Qu’elle est forte cette envie de claquer la porte du monde parfois. Cette pulsion tenace de tout envoyer valser, de se lever en renversant une chaise, et de partir en claquant des bottes. Cela m’arrive quand je ne supporte plus les empreintes laissées par d’autres sur ma peau. Leurs regards glissent parfois sur nous, mais certains s’accrochent. Certaines langues se libèrent et s’aiguisent de plus en plus jusqu’à devenir toxiques.
Ces autres qui nous accompagnent au quotidien, sans qu’on les ait choisis ou désirés. Ces autres imposés dans des bureaux sans couleurs où les relations sont à peine effleurées, ces autres parfois éphémères croisés dans des open space.
Tous les jours, leurs mots, leurs idées, leurs petites folies qui ne sont pas les nôtres, s’incrustent dans les pores de notre peau jusqu’à nous polluer l’esprit. On ne leur ouvre pas notre cœur, se contentant de leur serrer la main, et pourtant, ils s’immiscent presque sans le vouloir, insinuant dans notre esprit de mauvaises graines. J’ai bien failli en venir aux mains les fois où je me suis insurgée contre des idées étriquées et d’un autre temps. Submergée par la colère, j’ai explosé en plein vol un mercredi soir, les laissant tous pantois dans leur costume gris. Mais cela n’a pas changé les esprits et n’a fait que renforcer les positions de chacun.
Alors, lorsque les petites phrases puantes devenues anodines se font écho entre la machine à café et la photocopieuse, je fulmine. Claquer la porte, j’aimerais. Rugir de colère, j’adorerais. Mais je préfère ne pas leur donner d’os à ronger.
Je me contente parfois d’une réflexion sur un ton calme, distillant peut-être un doute. Mais une fois la porte fermée, il n’empêche que leurs idées restent, et parfois, je me surprends à voir les choses sous un nouvel angle, le leur. Alors, la nausée me prend, et je me demande comment la société peut-elle avancer et progresser dans un monde où les pensées les plus obscures semblent toujours les plus fortes, prenant le pas sur n’importe quelle lumière.
Sabrina de Ca Se Saurait says
Coucou,
C’est vraiment intéressant ce que tu dis car je lisais justement hier soir un livre à ce sujet « La folie cachée : survivre auprès d’une personne invivable » de Saverio Tomasella (http://psycho-ressources.com/blog/la-folie-saverio-tomasella/).
Dans ce livre on comprend que les gens comme toi et moi sensibles et ouverts à la remise en question se font plus facilement « vampiriser » par les cons psychorigides remplis de mécanismes vicieux (souvent hérités certes d’une histoire mais pas excusable pour autant) car justement nous nous remettons en question. Si l’on ne peut enlever l’énervement que provoquent en nous ces personnes on peut apprendre à le gérer comme tu le fais très bien avec la technique du « mur lisse » où la personne en face n’a pas de prise et ne te fera pas sortir de tes gonds.
Mais quand tu dis que le soir venu cela te fais te remettre en question alors que c’était vraiment une pensée qui te révolte c’est que tu as une fragilité psychologique (je l’ai aussi je te rassure) et que tu dois apprendre à prendre du temps seule pour te retrouver, définir ce que tu es pour mieux revenir forte et sûre de toi dans le monde tout en gardant cette ouverture. Ce temps pour soi, explique l’auteur, permet de savoir qui l’on est et surtout se reconnecter à son intuition profonde.
Nos intuitions peuvent paraître illogiques quand un prétentieux très sûr de lui nous affirme avec aplomb le contraire, ce n’est pas pour autant qu’il a raison. Cette personne n’a juste aucune capacité de remise en question et dans sa tête est vraiment persuadée de ce qu’elle dit, ce genre de personne remplis de certitudes ne doute jamais et c’est cet aplomb qui te déstabilise. Ces personnes pour se blinder émotionnellement on du se construire un monde rempli de certitudes, de mécanismes figés et elle n’en sortira jamais alors oui ce n’est pas utile premièrement, de chercher à la convaincre, tu vas juste te fatiguer et deuxièmement en discutant avec cette personne, ces certitudes vont t’emmener à douter.
C’est très perturbant mais tu peux arriver à lutter contre cette perpétuelle remise en question en appliquant ces conseils (à ta sauce bien sûr on est tous différents) :
–> te fier à ton instinct profond, si tu ressens quelque chose ce n’est pas pour rien
–> en gardant de la distance avec ces gens toxiques ou que tu juge comme tels
–> en comprenant que tu ne va pas les changer et donc en favorisant les relations avec ceux que tu apprécie et en limitant celles avec les gens toxiques avec qui il vaut mieux appliquer un certain détachement.
Voilà, après si tu es sensible à la base ces gens resteront toujours crispants à côtoyer mais la vie est ainsi faite !
Grosses bises !
FleurDeMenthe says
Et bien quelle verve ! Merci de partager ton point de vue ici… La distance avec ceux du boulot, oui, elle est vitale pour moi. On est proches de 9h à 17h et voilà
Marie Kléber says
Ce quotidien est parfois dur à supporter. Dire Basta et claquer la porte, cela ferait du bien mais ce n’est pas toujours possible. Et certaines personnes ont des idées bien fixes sur beaucoup de choses.
L’important est je crois de résister.
FleurDeMenthe says
Résister ! Et respirer 😉
DID says
très très beau texte !! super sensible, et bien analysé. J’adore ce petit passage : « Je me contente parfois d’une réflexion sur un ton calme, distillant peut-être un doute. »
C’est vrai que c’est terrible, ces gens qui se sentent « trop à l’aise » pour dire des choses toxiques. Ce serait plus beau des gens qui se sentent à l’aise…pour balancer des fleurs ^^
FleurDeMenthe says
Merci 😉 Oh oui des fleurs ce serait formidable ! Après, on a tous droit à la liberté d’expression… On oublie parfois que la liberté de chacun s’arrête où celle des autres commence…
Jo says
Bonjour,
Sache que tu n’es pas seule à vivre ce genre de situation, et c’est assez difficile à gérer il est vrai.
Je rejoins le commentaire de Sabrina, se caler du temps pour soi, pour se retrouver et se reconnecter à notre identité profonde, qui a tendance à se diluer au contact répété d’autres individus avec des idées bien arrêtées et bien loin des nôtres, est essentiel. Le faire régulièrement voire quotidiennement, permet d’évacuer.
Merci pour ce post.
FleurDeMenthe says
J’avoue que la sophrologie m’aide beaucoup à me recentrer sur mes idées… La respiration a quelque chose de magique !