Il arrive des jours où rien ne rentre, et rien ne sort. Il arrive des jours traversés comme on traverse un rêve. On ne distingue plus le réel de l’imaginaire. On ne sait plus qui sont ces autres qui vivent à nos côtés, du lever du soleil jusqu’au crépuscule. Un pied dehors et c’est la folie qui reprend. Un pied au bureau et c’est la folie qui l’emporte. Des jours traversés avec la vue limitée, le pare-brise barbouillé des aléas de chacun. Les effluves encrassés sont brassées encore et encore pour convaincre et saisir les esprits réfractaires, naïfs peut-être, plein d’espérance, sûrement. Ils parlent, ils échangent, ils s’affrontent dans des duels, et nous les regardons comme on regarde un tableau abstrait. On ne comprend plus. On ne sait plus. Il arrive des jours sans. Le sourire qui peut saisir notre visage n’est qu’inconscient, presqu’insaisissable. L’image renvoyée par le miroir est en décalage avec le reste du monde. Un monde qui va trop vite. Un monde qui s’enfonce dans des boues imaginaires. Les mots noirs, les mots gris, les mots déposés au coin d’une table pour apaiser un cœur trop lourd, un esprit trop sombre, attendent sagement d’être cueillis par un autre. Du venin. La résilience, le désespoir, l’angoisse circulent dans l’air jusqu’à trouver résonnance dans un autre cœur abandonné, un autre esprit désaccordé. Du poison. Cà flotte dans l’air, çà nous étourdit, mais ça ne nous atteint pas. Parce qu’il y a mieux. Parce la vie en noir et blanc ne nous intéresse pas. Parce qu’il n’y a que les mots qui nous hantent qui comptent. Des mots à nous, couchés sur un carnet, ses mots à elle marqués encrés dans les livres de la bibliothèque, ses mots à lui sagement cachés au fond du sac. Donner vie à ses émotions dans l’écriture puisqu’on ne sait plus parler. Retrouver l’émotion dans la littérature puisque la vie s’en saigne à blanc. Plonger.

Ces jours-là…
By Julie
et bien tes mots ont trouvés résonnance en moi !
Magnifique 😉
Merci pour vos retours 😉
Sublime texte, qui trouve un écho en chacun de nous.