Il est 14h. Dans son cosy, ma fille de quelques mois s’égosille. Elle a déjà le bonnet sur la tête, et la doudoune autour d’elle. J’enfile une grosse écharpe, et vérifie une énième fois le sac à langer. Couches, biberon, eau, lait, liniment, coton. J’ai tout. On embarque ! Au moment de saisir l’anse du cosy, le petit visage que j’aime déjà de tout mon cœur s’empourpre. Une odeur nauséabonde me monte au nez. C’est la deuxième fois que cette petite chose innocente me fait le coup. A croire que c’est une fois emmitouflée et bien au chaud que ses intestins se détendent. Je l’installe sur la table à langer, lui enlève une à une toutes les couches de vêtements. Le body m’offre la belle surprise : un caca débordant. Il lui remonte jusqu’en haut du dos. Il est affreux. Il est énorme ! Oh mon dieu, elle a diarrhée. La diarrhée, c’est la gastro, et à son âge, c’est grave !! Ça peut devenir très grave !!! J’ouvre la couche, et je comprends que non, il n’est pas le signe d’une gastro. Bien compact, il s’est juste contenté de s’échapper tranquillement dans le creux de son dos.
Je transpire en pensant à l’heure qui tourne. Elle est si fragile que j’ose à peine me presser. Il est 14h20 quand on entre dans la voiture. Je l’installe sur le siège passager. C’est que j’ai bien du mal à ne pas la remuer dans tous les sens. Impossible de retenir le fonctionnement de cette base. J’entends soudain un clac, c’est le soulagement : j’ai trouvé. Je découvre à nouveau la puce pour ne pas qu’elle ait trop chaud. Une vraie aventure de garder un bébé à la bonne température peu importe l’environnement !! Je pense soudain en souriant au temps libre que j’avais avant d’être maman. Tout est maintenant plus chargé, plus compliqué. Je lui jette un regard avant de tourner la clé dans le contact. Elle dort déjà.
Tout va bien. Le GPS m’annonce 20 minutes pour rejoindre la destination au cœur de la capitale. On décolle ! Zut, j’ai oublié le bavoir. J’oublie toujours le bavoir… Trop tard. Mes mains se crispent sur le volant, c’est pas le moment de partir en toupie : j’ai des responsabilités maintenant. Il y a ces bouffées de chaleur au milieu d’un boulevard, des voitures arrivant de partout à toute vitesse et moi au milieu. Il y a ce mini-craquage intérieur et des jurons dans tous les sens alors que je me suis embarquée dans une voie sans issue. Et le GPS qui m’annonce qu’enfin, je suis arrivée à destination. Il est 15h. L’arrivée. Ah oui, mais il faut se garer maintenant. J’avais oublié ce détail !! Se garer, en plein après-midi un jour de semaine, ce devrait pas être compliqué… Je prends une grande inspiration. Des places, des places, mais punaise, y en a, mais elles sont ridiculement petites. A croire que j’aurais dû investir dans une smart !
Mais comment ai-je pu penser ne serait-ce qu’une seconde que c’était une bonne idée de partir dans Paris avec ma voiture. Ma puce dort toujours paisiblement dans son cosy alors que ma tension atteint des sommets. Il est 15h10. Je suis en retard, et me voilà tellement loin du point d’arrivée que je ne le vois plus sur le carte. Je devrais m’arrêter ici, et chercher quelque part sur l’internet une solution ! Un parking souterrain, un parking aérien, un centre commercial, quelque chose !! Et si je me garais sur une aire de livraison ? Non, avec la petite, partir en galère récupérer la voiture à la fourrière, non merci. Sans compter le fric que ça me coûterait. Bonjour la bonne idée !! Ah ! C’est pas écrit parking là-haut ? Un parking ! Mais elle est où l’entrée ? Non, non !! Ça peut pas être aussi loin !! Me voilà sur les quais. Le meilleur endroit pour trouver une place ! J’ai envie de hurler un juron, un de plus, mais je me contente de grogner. Évidemment, y a pas de parking sur les quais !! Il est 15h30 bientôt. Je peux rentrer à la maison. Je vais quand même pas passer toute l’après-midi dans ma voiture pour un rendez-vous que j’aurais même pas ! Je sais même pas où je suis… Là, tout de suite, j’ai envie de pleurer…
15h35, une place, là, juste devant moi. Une vraie place ! Un peu limite, mais j’y crois ! Merci la direction assistée ! Je commence à respirer… Ma fille en profite pour se réveiller en douceur. C’est une douceur incarnée ce petit bout… Je fais le tour de la voiture, et je me dis que je suis vraiment devenue la reine des créneaux ! Après 15 manœuvres, d’accord, mais c’est pas si mal quand même ! Par contre, il va falloir faire preuve de génie pour ouvrir le coffre et en sortir l’armature de la poussette. Mes fesses sur le capot de la voiture de dernière, je remercie le ciel qu’elle n’ait pas d’alarme… Je hisse les roues au-dessus de ma tête, à bout de bras. Par je ne sais quelle miracle, elle atterrit sur le trottoir, et moi aussi. Je sens la transpiration couleur le long de ma colonne vertébrale. La fraîcheur s’engouffre dans mon blouson, et je l’accueille avec un petit frisson. Froid, chaud, je ne sais plus trop. Pas le temps. Je file à la porte passager. Mes yeux croisent ceux de ma fille. Soudain, tout s’apaise. Je remonte sa fermeture, glisse le bonnet sur ses cheveux, et enclenche le cosy. On est en retard, mais peu importe… Rien n’est plus important que nous. Nous deux, à cet instant précis.
Si j’avais su avant qu’un service comme Onepark existait, cette histoire aurait pris une tout autre tournure !
Marie Kléber says
Déja la voiture c’est galère, Paris en voiture encore plus et Paris en voiture avec un enfant, c’est ultra compliqué. Mais tu t’en es sortie comme un chef! Bravo