Par la fenêtre, je regarde le ciel évoluer, les nuages s’égailler, les feuilles des arbres s’envoler. Le vent chasse tout ce beau monde pour déposer ici et là des bribes d’ailleurs. La poussière s’élève dans les airs pour se nicher juste ici, sur les bords des fenêtres, ou là sur les capots des voitures de la rue.
Le temps file entre les doigts comme un courant d’air : insaisissable, abstrait. Quelque folie passagère m’envahit parfois, la peur que cette course effrénée ne fasse que nous étourdir, jusqu’à nous faire renoncer, jusqu’à faire apparaître des larmes sur nos visages.
Larmes d’incompréhension. Larmes de détresse. Larmes d’angoisse. Larmes de l’âme qui se demande, un jour, ce qui l’a mené là où elle en est.
Larmes de joie. Larmes d’ivresse. Larmes d’euphorie. Larmes de l’âme qui regarde derrière elle le chemin parcouru.
Le temps file devant mes yeux, et la tête occupée à un objectif fou, je ne vois rien. Les livres s’éparpillent autour de moi, les fiches s’accumulent, les stylos se vident de leur encre. Je ne fais que lire, écrire, noter, corriger, et pourtant les mots glissent.
L’odeur des romans, l’excitation de suivre à nouveau le tracé d’une vie créée sur le papier, me manquent. Laisser les mots se faire l’écho d’une histoire imaginaire que créé l’esprit, cela n’arrive plus que très rarement. Le carnet qui ne quitte jamais mon sac est abandonné. Le cordon qui le ferme n’est plus dénoué qu’une fois par semaine contre plusieurs fois par jour il y a encore quelques mois.
Il y a parfois des instants où la passion est plus forte. Dans ces moments comme celui-ci, face à l’écran blanc, mes doigts courent sur le clavier en prenant leur temps. Lorsque les journées sont bien remplies, lorsque aucune plage horaire de la semaine n’est laissée au hasard, il arrive qu’il s’impose un instant de paix. Les mots se présentent au rythme d’une musique folk, chantonnante, et franche à l’oreille.
La rareté de ces moments rend la magie d’écrire encore plus réelle, plus sincère.
Je ne regrette pas de ne consacrer mon temps libre qu’à potasser un concours. Je ne regrette finalement pas le temps perdu où je ne faisais que lire ou écrire mes humeurs, et mes idées.
Je me lance dans une chose plus grande, pour éviter de me demander un jour ce que j’ai fait pour en être là où j’en suis.
Submarine says
Très bel article… Quel est ce concours que tu prépares ?
Isa says
J’aimerais retrouver ces moments ou l’on consacre tout son temps et son énergie à parvenir à un objectif … aujourd’hui, avec le boulot, j’ai un peu l’impression de perdre mon temps à des choses qui finalement ne sont pas essentielles , même si cela me permet de bien vivre ..
La Flâneuse says
Bravo! De quel concours s’agit-il? Bonnes révisions!