Elle apprenait à plonger, la demoiselle haute comme trois pommes et fière comme une enfant. En maillot de bain une pièce violet, elle s’appliquait à bien coller ses lunettes de natation roses à ses yeux pour expulser tout l’air avant de hisser à nouveau sur le rebord de la piscine. De son bonnet en silicone noir, s’échappaient quelques mèches de cheveux châtains, signe qu’elle n’en était pas à ses premiers sauts de la journée. Le visage rosi d’efforts contrastait gaiement avec le plaisir qui se lisait sur son visage, si bien qu’à chaque longueur où je lui tournais le dos, je n’avais qu’une hâte, la revoir s’améliorer dans ses plongeons. Je m’imaginais maman, encourageant mon petit bout à sauter la tête la première dans le grand bassin, alors qu’il est encore à l’abri au creux de mon ventre. Je revoyais les souvenirs de mon enfance passer dans une pellicule jaunie par le temps. Ceux d’un été en particulier, où je m’entraînais jusqu’à la fermeture de la piscine du camping pour réussir à plonger sans ouvrir les jambes une fois en l’air…
Cela m’apparaît toujours aussi étonnant de voir comme les vacances de mon enfance ont une incidence forte sur ma vie d’aujourd’hui. Pendant des années, depuis les premières vacances dont je me souviens, nous sommes allés dans le même camping. Aller chercher la caravane, monter l’avancée après plus de 10 heures de route, puis monter nos tentes, le tout en essayant d’être efficace et en tentant du mieux possible de ne pas laisser la fatigue prendre le pas sur l’efficacité. Tous, pourtant, ne rêvions que d’une chose : plonger la tête la première dans l’eau. Au fil des années, les plongeons se sont améliorés. Nos tentes ont grandi avec nous, et le camping s’est transformé en un vrai village.
Le camping 2 étoiles du début des années 90 a peu à peu évolué vers l’hôtellerie de plein air version 5 étoiles. Les emplacements de caravanes ont perdu peu à peu du terrain face aux mobilhomes et autres cottages nature. Pour les campeurs résistants, les sanitaires aux portes jaunes ont laissé place à d’immenses espaces lumineux dignes des meilleurs hôtels. La piscine qui accueillait les danses du clubs et les activités ludiques s’est transformée en un immense espace aquatique. C’est peut-être parce que le camping de notre enfance a toujours eu cette aura qui nous faisait nous sentir chez nous, qu’ils ont glissé vers le style Yelloh! Village. Les activités sportives et les animations quotidiennes se faisaient une place dans notre quotidien aussi naturellement qu’aller chercher du pain. Le camping était bien plus que ça, devenant un village où les habitués se retrouvent, et où les amitiés résistent aux années. C’est pas pour rien que les campings Yelloh! Village, présents en France, en Espagne et au Portugal, ont déjà été récompensés par le label best camping ou encore par le guide Michelin camping.
Encore aujourd’hui, nous sommes restés les enfants du camping et il nous arrive de rêver d’aller chercher nos tentes au fond du grenier. Planter des sardines, creuser une tranchée autour pour retenir la pluie et gonfler le matelas qui finira par se dégonfler de toute façon…
Revenir dans ce camping. Revenir fouler la terre de nos anciens emplacements, et finir par ne faire que les imaginer, car tout aura changé en 15 ans. Pourtant, j’en suis sûre, nous pourrons encore sentir les épines des pinèdes chatouiller nos orteils dans les tongs. J’aimerais encore traverser le camping sur le porte-bagages d’un vélo à la peinture rayée, et crier parce que le ciel se remplit de chauves-souris… Mais je ne ferais que parcourir les chemins goudronnés les pieds sur les pédales, au risque de me blesser la cheville avec une chaîne rouillée, en souvenir du bon vieux temps. Mon frère, quant à lui, passera peut être une ultime fois le guidon de son vélo, la tête la première, histoire de reprendre le fil de ces quelques chutes qui ont marqué son enfance…
Nous reviendrions alors sur les pas de notre enfance, avec l’âge de nos parents quand ils ont passé l’arche d’entrée la première fois.
Un pied dans le futur, le coeur dans les souvenirs.
Marie says
Bonjour,
Voi-là… c’est exactement ce que j’ai ressenti en retournant au Brasilia. La première fois, c’était en 1972 (si, si), puis il y a 2 ans en 2013. Il y a eu bien sûr l’effet wowww ! Quel changement. Mais malgré tout, j’ai retrouvé notre ancien emplacement, bien plus à l’ombre car les arbres ont poussé et les haies ont grandi. Cela a été une belle « séquence émotion ». Et puis le camping nous a tellement plu que nous y retournons là, dans 10 jours. Nous découvrirons les 2 nouvelles piscines ouvertes le mois dernier avec beaucoup de plaisir. Même si nous n’y sommes pas allés régulièrement, nous avons malgré tout l’impression de retrouver « notre coin de paradis ».
Je vous remercie pour votre article, qui m’a fait rêver. Je vous souhaite, ainsi qu’a votre enfant, de belles et nombreuses vacances au Brasilia.
Cordialement, Marie de Lyon.