Je veux résister, m’accrocher, m’attacher à la journée qui s’annonce. Mais je reste prisonnière de mon lit. Aucun livre ne trouve refuge entre mes mains, pas même la liseuse électronique. Les films défilent devant mes yeux sans que je ne comprenne le sens des actions. Les séries s’enchaînent dans un flou artistique. Mon esprit mélange les intrigues et les personnages quand il n’en invente pas.
Le temps file et fuse. Partout autour de moi résonne le tic-tac assourdissant d’une horloge imaginaire. Les aiguilles s’enfuient dans un rythme connu d’elles seules. Perpétuel, infini, inaccessible.
La lumière va et vient, enveloppant le jour de ses couleurs inimitables. Blanche et froide le matin. Orangée et chaude en fin de journée. Les ombres anonymes se cognent aux murs blancs de la chambre, marquant la peitnure de leurs lugubres empreintes.
Je m’effondre dans mon coussin en plumes au confort imparable, toujours prêt à recueillir ma tête quand elle me paraît trop lourde. Je réchauffe mon corps habité d’une âme épuisée dans la couverture imitation Grand Nord qui n’est jamais très loin. Elle m’enveloppe, me réconforte, me fait croire à une présence.
Je décuve d’une nuit clairsemée de sursauts, d’un sommeil hâché de frissons.
Rester éveillée, espérer un réveil des forces, croire en un soulèvement du corps. Tenter de se saisir de la tasse de thé posée juste là sur la table de chevet, et sentir les muscles se raidir. Désirer secrètement que les heures passées n’aient pas affadi le breuvage. Le porter à ses lèvres sèches et déshydratées, et grimacer au contact du liquide. Reposer la tasse à même le sol, sans un regard. La fenêtre s’agite affrontant le silence qui m’entoure. Mon regard s’accroche aux branches dénudées qui s’y frottent en saccades, sans bien savoir où accrocher ses pensées.
Fuir le harcèlement de ces bruits sourds, fuir le silence du vide, fuir l’abandon des forces. Tirer les rideaux et choisir de se laisser séduire par Morphée et ses bras de coton parce que c’est le plus facile et le plus tentant, finalement. Les yeux clos dans une chambre sombre, mon esprit divague, laissant la fièvre créer toutes sortes de chemins.
C’est une journée à rester coucher.
MARIE KLEBER says
La fièvre nous embarque parfois sur des terrains bien glissants. Rester au lit semble le meilleur remède.