Pour ceux qui me lisent depuis un certain temps, vous connaissez mon amour des livres et des mots.
Je suis également très sensible aux photographies, et certains auteurs et éditeurs utilisent cet art pour couverture.
Je ne sais pas vous, mais une photographie en parfait accord avec un récit, une histoire, un ressenti, donne à un livre une toute nouvelle dimension.
C’est une fenêtre ouverte sur une réalité alternée. On veut, on cherche, on traque les indices dans la photographie nous incitant à ancrer l’histoire dans le monde réel.
Deux livres m’ont fascinée par ce procédé. La photo m’habite pour chacun d’entre eux, autant lorsque j’ouvre le livre que lorsque je le referme. Elle entre en moi, et me fait vivre l’histoire du protagoniste par procuration. Grâce au regard fixe de chacune de ces femmes, se glisser en elle n’est pas un choix, cela s’impose à vous. Avoir l’un de ces livres à côté de soi au bureau, sur sa table de chevet, ou dans son sac , croiser ce regard, être touchée par le talent remarquable du photographe qui réussit à transmettre tant d’émotions, … c’est par toutes ces petits instants que ces livres finissent par posséder leur lecteur.
– La vie d’une autre de Frédérique Deghelt
Vous connaissez probablement ce titre, car il a été récemment adapté au cinéma par Sylvie Testud.
Si vous ne connaissez pas le synopsis du film, je vais m’empresser de vous dévoiler l’original.
Vous n’êtes pas sans savoir que lorsqu’un film est adapté d’un livre, l’histoire perd de son authenticité.
Marie, se réveille un matin proche de la quarantaine, mère de 3 enfants, dans un mariage qui bat de l’aile, et à la tête d’un boulot dont elle a toujours rêvé, mais qu’elle vient de quitter. Le problème, c’est que Marie, la veille, elle venait d’avoir 25 ans. Rien, elle ne se souvient de rien au cours des treize années écoulées.
Comment ne pas être sensible à cette couverture, ce regard, cette chevelure qui divise le personnage en deux. Un regard fuyant qui ne peut assumer sa vie, ce qu’elle est devenue, qui doute avec cette main à la bouche…
Chaque fois que j’ouvrais ou que je jetais un oeil au livre, j’avais un pincement au coeur de la laisser seule à ses démons. Refermer le livre sur la dernière page m’a pincé le coeur, car finalement, son regard et ses doutes n’ont jamais bougé…
Photo de David Raymer.
– Une femme à Berlin
Pourquoi pas cette femme, sur la couverture, qui s’est arrêtée au milieu des ruines pour figer son regard dans le nôtre ? L’auteur de ce journal, que je suis actuellement en train de lire, a souhaité rester anonyme. Je lis, je rêve, et je respire à travers ses mots, ses sensations, ses ressentis, qu’elle notés frénétiquement pour ne pas sombrer.
Ce visage ne peut que me pousser à aller plus loin dans son récit. Son regard me prend à la gorge, et par respect, je ne peux que la suivre, l’écouter…
Je ne l’ai pas encore terminée, mais il est immense en intensité…
Wuilmart Françoise says
Merci d’avoir aimé le journal intime de cette jeune Berlinoise. Je vous rappelle cependant que le texte original a été écrit en allemand, et que le texte français que vous aimez… est celui d’une traductrice de langue française. Pourquoi ne pas reconnaître ses mérites aussi et citer son nom, de la même manière que l’on cite le nom de l’interprète musical?
C’était un énorme travail que de traduire ce livre pour qu’il passe bien en français, que le ton y soit, le style, et tout, et tout… J’y ai mis du temps, du talent j’espère, toute mon expérience, alors, s’il vous plaît, ne nous oubliez plus, hein? ET rendez à César ce qui est à César
Françoise Wuilmart
Traductrice de Une Femme à Berlin
FleurDeMenthe says
Chère Françoise,
Sachez que j’ai un très grand respect pour les traducteurs. D’ailleurs si vous regardez un précédent billet « Une femme fuyant l’annonce de David Grossman », vous constaterez que je ne dénigre absolument pas ce travail que je trouve tout aussi important que celui de l’écriture.
Ensuite, je n’ai pas encore terminé le livre, ce n’est donc pas un billet « compte rendu de lecture ». Cet article traite simplement du pouvoir de la photo en couverture. J’aurais d’ailleurs aimé trouver le nom du photographe, mais ma recherche a été vaine…