Il y a ces envies que je laisse parfois au placard. Pour faire bonne figure. Pour maintenir l’ordre. Pour faire semblant.
Il y a ces jours d’enfant où je me perdais dans des pyjamas trop grands, cachant mes bras loin des manches abyssales, et relevant sans cesse l’élastique d’une ceinture inutile.
Il y a ces jours enfuis, où ensevelie sous les couettes avec les sueurs froides pour seule compagnie, j’étais en pyjama toute la journée. Des jours flous, entre rêve et réalité, et qui ne laissent derrière eux qu’un épais brouillard.
Ce dimanche, j’ai eu l’automne pleins les yeux. Le ciel gris et mouillé envoyait dans l’air cette fraîcheur légèrement rude, qui donne des envies de laine et de thé chaud. Les baskets sont restées à la maison, et la petite fleur a découvert le cocooning. Entre les pleurs, les premières colères et les siestes infinies, elle s’est laissée entraînée dans la création. Pastels en main, caresses légères sur le papier, grandes courbes mal maîtrisés, j’ai tenté la manière douce. Mais l’essai artistique s’est transformé en propulsion des couleurs dans les airs et déchiquetage fougueux du papier. Seul survivant du massacre, un petit bout de carton, sauvé in extremis.
Se souvient-on vraiment de ces jours à demi éteints ? Ces jours où les heures ont coulé sans se soucier du souvenir qu’il en resterait ? Entre quatre murs, avec pour seul angle sur l’extérieur, une fenêtre mouillée, occultée en partie par des rideaux de coton. Des dimanches enfuis où rien ne compte vraiment, où les choses avancent de guingois, et où la perspective de s’habiller, s’habiller vraiment, nous apparaît autant flou que fou.
Alors, on se glisse dans le pyjama. Après un petit déjeuner chargé, après une douche tardive. Un pyjama propre et sa douce odeur de lessive. Cette impression intime de se glisser dans des draps frais pour donner au jour un semblant de nuit. Les pieds glissés dans des chaussons, à-demi allumée face au jour gris.
Un dimanche en pyjama.
lacourseauxmots says
Rien de mieux qu’un dimanche en pyjama. Merci pour ton article si délicat à lire 🙂