Depuis notre plus tendre enfance, nous sommes nombreux à avoir une vue désastreuse. Dans ce cas, on se souvient souvent de ces heures passées chez l’opticien alors que nous étions hauts comme trois pommes. Toutes ces après-midis passées à essayer des dizaines de paires de lunettes et à regarder votre mère avec un sourire car c’est elle qui choisirait votre nouvelle tête, sont gravées dans notre mémoire.
Vous souvenez-vous de votre opticien d’alors, et de cet espace immense rempli de lunettes de toutes les couleurs que vous regardiez avec des yeux émerveillés ?
Pour les enfants, l’opticien est finalement un vrai magicien car il fait disparaître le flou de notre vue. Mon premier opticien était un homme brun à lunettes, et j’étais chaque année ravie de le revoir alors que ma mère désespérait de voir ma vue baisser dans les tréfonds des chiffres négatifs…
Les lunettes et moi, c’est une relation passionnelle, destructrice. Je les ai fuies, reniées, pour les aimer sincèrement une fois arrivée à maturité. Relation difficile et conflictuelle qui mène finalement à une paix harmonieuse méritée je pense. Je crois même qu’aujourd’hui, sans elles, je ne suis plus moi.
Les lunettes sont une partie indéniable de ma vie, et aujourd’hui, j’aime ressentir à nouveau cette ambiance propre à certains magasins d’optiques. Il est vrai que la mémoire enjolive toujours un peu les choses, rendant les souvenirs pastel, et les visages gentils. Peut-être également que j’exagère cette atmosphère en la teintant d’un peu trop d’étoiles comme si je parlais de DisneyLand.
Peut-être…
Mais aujourd’hui, je me fie à ces souvenirs quelque peu arrangés par le temps pour choisir mes lunettes.
Les opticiens parisiens sont très nombreux, ils pullulent. Ils pourraient tenter de se démarquer en proposant un service commercial, un accueil chaleureux, mais c’est une chose que je n’ai pas trouvé souvent. Au lieu de ça, ils se concurrencent sur les prix. Et c’est à qui sera le plus cher. En tant que porteuse de lunettes, et experte dans le domaine, ayant déjà épuisé une vingtaine de paires, je pense représenter un avis global.
Certains sont très agréables, mais le revers de la médaille, c’est qu’ils sont chaque jour bondés de monde. Les opticiens courent de client en client, tentant de délivrer le meilleur conseil : rapide et concis. Difficile de prendre le temps de choisir sa nouvelle tête dans ces conditions. Et oui, adulte, ce n’est plus maman qui décide. Le choix doit être fait radicalement, par soi-même. Difficile, vous disais-je.
J’ai finalement trouvé l’opticien qui me rappelle la douceur sucrée de ce moment de mon enfance. Celui où on prend le temps de voir et de savoir ce que vous voulez, ce que vous cherchez. Je l’ai trouvé en province dans ma bourgade d’origine de 3500 habitants. Après tout, les modèles déposés et vendus par les marques sont les mêmes quel que soit le revendeur.
Niveau prix ? Pas de différence flagrante. Alors qu’à la capitale, les enseignes et franchises détournent des offres promotionnelles uniquement destinées à attirer le client, certains opticiens indépendants jouent le rôle de vrais commerçants, proches de leurs clients.
Un des avantages de la province et de ces petites villes où tout le monde se connaît, c’est de tisser un lien avec ces commerçants qui valent le coup !
Maintenant, je peux dégainer mon essuie-lunettes à leur effigie, même s’il y a peu de chances pour que les parisiens courent 250 kilomètres pour trouver cette adresse et cette relation…