Il y en eu d’autres. D’autres sapins, avec d’autres couleurs. Des sapins enveloppés de guirlandes roses et bleues. Il y a eu des guirlandes lumineuses avec des ampoules en forme de stalactites. Il y a eu des sapins qui perdaient leurs épines dès le lendemain. Des sapins si petits qu’il fallait les surélever sur un tabouret. Des sapins qui ne sentaient rien. Des sapins qui sentaient bon Noël. Des sapins tout nus. Des sapins avec tant de décorations qu’on doutait qu’il y ait encore un sapin en-dessous. Des sapins de métal, choisis par manque de place. Les sapins de mon enfance. Les sapins de mes studios. Les sapins qui prennent toutes la place sur les photos. Les sapins avec mille paquets autour.
Aujourd’hui, c’est le premier sapin. Le premier qu’elle voit de ses yeux. Il y a eu celui de l’an dernier alors qu’elle n’avait que quelques mois. Si petite alors, qu’elle n’en avait pas conscience.
Aujourd’hui, c’est différent. Aujourd’hui, c’est le premier qu’elle voit s’illuminer. Le premier dont elle entend les branches craquer. Le premier qui clignotera de mille feux chaque soir de la semaine. Le premier en haut duquel elle a déposé sa première étoile. Mais aussi, le premier arbre qui l’effraie. Le premier qui lui a déclenché tantôt un cri de terreur, tantôt un mouvement de recul. Pour chacune des branches tordues, pour chacune des boules accrochées. Seule une pomme de pin trouve le chemin de son cœur. Une petite pomme de pin peinte en blanche. Assez petite pour tenir dans la paume de sa main. Elle l’a gardée une heure, peut-être davantage. Elle l’a traînée sur le parquet, lancée devant elle, avant de la récupérer comme s’il s’agissait de sa peluche favorite.
Il lui faudra apprivoiser ce grand sapin. Il lui faudra en observer chacune de ses lumières. Il lui faudra faire connaissance avec chacune des boules de Noël. Toutes différentes. Il lui faudra toucher sans peur la grosse guirlande blanche, qui frissonne sous les doigts. Ces deux derniers jours, elle s’enthousiasme déjà pour les chants de Noël, et les muffins au quatre épices.
Elle me rappelle pourquoi j’aime Noël et ce que je veux lui transmettre. Noël est une parenthèse enchantée. Un monde fait d’étoiles, d’espoir et de chocolat chaud. On oublie le reste et on se plonge dans les pains d’épices, les cartes de Noël et les téléfilms à l’eau de rose. On rêve de neige, et on accueille le froid avec bienveillance. C’est l’hiver qui arrive. Le soleil qui se voile. Les bougies qui trouvent leur juste place. Enveloppons-nous dans les souvenirs d’enfance et soyons reconnaissants. Pour chacune des choses qui font notre vie douillette aujourd’hui. De ce mois de décembre à un éclat de rire spontané. De la chaleur d’une couverture au bonheur d’une douche chaude.
Marie Kléber says
Le premier Noël c’est magique et tu nous transmets cette magie avec chacun de tes mots. Je te rejoins, Noël c’est une parenthèse enchantée, un doux rêve. Tous les espoirs sont possibles. On s’offre un peu de tranquillité, on oublie le monde. On se ressource pleinement et on offre ses voeux. Douce saison de Noël à toi et les tiens…
Neurones en Eventail says
magnifique, comme toujours j’adore tes écrits.
Julie says
Merci <3