Finalement, se trouver aurait un prix…
Un prix que je n’avais absolument pas anticipé. Une longue discussion avec l’une de mes proches (laquelle s’avère avoir une vocation secrète de psychologue anonyme dans les heures libres de sa journée) m’a livré son ressenti alors que je lui confiais avoir perdu la folie intime que l’écriture d’histoires me procurait.
Ses révélations m’ont effrayée au départ, mais peut-être a-t-elle finalement raison. Dans ce cas, il faudra bien que je l’accepte.
Au cours des douze derniers mois, je me suis trouvée après m’être perdue dans le brouillard. Frustrée, coincée, malheureuse dans mon travail, j’ai quitté tout cela grâce à un coach qui m’a ouvert les yeux sur ce que je suis vraiment, ce que je vaut à titre professionnel, et quels étaient les métiers faits pour moi.
Après réflexion, cette connaissance de moi m’ampute de ce marécage psychologique dans lequel je puisais inconsciemment l’essence des mes histoires. Ma sensibilité, les portes ouvertes sur ces autres mondes, se sont évaporées car l’ensemble de mon esprit est désormais uni. La paix y règne, et je ne sens plus de conflit lancinant entre deux identités qui s’affrontaient froidement.
Mes différents espaces de pensée sont solidaires. La mélancolie qui me suivait toute la journée, ne m’offrant rien d’autre que des nuages gris et lourds s’est envolée. Bien sûr, elle revient de temps en temps, mais elle n’est pas assez riche pour que j’en nourrisse mon inspiration.
Je ne regrette certainement pas l’avancée psychique et psychologique immense que m’a apportée cette quête, mais je vous l’avoue : je crains sincèrement que jamais plus je ne retrouverais cette intimité avec les mots. Ils glisseront sur moi comme la pluie sur les plumes d’un canard, sans jamais s’infiltrer et sans jamais plus parvenir à se faufiler jusqu’à mon coeur pour le faire battre la chamade.
Se trouver, s’accepter, mûrir, atteindre ce sacro-saint statut d’alignement de l’esprit, cela aurait donc un prix… Celui de la perte de la seule bouée qui me tenait hors de l’eau lors de mes accès fous de mélancolie, ces crises identitaires qui martyrisaient mon âme et mon esprit.
Et si l’écriture était réservée aux esprits torturés, en proie à des fantômes, enchaînés à des questions existentielles qui ne trouvent pas de réponses…
Louisianne says
Tu as sûrement raison ! Souvent des chanteurs à qui on demande pourquoi ils ne chantent que des chansons tristes répondent que c’est plus facile d’écrire un texte sur un chagrin d’amour que sur l’amour heureux et partagé !
Mais je pense que quand on écrit on a des périodes d’inspiration, des périodes de lassitude, l’humain est en dents de scie !
FleurDeMenthe says
C’est un espoir, sincèrement ! Je veux rester alignée, et retrouver ce plaisir… Mais je pense aux poèmes de Baudelaire écrits sous le spleen… Bref, lorsque l’enthousiasme me prendra, je vous tiendrai au courant
Submarine says
Avant, c’est que je pensais. Que l’on devait être torturé pour écrire. Je le pense toujours, mais avec moins de conviction car il n’y a pas si longtemps (depuis un an environ), j’ai découvert que j’étais capable d’écrire sur les jolies choses. Dans un sens, ça m’a rassuré. Mais, tout ne peut pas être toujours rose… Même si je vais bien, les questions que je me pose sont toujours aussi nombreuses, et les fantômes du passé restent rôder dans mon esprit !
FleurDeMenthe says
Tu me rassures alors ! Je vais peut-être retrouver vraiment l’inspiration !
CaramelMou says
On vit les jolies choses, on est heureux dans l’absolu alors qu’on traîne le chagrin comme un boulet et qu’on a besoin de l’extérioriser à un moment donnée par les mots notamment sinon il nous ronge de l’intérieur. On devrait plus s’appesantir sur les petits bonheur tiens 🙂
FleurDeMenthe says
A un moment où j’allais mal, on m’avait proposé de tenir un carnet des petites choses qui donnent le sourire. Je ne les ai pas écrites, mais j’y pensais à chaque fois qu’un petit bonheur frappait à ma porte
Gabriel Zachsarowsky says
J’aimerais aussi avoir la réponse à cette question, mais c’est compliqué…
Je peux tenter de répondre par cette phrase : « L’écriture c’est le cœur qui éclate en silence »… mais c’est tout ce que je peux apporter.