Les amoureux du dimanche s’aiment tous les jours un peu plus. Au détour des allées sablées du parc, sous le soleil d’automne, dans la bise qui se lève, ils découvrent la force de l’amour inédit. Main dans la main, les jambes entrelacées sur les bancs publics, les évadés de l’enfance se dévoilent au grand jour.
Leurs sentiments débordent, s’échappant de leurs doigts comme des étincelles magiques. Ils s’effleurent dans des gestes timides. Les frissons glissent sur leur peau. Les papillons animent leur ventre. L’électricité les traverse de part en part. Leur regard pétillent de mille feux. Leur bouche frétille de se poser l’une sur l’autre. Chaque baiser compte plus que le précédent, et une fois terminé, chacun ne veut qu’une chose : retrouver le goût sucré de l’autre, encore une fois. Autour d’eux, les poussettes peuvent rouler, les conférences du troisième âge peuvent pulluler, les enfants peuvent jouer bruyamment. Leur bulle n’éclatera pas.
Les amoureux du dimanche voient les heures filer sans s’en soucier. L’un en l’autre, les respirations croisées, les phrases à peine terminées, ils se laissent avaler avec langueur par le tic tac de l’horloge. Chaque minute s’écoule dans un plaisir vivace, laissant sur leurs peaux les cicatrices de baisers brûlants. Un plaisir, une souffrance presque. Une addiction, une drogue, une envie de continuer encore et toujours.
Au diable le quotidien de la semaine, où leurs baisers se font entre deux couloirs. Au diable les jours maudits où ils ne peuvent s’échanger des mots doux que dans la pénombre de la nuit, un téléphone collé sur l’oreille.
Le dimanche est un jour unique. Le dimanche leur est un temps réservé. Le dimanche leur appartient.
Lorelei says
c’est un très beau texte, j’aime beaucoup!
bisous
Neurones en Eventail says
j’adore, très joli texte !