La valise trône timidement au bout de la table. Dans un coin de la pièce, s’accumulent les chaussures de randonnée, les maillots de bain et les vêtements d’été.
La petite fée s’amuse dans le salon. Elle est encore là. Pour quelques heures. Elle papillonne. Les semelles de ses chaussons résonnent sur le parquet, au rythme de ses petits pas pressés. Elle a trouvé le chapeau de paille. Le mien. Celui que je ne sais pas effleurer sans le poser sur ma tête. Un sourire illumine son visage. Elle pousse des petits cris de souris et laisse sa voix chevroter au fil de ses rebonds. Je la poursuis jusque dans sa chambre en grognant. Elle rit en me sentant arriver dans son dos. Elle a juste le temps de poser le chapeau sur sa valise avant de voler dans mes bras. Dans la sienne, il n’y a que des pulls en laine et des collants de toutes les couleurs.
Demain, elle partira pour la Normandie, dans le froid givré de la campagne. Elle passera ses soirées dans la chaleur d’un feu de cheminée et se jettera dans les bras de ses grands-parents quand elle aura envie de réconfort. Elle racontera ses rêves et ses histoires dans son jargon habituel, trouvant dans le regard de Papy et Mamie des sourires d’admiration, et des regards de connivence.
Demain, sa voix s’envolera un peu. Son odeur s’évanouira dans les airs. De ses bisous ne resteront que le souvenir de leur claquement dans les airs. Sa chambre perdra de sa chaleur, et ses poupées deviendront orphelines. Les élus, les chouchous, les peluches dans lesquelles elle plonge dès la nuit tombée, trouveront refuge dans son sac à dos pour être là, prêtes à l’épauler au cœur d’un rêve sombre, prêtes à récolter des larmes débordantes.
Et ce foulard porté toute la journée, et glissé amoureusement au milieu de ses affaires, déposé comme pour lui laisser un peu de moi, un peu de nous.
Demain, nous partirons loin. Loin de l’hiver. Loin du quotidien. Loin du monde et des informations. Demain, nous embarquerons pour 12 heures de vol. Nous survolerons un océan avant d’atterrir dans un pays si petit qu’il faut zoomer sur le continent pour le voir. Nous partirons enveloppés de laine pour arriver jambes nues.
Le voyage de mes 30 ans. Décidé sur un coup de tête. 30 ans et l’angoisse de l’âge adulte. L’envie nerveuse de s’écarter un peu du monde et l’envie folle de se retrouver à deux à l’autre bout du monde. 30 ans et le besoin de remplir nos cœurs de nouveaux souvenirs amoureux. Trouver le soleil dans un monde aux tendances obscures. Voir la vie ailleurs. La vie autrement.
Nous ramènerons mille souvenirs. Des souvenirs amoureux. Et les aventures d’une peluche dans un pays exotique, à la découverte d’un volcan, au cœur d’une jungle, ou prête à plonger dans l’océan.
Mamanchloe says
Encore un billet à l’écriture parfaite et si touchant… Beaucoup d’émotions me traversent en le lisant : de la joie et de l’excitation, de la tristesse, de la nostalgie…
Bon vol les amoureux et revenez le coeur rempli de beaux souvenirs.
Julie says
Oh merci !! Ça me fait plaisir après toute cette absence du début d’année ! Les mots sont revenus à moi, et je me sens soudain tellement remplie de bonheur de pouvoir les laisser couler. Qu’ils trouvent des lecteurs est une jolie récompense que je savoure
Julycocoon says
Bon voyage les amoureux ! Bonnes vacances en Normandie petite fée !
Marie Kléber says
Chacun profitera d’un moment unique, magique.
Ta plume me transporte toujours autant. Hâte de découvrir ce beau voyage Julie!
Julie says
J’avais arrêté les billets voyages, car ça demande vraiment un travail titanesque et que je manquais de temps… mais pour ce voyage je crois que je vais m’y remettre avec plaisir !