On m’avait dit que je dormirais tout le temps. On m’avait promis que les premiers mois seraient destinés à manger, dormir et remplir ma couche. Sur ce dernier point, je ne sais pas pourquoi, la couche choisit toujours de se remplir alors que j’ai mon biberon dans la bouche. Il faut croire qu’il y a une relation entre ces deux-là. En plus, je ne peux pas boire le lait et remplir ma couche en même temps. C’est un choix draconien à faire à chaque fois que çà me prend, et souvent c’est la couche qui gagne et je me retrouve avec du lait froid. Super. Tout était bien plus simple avant, quand j’étais bien au chaud…
Chaque jour est plus compliqué que le précédent. Il faut dire aussi, que tous les jours, une nouvelle chose s’ajoute à ma journée déjà bien chargée. Maintenant, je peux décider de prendre quelque chose avec mes mains. Bon elles font pas toujours ce que je leur demande, mais bon, on progresse. Et il y a cette voix aussi, que je n’arrive pas encore à maîtriser, et qui part d’un coup comme par surprise… Bref.
Le point le plus chaud de la journée, c’est l’après-midi.
Alors là, dès 12h, ça y est, c’est le bazar dans ma tête. J’ai le biberon dans la bouche, je savoure mon lait tranquillement, quand soudain, patatras, je plonge dans le noir. Ça me le fait tout le temps, phase critique je vous disais. Je me réveille d’un coup, super mal, avec maman qui me souffle dans les yeux. Je vois qu’il reste encore du lait dans le biberon, alors je crois qu’elle va me le redonner, mais que nenni ! Elle me pose dans le transat et part avec le biberon. Ça m’énerve ! J’ai des trucs qui me remontent dans la gorge, c’est pas bon signe. Voilà que soudain, en plus, je récupère ce fichu hoquet ! Çà m’énerve, çà m’énerve tellement que j’essaye de le faire partir en criant. Maman revient, elle me prend dans ses bras et me berce, çà me fait du bien, un peu, parce que le hoquet, lui il veut pas partir. Elle me déshabille, et m’enlève cette fichue couche qui me gratte. J’aime bien avoir les fesses à l’air. Mais bon, le plaisir est de courte durée, vu qu’elle m’en remet une aussi vite. Alors, je m’énerve encore plus.
Elle me pose dans le parc, avec mes peluches. C’est là que je suis censée dormir… Faut dire que j’ai pas grand chose à faire d’autre, et que pour digérer, une petite sieste c’est pas de refus. Alors, je suis là, maman chuchote des petits mots tout doux, elle me met une petite musique, et je dois dormir. Je dois dormir. Une petite voix dans ma tête me le chuchote. Je suis censée dormir. Mais rien. Rien du tout. Pourtant, j’ai envie de dormir. Je n’arrête pas de bâiller, et mes paupières sont aussi lourdes que le dit la chanson de maman. Mais je n’y arrive pas. Rien à faire ! Alors c’est la panique. Je tape des pieds, je me tords dans tous les sens, espérant que le sommeil vienne à ma rescousse. Je transpire, j’ai trop chaud, mes joues sont en feu et mes cheveux sont mouillés.
Maman me prend dans ses bras. Elle me fait écouter du piano. J’aime bien, je crois… Je me sens tellement fatiguée que les notes ne viennent pas jusqu’à moi. C’est comme un amas de musique incompréhensible. En fait, j’aime pas, j’ai pas envie. Tout ce que je veux, c’est dormir ! Maman me berce, mais avec son cœur qui bat si fort contre mon oreille, c’est sûr, j’arriverai jamais à trouver le sommeil !! Alors, je continue de l’appeler, je crie fort. Je le somme d’apparaître. J’ai mal à la gorge à force de m’énerver. Maman me repose dans le parc, ou le lit, je ne sais plus trop. Elle non plus ne comprend pas, elle a les yeux qui brillent. Et voilà, elle me laisse toute seule face à cette folie ! Elle m’abandonne à mon sort !!!
Ah non, voilà qu’elle remet le piano. Si elle croit que ça va m’aider… Si elle appelle çà m’aider à trouver le sommeil… Clic, il fait tout noir soudain. Mes paupières ont cédé. Enfin Morphée, te voilà.
Allychachoo - Famille en chantier says
J’adore 🙂 Je visualise tout à fait mon petit chat se dire ça quand il lutte pour ne pas s’endormir, alors qu’il en a envie/besoin (et ses parents aussi !)