Voilà une idée qui devrait inspirer les architectes de bâtiments publics…
Je m’étonne que les gares n’aient pas encore pensé à exprimer publiquement leur gratitude aux auteurs qui apportent confort et évasion à leurs voyageurs.
Derrière le mythe, il y a pourtant une réalité pour ces auteurs spécialisés.
Les points presse des gares cachent bien souvent, derrière leurs sinistres journaux, de jolies bulles de bonheur lisses, claires, et fades. Ce qui est pratique quand on voyage, car le manque de saveurs évite de provoquer des nausées, ou des maux d’estomac aux âmes sensibles. On se laisse porter par une histoire naïve, par des personnages qui pourraient aussi bien être notre voisin assis là, à côté de nous. Vous croisez son regard un instant. Puis ses traits deviennent flous. La couleur de ses vêtements s’affadit. Et vous ne connaissez ni le son de sa voix, ni son passé, ni sa destinée dans ce wagon. Il n’est qu’une image d’un inconnu… Une esquisse.
Les personnages de Nicholas Sparks ont cette tendance à n’être que des esquisses du début à la fin du roman. Les paysages, les vies, les émotions semblent appartenir à des réalités alternées. Avec un passé de quelques années tout au plus, quelques coups durs, l’amour prend place dans ses romans comme le soleil se lève chaque matin. C’est magique, inattendu, plein de suspense… si on en croit ce qu’il y a d’écrit sur les pages. Car en vérité, l’amour y est logique, omniscient, accessible, banal. L’amour… si on le voit comme l’écrit l’auteur. Car il y a bien d’autres auteurs qui réussissent à mettre de vrais mots sur ce sentiment si personnel, mais pourtant universel. Si complexe, mais pourtant indispensable… Des mots qui nous touchent au plus profond de nous. Avec ce type de roman, on est très loin d’en ressentir ne serait-ce qu’un iota.
Aucun besoin de relire un passage pour ne pas perdre le fil de l’histoire.
Aucun besoin de froncer les yeux pour comprendre le comportement d’un personnage. Aucun besoin de s’arrêter quelques instants par envie de se jeter dans l’histoire, laisser son imagination construire des images, et donner une dimension supplémentaire à une vie vécue par procuration…
Les protagonistes ont un trait de caractère défini, et aucune complexité intérieure. Leurs visions sont claires, faciles. L’atout de ce genre de roman est que l’on y rencontre de nombreux personnages : la jeune et jolie, les jeunes et sottes, le jeune beau et courageux, le jeune faignant idiot, la vieille Bonne-Maman, et Harry Potter l’enfant gentil et simple. C’est impressionnant comme les auteurs des romans de gare peuvent forcer leur imagination pour créer des personnages si insignifiants, si abstraits, … si éloignés de la réalité.
Nicholas Sparks suit les traces de Danielle Steel, et bien heureusement car sinon il n’y aurait personne à sa disparition pour remplir les étagères littéraires des gares et des supermarchés. Peut-être les gares attendent-elles d’ailleurs sa mort pour édifier à la reine du roman américain, un petit monument la remerciant de son action bénévole au profit du confort des usagers. Grâce à elle, des millions de voyageurs ont pu libérer leur esprit de leur corps mal assis se laisser aller à des rêveries… des niaiseries.
La petite modernité de Nicholas Sparks réside dans ses excellentes couvertures de livres. Feutrées, attirantes, jolies, on ne manque pas d’avoir l’oeil saisi et intrigué dans le rayon littérature de la supérette.
Quoiqu’il en soit, en grand ou petit format, si vous ne cherchez qu’à faire passer votre ennui du trajet en vous laissant doucement porter par les vaguelettes d’une histoire improbable, achetez un roman de Nicholas Sparks !
Si vous êtes contre les médicaments et leurs produits chimiques, mais que vous rêvez de pouvoir dormir pendant votre trajet, laissez-vous assommer par les personnages consternants de Nicholas Sparks…
Et si vous rechignez à dépenser, cherchez dans vos greniers, son mentor Danielle Steel sait s’y prendre pour envahir les cartons rangés au grenier. Honnêtement, qui n’a pas dans ses caves ou ses malles de bazar à trier, un roman de Danielle Steel ? Avec 75 livres écrits, vendus en globalité à plus de 560 millions d’exemplaires, il est fort probable que l’un d’entre eux se soit perdu entre vos murs…
My Little Discoveries says
Je n’ai jamais lu ces auteurs…! En tout cas ton billet m’a fait sourire, bonne journée fleurdementhe! ;o)
Océane says
J’ai lu quelque Danielle Steel (faut bien se renseigner ^^) j’avoue les avoir largement préféré aux « œuvres » de Marc Levy et Guillaume Musson, sans l’ombre d’une hésitation : on sent qu’il y a plus de taf derrière..
FleurDeMenthe says
@Oceane : La lecture est une affaire de goût… il faut le croire parce que je ne suis pas du tout d’accord avec toi. J’ai aimé certains Danielle Steel, mais aucun Nicholas Sparks. Il faut trouvé les meilleures oeuvres c’est pas facile…
Certaines oeuvres de Marc Levy sont très intéressantes (Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites), et chez Guillaume Musso, j’ai beaucoup aimé La fille de papier que je trouve très travaillé.
Après, certaines sont moins bonnes je te l’accorde…