au ciel, et vous vous dites « Oh non, pas encore !! ».
Comme vous, j’ai entendu cette phrase une bonne centaine fois. Elle m’a irritée au plus haut point bien des fois. Comme beaucoup de primipares, je campais sur des positions qui n’étaient que des fantasmes sur la parentalité. Je me suis permise de juger parfois les mamans dans leur comportement avec leurs enfants, et même donner mon avis et des conseils à certaines amies mamans. Il est clair aujourd’hui que je brillais par l’absence absolue d’expérience. Auprès de celles qui me liront et qui se reconnaîtront, je vous fais mon mea culpa…
Toutes ces choses que j’ai pensées, toutes ces phrases que j’ai lancées, toutes ces idées sur l’éducation que je m’étais faites, tous ces regards entendus échangés avec ma moitié, qu’en ai-je fait aujourd’hui que je suis Maman ? Où en suis-je ?
La maternité nous fait grandir d’un coup. Je me revois, jeune et insouciante.
Inexpérimentée, et inconsciente !
Voici la liste des quelques-uns de mes fantasmes de primipare vs ce qu’il s’est vraiment passé en réalité.
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Mythe n°1 : « Elle n’aime pas les brocolis ? Tant pis, tu lui donnes rien d’autre ! Comme si elle allait toujours avoir le choix dans sa vie ! «
J’ai dit cette phrase à mon mari, qui annonçait qu’il ne forcerait jamais sa fille à manger des légumes. Je l’ai dit aussi à une amie maman, dont la fille refusait de dîner le soir.
Aujourd’hui, je peux dire que j’ai vécu quelques repas orageux. Des repas à base de coups de poignets dans la cuillère, d’envoi de purée dans les airs, de bouche irrémédiablement fermée, mais aussi de pleurs désespérés avec sur la langue de la purée menaçant à tout moment d’être éjectée.
Et en réalité ?
Je n’ai pas insisté pour qu’elle mange son repas, au-delà de mon index relevé et de ma grosse voix lancée une ou deux fois. J’ai appris que la fatigue pouvait jouer. Une absence de sieste matinale qui se fait sentir. L’arrivée de la sieste de la mi-journée qui se fait lourdement attendre… J’ai parfois gardé le repas et l’ai resservi le lendemain, où tout s’est très bien passé. J’ai parfois préféré tout jeter (artichauts ou autre repas peu ragoûtant) pour lui servir une compote bien appréciée…
Mythe n°2 : » Hors de question de lui mettre des Pampers ! C’est plein de cochonneries et de produits toxiques ! J’utiliserai des couches lavables ! »
Je me revois encore, deux mois avant mon accouchement, dans cette boutique du sud de Paris, à poser des questions sur les couches lavables. J’étais obnubilée par la masse de couches sales qui s’accumulerait sur notre belle planète par ma faute, et par la faute des fesses sales de ma fille…
Et en réalité ?
Ma fille a principalement des Pampers. Aïe ! C’est principalement à cause du manque d’accès à d’autres marques de couches, et au budget du mois. Les Pampers sont accessibles peu importe où vous vous trouvez !
Cependant, je n’ai pas réussi à faire taire ma culpabilité. J’alterne donc avec des couches écologiques, limitant les produits toxiques et les déchets. Je les commande sur bebeaunaturel, et ai une préférence pour les Pingo (les plus imperméables) et les Naty (en journée). J’opte également pour les cotocouches à ajouter aux couches de ce type pour éviter les débordements nocturnes.
Et les couches lavables alors ? Je n’ai gardé que la culotte imperméable avec laquelle je couvre la couche de ma fille pendant les nuits chaudes ou même en soutien sous certaines robes… Je n’ai jamais osé lui mettre la couche lavable ne serait-ce qu’une fois, craignant principalement les débordements et le nettoyage…
Mythe n°3 : « Tout mon temps libre sera consacré à mon bébé. Qu’est-ce qui compte plus que son bébé quand on est maman ? »
Je l’ai dit. Ou pensé très fort, notamment, avec une amie qui mettait sa fille à la crèche alors qu’elle avait pris sa journée. Je ne comprenais pas. Comment pouvait-on éviter de passer du temps avec son enfant ? Le temps passe si vite qu’il me paraissait impensable de la confier à quelqu’un d’autre alors que moi-même je serais libre.
Et en réalité ?
Je profite de chaque instant avec ma fille. Mais j’ai aussi découvert que devenir maman, ce n’est pas renoncer à ses passions. Prendre du temps pour moi, pour courir, faire du sport, écrire, lire, est vital à mon équilibre. Et c’est la même chose pour le Papa. Ça demande un minimum d’organisation, mais c’est possible. Il faut guetter les petits temps de pause possibles où glisser un peu de ce nous qui continue encore de vivre… Alors je comprends, parce que devenir parent c’est renoncer à beaucoup de temps, des nuits sereines, des grasses matinées, et un grand nombre d’habitudes dont on n’avait plus conscience.
Mythe n°4 : « L’allaitement ? Ah non, j’ai absolument aucun déclic la-dessus ! »
Je n’ai jamais eu le déclic. Mettre mon tout petit bébé au sein, le jour de sa naissance ne me paraissait pas évident. J’ai même envie de vous dire que ça ne me semblait pas « naturel ».
Et en réalité ?
Bien qu’ayant pris de la poitrine pendant ma grossesse, je n’ai jamais pris conscience que mes seins contenaient du lait et qu’ils étaient destinés à alimenter mon petit bébé.
Avec le recul, et cette conscience de maman qui m’habite désormais, je pense que je serais davantage prête lors d’une deuxième grossesse. Mais pas encore convaincue…
Mythe n°5 : « Porter son bébé en écharpe c’est quand même magnifique ! Je vais le faire dès la naissance ! »
J’ai guetté les écharpes. J’ai guetté les cours pour savoir comment l’attacher. Porter mon enfant en écharpe à toujours été quelque chose, que j’ai voulu faire. J’y voyais une poursuite de la grossesse. Une nouvelle fusion maman-bébé.
Et en réalité ?
Malheureusement, je ne l’ai jamais fait. Par manque de confiance en moi. Par peur que l’écharpe se décroche. Par peur que ma fille ait froid (elle est née fin septembre).
J’ai préféré l’emmitoufler dans une combipilote et la porter en porte-bébé. J’ai mis énormément de temps à le choisir. J’ai fini par choisir Babybjorn, et je n’en suis pas déçue. Même si au début, malgré un porte-bébé adapté à son âge, je m’arrêtais tous les 10 mètres pour vérifier qu’elle respirait bien…
Mythe n°6 : « Jamais je n’utiliserai de lingettes ! »
Même idée de base que pour les couches. Ma fibre écolo prenait le dessus, et j’avais toujours cette image du tas de déchets laissé derrière moi par le simple fait d’utiliser ce genre de produits.
Et en réalité ?
J’ai en effet suivi mon point d’exclamation et n’ai pas de lingettes… à la maison. J’ai de petites lingettes lavables, dont je me sers quotidiennement et qui viennent en remplacement des lingettes et des cotons… enfin, en complément. Car, elles sont parfois toutes en train de tourner dans la machine à laver, et alors je me tourne vers les cotons. J’ai aussi des lingettes je l’avoue. Je tente de les limiter à la voiture, aux sorties, et aux vacances… mais parfois la tentation de la facilité est grande.
Mythe n°7 : « Hors de question que je parle bébé ! »
« Quand on devient Maman, on devient un peu idiot… » Je voulais l’éviter au maximum.
Et en réalité ?
Ma fille est très bavarde. Elle discute tout le temps. Je ne comprends rien. Mais j’adore lui répondre. Parfois, j’invente. Je lui demande ce qu’elle a fait chez sa nounou, et elle me répond son charabia. Parfois, elle se met à éclater de rire après m’avoir lancé une suite d’intonations pleines de profondeur, mais dénuées de sens. Et alors, je me penche sur elle, et je lui répond dans cette langue impossible. Ça m’échappe ! Et finalement, on se marre bien dans cette langue ! Est-ce que je deviens bête ? Non, je récupère un peu d’insouciance, et ça me fait du bien. Et qui dit que je ne nourris pas mon intelligence en m’adaptant à son langage ?
Mythe n°8 : « Je lui raconterai des histoires tous les soirs. »
L’image de l’histoire avant de dormir ne m’a jamais quittée. J’ai toujours pensé qu’il n’y avait rien de mieux que développer l’imagination pour avoir une nuit riche en rêves et un bon sommeil.
Et en réalité ?
J’ai bien commencé, dès qu’elle a commencé à montrer de l’attention à ce que je racontais. Tous les soirs, dans la lumière douce de sa chambre, je lisais tantôt un livre jeunesse, tantôt quelques pages d’un conte. Et puis, la petite fleur a commencé à davantage aimer le papier que l’histoire. Cela a commencé à compliquer la tâche. Mais j’ai tenu bon, passant d’une histoire quotidienne à quelques histoires par semaine. Et puis, finalement, c’est la fatigue qui a mis en pause ce petit instant de complicité. Voir la petite fleur frotter ses yeux alors que je change sa couche, ou la voir avoir tant de mal à soulever les paupières, ont eu raison du rituel. Elle file directement au lit pour le moment, sans passer par la case histoire ! Mais, cela reviendra.
Mythe n°9 : « J’emmènerai ma fille partout ! »
Ce n’est pas parce qu’on devient maman qu’on doit rester enfermée chez soi, si ? Je ne pouvais pas croire que c’est ce qui m’attendait une fois l’accouchement passé.
Et en réalité ?
Dès les premières semaines, je suis sortie tous les jours. Je n’ai pas eu peur du froid, ni des microbes. Je ne saurais l’expliquer, mais j’étais avide de lui faire découvrir la vie et le monde.
Je l’ai emmenée chez le coiffeur, au bureau, chez mon médecin, dans le train, dans l’avion, dans le bus, au restaurant, au café, au don du sang, au musée, au parc, en vélo, à la mer, à la piscine, en forêt, au marché, chez l’esthéticienne, chez l’ophtalmologiste, bref, un peu partout ! La chance que l’on a, c’est qu’elle est extrêmement curieuse, et toujours joyeuse. Il est donc très facile de l’emmener partout, avec le porte-bébé ou la poussette… (pour l’instant)
Mythe n°10 : « Je lui achèterai exclusivement des jouets en bois. »
Difficile de passer à côté de ce cliché de notre génération. Le plastique est décrié et devient la matière à éliminer de notre quotidien. Et quand on a des enfants, c’est avant tout à leur santé que l’on pense… et donc leurs jouets !
Et en réalité ?
C’est presque impossible de contrôler les jouets de son enfant. Il reçoit des cadeaux, va à la crèche ou chez la nounou, et est curieux de découvrir et d’apprendre. Il est bien difficile de trouver des jouets en bois éducatifs, musicaux, ou ludiques. Alors, on craque… Mais pas de culpabilité, car c’est bien trop beau de voir son enfant rire et s’amuser avec un jouet, quel qu’il soit !
Alors voilà, je suis loin d’être celle que je croyais devenir, mais je suis mon instinct. Un jour à la fois je tâche de prendre soin des petits bonheurs quotidiens…
Marie Kléber says
C’est normal on a beaucoup d’idées toutes faites sur la maternité, sur l’enfant à venir, sur nos envies aussi. Et puis la réalité prend le pas sur le reste. Et on fait au mieux. Car l’enfant n’est pas une image mais un petit être unique et libre!
La seule chose que j’ai encore du mal à faire c’est de prendre du temps pour moi (c’est là qu’un papa manque drôlement pour prendre le relais!)