Encore et encore je voudrais courir avec lui. Sentir le sol résonner sous mes pieds. Faire de mes genoux le moteur de ma course. Ne penser qu’à avancer encore et encore.
Plus loin, plus vite, plus régulier, plus élancé, plus fort…
J’ai cru ne jamais le désirer. Cette hargne, cette douleur, ce plaisir. Il a pourtant suffi d’un regard de lui pour que je sente grandir en moi l’appel du béton. Un mot pour que j’entende le cri de la basket urbaine. Il m’arrive encore de préférer le confort de mon oreiller à l’effort du jogging, mais que le temps de cinq minutes. Il suffit que j’entende le bruit des baskets que l’on lace, le scratch du brassard que l’on serre pour le smartphone pour que je sois en tenue en cinq minutes.
Petit poussin dans le grand monde du running, je cours doucement à mon rythme et lui me garde à l’oeil. De ses longues jambes il se retrouve vite à quelques dizaines de mètres devant moi. Je le vois. Il est ma balise. Je le suis comme les roues arrière suivent les roues avant. Il me parle. Il m’encourage. Il m’envoie de sa voix douce et forte des mots qui me touchent, des mots qui me poussent.
Je perds mon souffle alors que lui paraît toujours en avoir en réserve. Mes pieds se cognent brutalement au sol alors que lui vole comme un papillon. Oui, un papillon. Il n’aimerait pas ça mais c’est pourtant ainsi que je le vois. Il papillonne sur la route. Ses jambes semblent aussi légères que du coton quand les miennes sont de pierre. » Tout est dans le lancer de la jambe, le déroulé du pied « .
Une phrase qui tourne en boucle alors que mes pas se font aussi lourds que ceux d’un éléphant.
source images : weheartit.com
Les Chroniques de Marie Kleber says
J’aime ta façon de parler de cette course à deux. Il y a beaucoup d’amour dans tes lignes. Je me sens aussi bien souvent telle un éléphant essayant tant bien que mal d’arriver au prochain virage, c’est peut-être parce que personne ne m’a jamais encouragé, que je n’ai jamais suivi un papillon!!