Au bureau, il y a une légende urbaine : les femmes sont de vraies harpies. Dans une équipe, il faudrait toujours faire attention à ne pas trop charger l’atmosphère en hormones féminines pour ne pas s’exposer aux retombées quasi-quotidiennes d’une explosion nucléaire. Les femmes, ça crie, ça pleure, ça se chamaille, ça se crêpe le chignon.
Avec cette légende urbaine bien ancrée dans les esprits, on a toujours tendance à se satisfaire d’une majorité masculine.
Avec plus d’hommes dans une équipe, l’atmosphère semble plus saine, et on se dit qu’enfin, on pourra dire adieu aux bruits de couloirs et aux piailleries à longueur de temps.
Mais les hommes, leurs hormones, leurs phéromones, leur testostérone, et leur fierté peuvent faire apparaître le spectre du sexisme. Naturellement, sans aucune gêne, sans aucun scrupule, ils se glissent dans ce costume si agréable de maître du temps et des lieux. Les hommes en majorité se congratulent, se gargarisent de leur pouvoir et de leurs connaissances.
Qui es-tu toi, femme, qui veut nous arriver à la cheville ?
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Je vous ai listé quelques-unes des remarques entendues de la bouche des hommes au travail. Aujourd’hui, ou il y a dix ans, peu importe, ce sont des propos malheureusement toujours d’actualité…
1/ Le machisme au quotidien
« Que veux-tu apprendre exactement ? T’es sûre que t’as le temps ? T’es sûre que t’as la tête à ça ? Parce que, vu que tu es tout le temps dans les couches, ou la tête à ta fille, je sais pas si tu vas tout piger… Ben quoi, c’est pas vrai ? Tu ne te consacres pas assez à l’entreprise. Fais les photocopies et satisfais-toi de ce que tu sais, ce sera mieux pour tout le monde. Moi t’expliquer ? Non, pas le temps, j’ai des responsabilités ici moi, pas le temps de bavasser avec toi. Lis et retiens. Quoi, Jean ? Oui, mais lui c’est pas pareil. Lui, il s’intéresse vraiment ? Toi, t’as autre chose à faire, avec tes gosses et tes trucs de filles. »
« T’as besoin de mes connaissances ? Oh, client intéressant ! Pousses-toi de là que je m’y mette ! Bonjour Monsieur, voici ma carte ! Oui, appelez-moi directement la prochaine fois ! Dis-donc, ton bureau c’est le foutoir ! C’est ça les femmes, n’est-ce pas Monsieur ? … Va nous préparer un café, t’es gentille. »
« On est entre hommes là, c’est pas de ton niveau. Tu vois pas que tu gênes ? »
« Ah, toi aussi tu fais du sport ? Ah, du fitness ? Mais c’est pas du vrai sport çà ! Ah tu nages aussi, mais combien ? Parce que moi, je peux te faire 17 kms dans une journée. Ben, si ! Pourquoi ? Pas toi ? Ah, et puis, je fais du vélo aussi : 50 kms tous les dimanches. Allez, on n’est pas du même niveau, arrête avec tes questions. Tu veux faire un triathlon ? Laisse-moi rire. Pousses-toi que je discute avec des vrais sportifs. »
2/ L’intelligence corporelle
« Ah mais au fait, t’es mariée ? Non ? C’est bon à savoir ! Tu devrais mettre des jupes plus souvent. Ben c’est vrai quoi, c’est quand même plus agréable. Oh, mais fais pas cette tête, si on ne peut plus rien dire aussi ! Je te propose pas de passer sous le bureau, ça va ! De toute façon, on sait comment vous fonctionnez vous les femmes. C’est bien avec vos atouts que vous avancez dans la vie. Les atouts avant la tête ! Si, si, j’ai vu un reportage là-dessus. Donc autant mettre tout ça en valeur. Arrête avec tes cols roulés… »
« Y a pas de secret. Tu crois qu’elle est pas passée par le canapé la chef du département ? T’es vraiment naïve. Avec toutes les rumeurs qu’on entend sur elle ! Y a pas de fumée sans feu. D’ailleurs, moi, j’ai déjà vu ça de mes propres yeux. Vous êtes prêtes à tout quand c’est pour monter les échelons… Quand est-ce que tu t’y mets ? »
4/ Le harcèlement sexuel
Et puis, il y a aussi les hommes qui se croient les rois du monde. Seuls sur leur trône, sans aucune barrière ni aucun filtre, ils se permettent tout. Le pire de tout.
« Mademoiselle, s’il vous plaît, vous voulez bien venir voir ? J’ai un souci sur mon ordinateur. Vous savez bien, je ne comprends rien à l’informatique. Je suis un vieux moi, vous savez. Vous voulez bien aller voir l’unité centrale, là-dessous ? Moi j’ai trop mal au dos pour me baisser sous le bureau. Mais vous, vous êtes jeunes ! Oui, voilà. Je me satisferais bien de cette vision des choses plus souvent. »
« Vous portez une petite culotte rouge non ? J’en étais sûre. Et vous avez le soutien-gorge qui va avec ? »
« Vous avez déjà eu des relations avec quelqu’un de plus âgé ? Quelqu’un comme moi ? Vous savez pas ce que vous perdez ! Tiens, justement, je voulais vous proposer de passer chez moi demain soir. On pourrait regarder ensemble toutes les notions que vous n’avez pas assimilées. »
« Vous savez qu’il y a un hôtel à 2 rues. Il paraît que leurs lits sont absolument divins. Allez, faites-pas votre timide. »
« Mademoiselle, venez. Vous pouvez faire un tour sur vous-même ? C’est tout, merci. »
« Mademoiselle, venez voir, je ne vois pas bien ce qui est écrit sur mon écran. Non, mais plus près. Plus près ! Allons, montez sur mes genoux, vous verrez mieux… »
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Le monde de l’entreprise. La guerre des sexes. Les préjugés à la peau dure. Les femmes qui doivent toujours en faire plus, en montrer plus. Se battre davantage.
Et l’envie de s’envoler ailleurs, parfois…
Et vous, qu’avez-vous entendu sur votre condition de femme ?
Nadia says
C’est stupéfiant et d’une autre côté presque banale, je crois que c’est ça le pire. Le fait que ces propos reviennent si souvent que cela les rend légitimes aux yeux de beaucoup d’hommes.
Beaucoup semblent oublier qu’ils ont été élevés avant tout par une femme, et ceux pour qui ce n’était pas le cas cette présence féminine les a plus que manqué et ils auraient tout donner pour l’avoir.
Pour ma part ce sont essentiellement le « la stagiaire peut s’en occuper » – « j’aimerais bien un verre d’eau mademoiselle » – « elle est mignonne » lâchés pendant les réunions quand j’étais chargée de mission pour une agence. Ces messieurs, hommes d’affaires à tendance mégalo, me rappelaient sans cesse que ma place n’était pas ici.
Rozie says
Wa-hou.
Quelle horreur !
N’ayant jamais bossé au bureau, je ne m’imaginais pas que c’était VRAIMENT comme ça.
Courage !
Sophie Ogresse says
Ah ouais quand même ! J’ai pas le souvenir de trucs aussi craignos… Même quand j’ai bossé avec des routiers un été, ils étaient respectueux. Par contre, comme il y a énormément de femmes dans le milieu de l’art, j’ai plutot eu le revers féminin. C’est à dire des chefs qui comme elles avaient tout sacrifié pour leur carrière étaient de vraies pestes.
Julie says
Mais on s’habitue. Comme le disait Nadia, c’est devenu presque banal. Et puis parfois, ça va être une goutte d’eau, et alors, gonfler le torse et s’énerver, ne va faire qu’aggraver le fossé… C’est un cercle infini et je crois que le chemin de l’égalité est encore très long
Simon Tripnaux says
Heureusement, on est pas tous comme ça !
Julie says
Oui ! 😉