La perversion n’a pas de visage.
La manipulation n’a pas de corps.
Certains diraient que c’est le Diable.
Mais comment saisir ce qu’est véritablement cette violence psychologique, sournoise, que les spécialistes appellent perversion narcissique ?
Certaines relations sont toxiques. Elles se révèlent même si nuisibles qu’il arrive un jour où on ne se sent plus être.
Chaque geste, chaque parole, chaque réflexe devient source de critiques, ou de reproches, de cet autre pour lequel vous respirez.
Ne plus savoir qui l’on est réellement, ne se voyant que dans le regard de cet autre.
Se perdre dans le marasme de sentiments exacerbés que projette cet autre qui dit vous aimer, ou vous détester, selon les jours.
Cet autre qui alterne dépendance et rejet.
Cet autre auquel vous vous accrochez, parce que quelque soient ses mots, ses humeurs, ses colères, il y a entre vous un sentiment d’une extrême puissance.
Peu importe les humiliations, tant que vous pouvez encore sentir son odeur, être dans ses bras.
Ce sentiment si intense que vous le nommez très vite Passion. Plus tard, vous y accolerez l’adjectif Destructeur.
Etre dans une situation de dépendance, être devenue l’objet d’un autre, qui sait qu’il peut vous utiliser à son profit.
Cet autre qui n’hésite pas à se rendre séducteur et affectueux dès qu’il se sent trop seul.
Cet autre qui minimise vos succès car ils lui font de l’ombre.
Cet autre qui n’hésite pas à remettre en question vos idées en groupe.
Cet autre qui critique vos quantités de nourriture, vos amis, votre famille.
Tout ce que vous avez construit autour de vous prend une toute autre couleur, perd de son sens.
Comment sortir de cette tornade mêlant addiction et envie de fuite, mélangeant souffrance et sensation de bonheur ?
La culpabilité fait son oeuvre, vous rendant impuissante, passive, faible.
Ne fais pas ci, ne dit pas çà, parce que quand tu es comme çà, tu gâches tout.
Tout n’est qu’illusion autour de toi.
Personne n’est ton ami, tu n’as que moi.
Tu es nulle, tu ne sers à rien.
Arrête d’être comme ci, arrête d’être comme çà.
Tu te ridiculises.
La culpabilité, les remises en question perpétuelles, la sensation d’être sur un fil prête à s’effondrer à la moindre bourrasque de vent que les autres ne verront pas. Remettre en question ses idées, son caractère, ses réactions, sa façon de manger, ses goûts. Se perdre.
Pour quelqu’un qui vit, ou a vécu ce genre de relation, il est difficile d’y associer cette idée de « perversion », si assurée. Une relation toxique, quelle qu’elle soit, renferme tant de comportements différents, a tant endolori notre jugement, qu’il est impossible d’y accoler un mot. Toute relation toxique est indéfinissable par celui qui subit, ou a subi.
Même des années plus tard, le souvenir est toujours intimement présent. Une telle influence psychologique ne peut que s’être incrustée dans une personnalité. Elle ne part jamais totalement, semble-t-il, utilisant quelques moments de faiblesses pour reprendre quelques forces sur l’esprit qu’elle hante toujours. Ecrire est le meilleur moyen de garder ces souvenirs intacts, protégés de tout ravage du temps qui pourrait les adoucir.
Seuls les autres peuvent tirer hors de l’eau une personne qui se noie dans une relation toxique.
Seuls les autres peuvent agir.
Seuls les autres peuvent dénoncer ce type de relation, parce qu’une fois dedans, on ne voit plus, on ne sait plus, on se perd.
Source image :
weheartit.com
Inspirations :
bebarock.com
Le Nouvel Observateur
SweetLilyBrown says
On sent que tu parles d’une relation « amoureuse » et pourtant j’y ai vu mon père dès les premières lignes…
Je suis un peu sous le choc donc… merci.
FleurDeMenthe says
@sweetlilybrown : Cela ne concerne pas que l’amour, mais aussi la famille, le travail, … toute relation en fait…
Olivia says
Dedans, on ne voit plus, on s’y perd. Voilà, je suis en larmes. Même si ça n’a pas été à ce point, même si j’ai mis des années à m’en rendre compte. Mais on peut s’en rendre compte seule, aussi. Et on peut cesser d’aimer. Et on peut partir. Pour se sauver. Bientôt la fin.
Julie says
Tout à fait l’ancienne relation que j’ai vêcue il y a deux ans, il m’a fallut un électrochoc personnel et familial pour enfin reprendre le dessus après avoir eu des séances de psy, des médicaments etc mais rien n’y faisait…
Ces personnes ont une influence inimaginable sur nous et nous sommes de parfaits jouets….
Je ne souhaite à personne de connaître ça car il faut trouver le courage de dire MERDE et peu y arrivent !
Machenka says
Jolie plume, sujets touchants, bonnes questions… tu as un chouette blog, que je suis heureuse de découvrir via Hellocoton 🙂 !
Magali says
On arrive à mettre fin dans ses relations quand « on » a fini par tout gâcher, il y a un moment ou on est allé au bout, il faut se rendre à l’évidence. Et pourtant même une fois partie, on a toujours envie de revenir, de revivre cette soit disant « passion » même si on a plus eu mal qu’autre chose.
Pour ma part je vis beaucoup de relation comme ça.
FleurDeMenthe says
@Magali Je ne pense pas que l’on parle du même genre de relations. Les relations amoureuses perverses ne sont pas de simples relations passionnelles mais bien plus graves et que l’on pourrait qualifier de « traumatisantes ».