Je vis depuis des années avec elle. Elle est toujours dans mon ombre, prête à en sortir à la moindre légèreté, prête à m’assommer à la moindre impulsion. Chaque acte que je fais, chaque mot qui sort de ma bouche sont susceptibles un jour de venir me hanter. A cela s’ajoutent chaque dépense que je fais, de savoir si je pense, si je suis, si j’agis du bon ou du mauvais côté, si ce mes achats sont des dépenses utiles ou futiles. Chaque instant de vie semble subir le jugement d’une partie de moi qui peut s’abattre à tout moment sur ma conscience, de quelques minutes à quelques années plus tard.
J’ai parfois la sensation d’avoir auprès de moi cette voix puissante qui pousse à tout remettre en question, une voix capable de réduire à néant le peu de confiance que j’ai en moi, me chuchotant dans le creux de l’oreille les mots les plus sombres. Il s’agit d’une voix qui aspire l’énergie la plus négative pour se renforcer encore un peu plus. Chacun d’entre nous la connaît. Chacun s’efforce de la taire pour essayer d’aller de l’avant. Certains arrivent parfaitement à s’en détacher, ne comptant que sur eux, quand d’autres se laissent envahir par elle.
Parfois elle est si forte qu’elle créé autour de moi un champ magnétique de tristesse. Mon visage n’a plus aucune lumière même après le maquillage, et ma voix semble s’éteindre à petit feu. Des baisses de régime que je ne suis pas toujours capables d’expliquer, car personne autour de moi ne comprend comment je peux complexifier l’existence avec autant de ressac de souvenirs. Je peux pendant des heures sentir une chaleur étouffante m’envahir et revoir un souvenir de quelques minutes plusieurs fois en boucle, comme pour me faire avouer que cette fois-là j’avais mal agi.
Lors de mes envolées angoissées suite à des achats, je cherche souvent une oreille à qui me confier, un regard qui me rassurera. J’entends alors beaucoup de critiques quant à ma relation compliquée avec l’argent. Cette culpabilité qui me prend chaque fois que je m’octroie le droit de m’en servir pour du shopping est capable de me rendre folle. C’est comme si je n’avais le droit de m’en servir que pour subsister à mes besoins primaires ou pour contribuer au bonheur des autres. L’émotion est tout à fait différente car je ne culpabilise pratiquement jamais d’acheter pour offrir…
Je suis finalement une personne à deux visages, tantôt joyeux et lumineux, tantôt triste et fade. Je suis humaine, faite de sang et de chair, de cette âme humaine qui m’a octroyé qualités et défauts. La magie de la vie faut que nos impulsions et nos envies nous expose aux regards, et c’est bien le regard du miroir qui me touche le plus, me poignardant chaque fois un peu trop profondément.
On me dit souvent que je suis un livre ouvert. C’est parfois difficile à assumer mais j’ai arrêté de me battre contre l’expression de mes émotions. L’émotion seule me donne déjà assez de fil à retordre…
Hier soir, après avoir laissé fuir mon malaise à travers les larmes et les mots, après une nouvelle critique qui s’amplifiait en mon for intérieur, mon prince charmant a posé sa main sur ma joue et m’a dit des mots qui offrent une nouvelle lumière à mon ombre.
» As-tu déjà regardé la lune ? Sais-tu que ce soir c’est la pleine lune ? Est-ce qu’il t’arrive de regarder parfois les étoiles ? «
Non, je ne lève pas souvent la tête vers le ciel, et Paris ne m’y incite pas vraiment…
Il m’a chuchoté cette simple phrase : » Regarde la lune et les étoiles… »
J’y réfléchis depuis, et j’entrevois dans cette phrase une nouvelle devise à méditer… N’est-il pas dommage que mon esprit ne se concentre que sur ma personne alors que l’univers est si immense. Y a-t-il la moindre bonne raison de se faire autant souffrir intérieurement alors que l’on n’est si peu de choses ?
MaDys says
Et il a bien raison, ton prince charmant 😉 Elle apaise, et nous rappelle que nous sommes insignifiants aux yeux de l’univers. Petite, j’aimais bien lui raconter mes journées, mais hélas, elle m’écoutait sans rien dire 🙂
Les Chroniques de Marie Kléber says
Je me retrouve beaucoup dans tes mots. Et je sais que dans mes moments de doute ou d’angoisse, me tourner vers la lune, regarder le ciel se parer de mille et une lumieres la nuit, me procure serenite et espoir. Quelques fois il suffit de peu de chose.
Aline - La Homemade Box says
Le mental, l’égo qui critique et critique sans cesse. Il ne faut pas te laisser envahir par cette voix (je sais, facile à dire). Je te conseille de lire le livre d’Eckart Tolle – Vivre l’instant présent, je crois qu’il t’aidera beaucoup. L’auteur nous apprend à se détacher de cette voix en nous disant que nous ne sommes pas notre mental, le mental n’est pas nous, nous ne devons pas nous identifier à ce qu’il dit (parce qu’il peut dire énormément de c*nneries et rendre les choses bien plus complexes qu’elles ne le sont).
Bref, j’ai le pdf, si jamais tu as envie de le lire, je suis moi-même en train de le lire et je l’avais aussi conseillé à un ami, à qui , ça a grandement servi. =)
Sinon, cette culpabilité que tu ressens lorsque tu achètes des choses pour toi… si on fouille un peu au fond, pourquoi ressens-tu cette culpabilité lorsque tu t’achètes des choses pour toi-même? As-tu l’impression de ne pas mériter cela, de ne pas mériter de te faire plaisir, de ne pas mériter du bonheur? Parce que tu as fait une erreur dans le passé et que pour te punir, tu te dis que tu ne mérites pas telle ou telle chose?
Houla, excuse-moi, j’ai écrit un gros pavé et peut-être suis-je parti un peu trop loin… mais ces mots sont sortis tout seul. Si jamais, tu ressens le besoin d’en parler, tu peux toujours m’écrire un mail (même si on ne se connaît pas ^^’).
FleurDeMenthe says
Mais oui, cette histoire de mental me parle beaucoup !!!