Tout autour de nous, ce sont des âmes en peine qui nous parlent, se confient parfois, en baissant les yeux et en laissant les paupières les recouvrir d’un voile gris et triste. Des femmes, bien souvent.
Des femmes qui craquent en silence dans l’intimité de leur salle de bains, ou dans la solitude de leur chambre.
Des femmes qui coulent sous le poids de leurs larmes devant leur image dans le miroir.
Des femmes qui serrent les poings si fort pour ne pas sombrer sous l’indifférence de leur fille que la souffrance déborde de leur esprit pour s’exprimer physiquement. Des femmes qui se camouflent derrière une voix forte, une arrogance incontrôlable, parce qu’elles veulent s’accrocher à la vie, continuer d’exister pour ne pas disparaître dans le nuage de fumée de leur cigarette.
Voilà ces femmes qui souffrent autour de moi, et dont les visages abîmés de l’intérieur me suivent chez moi le soir.
Dans leur regard je me vois floue
Je connais çà, je l’ai vécu : cette incapacité à se fondre dans la masse. Cette souffrance si immense qu’elle nous entraîne dans des situations impossibles, nous plient à des comportements fous, pour nous meurtrir de remords au plus profond de notre chair. Comme si la douleur ne suffisait pas, elle s’enveloppe de cette couche de regrets liés à l’incapacité de maintenir ses larmes, contenir ses envies d’hurler, fuir ces besoins de disparition soudaine.
Alors quand dans le regard de certaines, j’entrevois cette blessure, ce gouffre qui ne cesse de se prolonger au risque de devenir abyssal, je souffre aussi. Que dire à l’autre ?
Celle que j’étais dirait : « rien, pitié, oubliez moi… »
Car oui, j’ai le souvenir que la tristesse, la mélancolie, la souffrance ne trouve de résonance que dans la solitude. Les autres ne comprennent pas. Les autres sont le tout heureux qui ne peut pas tendre la main, quand bien même je ne l’aurais pas saisie pas. Cette complaisance folle de se sentir entier seul avec sa haine et sa colère est malsaine, et peut bien mener à la folie ou la perte absolue de soi-même. Mais impossible de s’en séparer, ses racines sont si profondes, si enfouies en nous qu’elle nous semble indispensable pour vivre, alors même que l’on fait bien des choses pour fuir la vie.
Tant de paradoxes qui torturent l’âme, tordent l’esprit, et se perdent dans les quelques heures de sommeil calme.
Leur souffler la poudre magique de la joie
Et pourtant maintenant que je fais partie de ce tout qui va bien, j’aimerais, chaque fois, leur dire un mot, une phrase magique qui les sortiraient de leur torpeur. Quand je sens une ouverture, une faille, je conseille à chacune d’écrire leur peine. Mais si c’est mon moyen d’expression, ce n’est pas celui de tout le monde. Alors, je glisse sur l’idée d’extérioriser leurs blessures ailleurs que sur elles-mêmes : le dessin, la destruction d’un meuble qui traîne dans la cave, la peinture, la photo, …
Consulter un psy me direz-vous ? Bien sûr. Mais ne jamais l’exposer de but en blanc. Suggérer, soumettre, pour qu’au final, ce soit elle qui prenne la décision, et que ce soit ce pas volontaire, cette décision intime qu’elle retienne de sa remontée à la surface…
Et vous, quelle est votre réaction face à ces âmes en perte de vitesse ?
Oscara says
Parfois je leur parle. Parfois non parce que besoin moi même de me préserver. Il y en a qui sont réceptives, mais la plupart ne sont pas encore au stade d’être décidées de faire autrement.
FleurDeMenthe says
En fait, chacun réagit différemment face à la tristesse et la mélancolie…
Submarine says
Eh bien, j’ai écrit un billet sur la tristesse ce weekend, des mots balancés ici et là, j’hésite à le publier… Ton texte lui fait écho !
FleurDeMenthe says
Publie-le ! Je suis curieuse de le lire 😉
Olivia says
Je leur souris, sincèrement, avec ce genre de sourire qui di « je sais, j’y étais, n peut s’en sortir tu verras ». CE genre de sourire est forcement acompagné d’un regard plein de courage et de non jugement.
Parfois un geste, un mouchoir, un livre ou juste un clin d’oeil pour les faire rire pendant 5 minutes.
FleurDeMenthe says
C’est toujours une petite victoire de les faire rie 😉