Avoir adoré ce corps qui a porté la vie. Avoir caressé la peau tendue. Avoir tapé à la porte et attendu une réponse. S’être photographiée sans compter, sans complexes. Et ce sourire pour tout, à la vie qui s’annonçait, à tout.
Accueillir la vie dans la douceur de l’automne. Pousser et souffrir. Pleurer et sourire. Première nuit sur le fil, à écouter une respiration tout neuve. Découvrir et apprendre. Aimer et aimer encore.
Un corps libéré, des bras chargés d’amour. Un corps affaibli, un corps abîmé. Premier jour dans le miroir. Passer sa main sur un ventre vide. Glisser les doigts sur sa peau détendue. Y voir l’image d’un ballon dégonflé. Porter son bébé sans compter. Bercer, jour et nuit, les yeux grandis de mille étoiles. L’émotion aspire tout. Les sentiments remplissent tout.
Sauf ce miroir dans lequel se reflètent les jours. J’y croise le regard de la femme que je suis quelque part, ou celui de la jeune adolescente disparue. Des capitons, une peau flasque, un bourrelet, un double-menton, des joues plus dodues. Tâter, saisir, survoler. Chaque jour s’aventurer sur des chemins inconnus. Chercher celui qui me mènera à moi-même. Accueillir les traits nouveaux de la jeune maman. Trouver la femme derrière son visage. Guetter le lien qui les unira.
Les mois passent. Les traits fatigués effacés par des sourires lumineux. Inséparable de ce bébé qui grandit chaque jour. Sourire à la vie? Sourire au ciel. Sourire à la nuit. Sourire à tout.
Sauf à la balance, et ses chiffres immuables. Ils me narguent chaque jour, pour rire. 7, 10, 30 puis 60 jours, toujours le même nombre. Alors, au rythme des progrès de bébé, s’essayer à des efforts équivalents.
Quotidiennement, un jour à la fois. Une histoire de défi.
Se dépenser, nager, courir, sourire. Pousser un peu plus loin. De nouveaux objectifs. S’y approcher. Les atteindre. Petit à petit, la buée s’efface. Dans le miroir mon visage s’éclaire.
Jeune maman heureuse. Femme amoureuse
marie kléber says
Se retrouver après la grossesse prend du temps. Il faut se réapproprier son corps qui change, il faut aussi se donner le temps. Pas après pas.
Torhia says
Ta prose est merveilleuse, et je m’y retrouve tant !
Cristina says
Quel joli billet <3. C'est souvent un long chemin de reprenre possession de son corps et de l'aimer désormais avec ses défaults. Tu le dis si bien!