Les aiguilles tournent, le tic-tac de ma montre résonne en silence. Ce n’est plus une question de jours, c’est désormais une question d’heures. Il reste autant de temps avant le rendez-vous qu’il y en a de passé depuis mon réveil ce matin. C’est l’heure de la deuxième grande étape de la grossesse, celle d’une seconde rencontre par écrans interposés, avec ce petit être qui grandit et qui me donne des petits coups tout au long de la journée.
Le petit bout devrait avoir pris une vingtaine de centimètres depuis la première échographie, devenant un croquis qui pourrait tenir sur une copie A4. Je me suis préparée comme pour un premier rancard, choisissant soigneusement mes vêtements, et mes bijoux. J’ai enfourné la trousse de maquillage dans le sac à main, sans oublier l’indispensable miroir de poche. La rencontre ne se fera pourtant qu’à sens unique, évidence implacable.
Les aiguilles tournent. La tension monte petit à petit, mon dos se réveille, ma jambe se bloque, ma respiration devient irrégulière. Les larmes risquent de couler, émotion à fleur de peau.
Il reste encore quelques poignées de temps dans le sablier. Encore un peu d’ignorance avant de trancher dans le vif la liste des prénoms, laissant sur le bas-côté quelques-uns que l’on commençait à sincèrement apprécier. Encore un peu d’insouciance avant qu’une blouse blanche, habitée de toutes ses expériences, ne constate, n’apprécie, et ne compare toutes sortes de chiffres auxquels nous ne comprendrons rien.
Encore un peu d’attente avant d’être, à nouveau, les spectateurs ébahis et émus d’un film en noir et blanc, l’histoire du cycle de la vie…
Marie kléber says
C’est vrai que ce sont des moments magiques, presque iréels. On s’attendait à quelque chose et ce qu’on vit n’a rien à voir. C’est comme une expérience hors du temps et de l’espace.