Il y a eu ce sourire caché sous la couette, celui qui fait rire tes yeux. Ce regard brillant des étoiles de ta nuit. Les cheveux fraîchement coupés, mêlés à tes cils, emmêlés sur ton front. J’ai glissé un doigt sur ta joue, et j’ai retrouvé la douceur de ta peau de bébé. La journée s’est glissée à ta fenêtre avec la couleur froide de l’automne.
L’herbe s’était parée de givre, et le brouillard s’était accroché aux branches. On a enfilé nos gros pulls et on est descendues prendre le petit-déjeuner. J’ai versé le chocolat chaud dans ta tasse avant de chercher une paille dans les placards sans porte de la cuisine. Tu as glissé la main dans mes céréales pour en attraper les pétales au chocolat. La première a craqué dans ta bouche et ça t’a fait rire aux éclats. Tu les as toutes avalées, une par une. Une seule. Quand le stock a été épuisé, tu as haussé les épaules. Y en a plus.
J’ai chaussé mes bottes et tu as scratché tes baskets. J’ai enfilé mon bonnet et toi, ton casque de vélo. Le temps incertain a glissé entre nos doigts. La sueur s’est glissée sous la laine et la rosée de l’automne s’est déposée sur mes joues. Quelques kilomètres en vélo. Le sourire sous la grimace de l’effort. Mes mains serrées sur les poignées du guidon. Tes mains gelées abritées entre ma doudoune et mon pull. Le froid s’est incrusté sous nos écharpes. Tu voulais rentrer. Maison Maman ?
Quand on a franchi la porte d’entrée, nos os tremblaient un peu. Tu as couru autour de la table avant de te précipiter sur le chat. Le pauvre avait déjà subi tes élans de générosité et tentait de dormir dans son panier enseveli sous une pagaille de jouets. Une poupée, un camion et un chien. Tu as miaulé avant de poser ton front contre son crâne. Tu as pincé une de ses oreilles et tu as ri de ce que tu savais être une bêtise.
Après le repas, tu as voulu que l’on regarde un livre dans le canapé. L’anniversaire de Petit Ours brun. Tu t’es peu à peu blottie contre moi, et tes yeux ont commencé à papillonner. On était toutes les deux d’accord que c’était l’heure de faire la sieste. Tu t’es entourée de tes deux peluches favorites, et tu as glissé sous la couette verte.
Je t’ai retrouvée dans la même position trois heures plus tard. Les yeux allant à droite et à gauche, à l’affût du moindre bruit, de la moindre poussière. A l’identique sauf une chose : tu avais été récupérer tes chaussons et les avais enfilés avant de dormir…
On a glissé jusqu’à la cuisine, et on a préparé un gâteau au chocolat. Les œufs te faisaient peur, mais les jaunes d’œufs t’ont bien plu. Tu les as mélangés à un des pépites de chocolats que tu as versées en un seul coup. Le chocolat fondu s’est ajouté à ton mélange gluant. Tu avais les yeux qui se remplissaient de gourmandise et la langue prête à s’évader. Tu n’as pas résisté à porter la cuillère en bois à ta bouche. Une fois. Deux fois. Chaque fois avec ce regard mi-innocent, mi-complice. Ton rire remplissait l’espace. Et moi je fondais de bonheur et de te retrouver. Enfin.
Marie Kléber says
Comme c’est beau ces retrouvailles, ces moments ensemble, de complicité et d’amour.
Neurones en Eventail says
magnifique récit, quelle belle journée passée ensemble alors…