Je suis profondément outrée de l’attention que portent les médecins d’aujourd’hui à leurs patients.
En colère, dépassée, stoïque, je ne sais quel est le mot le plus fort pour qualifier le peu de considération que l’on suscite chez ces professionnels de la santé. C’est suite à deux rendez-vous médicaux dans deux domaines différents que j’ose écrire ce billet.
Peut- être était-ce dans une autre vie, peut être était-ce le fruit de mon imagination…
Mais il me semble me souvenir de la bienveillance des médecins. Enfant pour les premiers vaccins, il nous parlait nous rassurait, nous impressionnait. Pour recoudre les blessures de guerre des dures aventures avec le goudron, il prenait le temps de sécher nos larmes malgré la difficulté que l’on lui donnait dans ses tentatives désespérées de nous planter des aiguilles dans la peau…
Oui, le médecin traitant de mon enfance respirait la bienveillance. Et il n’était pas le seul. Pendant longtemps, j’ai consulté des médecins spécialistes, qui, pour certains privilégiaient la relation humaine, l’écoute des patients. Les gynécologues, derrière leur airs froid peuvent se révéler de bonnes âmes lorsque les médias sonnent le glas de la pilule contraceptive. Ils prennent le temps d’expliquer, d’écouter, et même de sourire. Peu importe les spécialités, le professionnel de santé a su se montrer sous son meilleur jour. J’ai toujours mis çà sur l’antécédent d’une relation médecin-patient. Pour moi, lier un lien convivial et respectueux est nécessaire. Vous me direz que la relation dépend surtout de la personnalité, des affinités. Peut-être…
Où sont donc allées ces vocations, cette humanité, cette écoute si précieuse dans le domaine médical ?
Toujours est-il que cette explication ne colle absolument pas avec l »idée persistante et dérangeante qui s’immisce en moi. Pour certains, leurs années d’étude effacent une possible vocation de départ. Une fois installés à leur compte, certains ne se privent absolument pas pour prendre les patients pour des carnets de chèques.
En ce jour de Saint-Valentin, je fais la connaissance d’un tout nouveau médecin spécialiste fraîchement installé dans le fauteuil d’un désormais retraité. C’est donc pile à l’heure que je suis reçue par un jeune homme aux cheveux gominés, chaussures cirées et chemise amidonnée et ajustée. Au pas réglé sur l’horloge, il m’assène de le suivre sur un ton rapide et sec.
– Posez vos affaires ici,
– Installez vous là.
– Otez vos lunettes
– Lisez
– C’est mieux là ?
– Avant ?
– Non là, un ?
– Oui, là c’est mieux, c’est sûr.
Mais heu, … c’est à dire que je vois très flou le contour du cadre, donc difficile de vous lire les lettres…
Heureusement que je joue le jeu, parce que vous vous contentez de me repasser les mêmes séries de lettres pour l’oeil droit et le gauche…
– Lisez le texte.
Ah, le texte, je le lis ?
– Hop, çà suffit, c’est bon terminé…
5 mots seulement ?
– Vous regardez la lumière !
– Attention, un souffle va venir, çà va surprendre…
– Bon je vous souscris des lunettes et des lentilles ?
– Voilà, merci et bonne journée !
Mais, heu, vous connaissez mon dossier ? Parce que je voulais vous poser quelques questions…
– Oui ? Oh, non, ne vous inquiétez pas ! Et l’opération laser ? Bon ben, vous pouvez vous renseigner, et vous me rappelez si vous êtes tentée, dit-il en montrant le chemin de la sortie.
Entrée à 18h00, sortie à 18h09.
9 minutes, 70 euros, et une feuille de soin en cadeau bonus.
Et oui, à ce rythme là, il n’y a pas de temps a gaspiller pour s’occuper de mettre en place une machine à carte vitale, ou même une machine à carte bancaire.
Merci la Sécurité Sociale de permettre à ces jeunes diplômés de facturer 1 minute 7,77€ la minute quand le Smic horaire est d’environ 9,40€
De plus, l’accueil qui est censé être synonyme de bon accueil, est parfois déplorable.
L’assistante médicale vous porte à peine un regard, et quand vous ne respectez pas le rôle du patient sage et silencieux, elle ne se gêne pour prendre un ton hargneux.
Inutile de vous dire que cette fois, j’ai bien claqué la porte de leur cabinet haussmannien, et pour de bon.
Le problème dans nos vies ultrabookées, branchées sur 20000 volts, et lancées à 400 km/h sur l’autoroute, c’est l’importance que l’on accorde aux choses les moins vitales. Ce manque de considération humaine se voit partout : à la banque, chez l’assureur, au garage, dans une agence immobilière… Le système veut que chacun considère son prochain comme une potentielle cible à conquérir, et ce, au détriment d’une quelconque relation humaine, de confiance, et d’échange…
Finalement, à voir de quoi on entouré, on est tous la vache à lait d’un autre, et çà fait très peur…
Vite, que les choses changent et ne continuent pas dans ce chemin, dangereux…
Submarine says
Comme je suis d’accord avec toi… Quand j’avais été hospitalisé, j’étais tombé sur des personnes (médecins, infirmiers…) qui n’avaient pas du tout pris en compte mon angoisse, mes nombreux questionnements. & forcément, ça ne faisait qu’empirer mes peurs. Heureusement, il existe encore des personnes qui sont à l’écoute de leur patient, respectueux, empathique… On voit vraiment de tout, c’est fou.
FleurDeMenthe says
Je me demande même s’ils sont heureux ces médecins…
My Little Discoveries says
Heureusement il y a des exceptions, mais je suis tout à fait d’accord avec ton avant-dernier paragraphe… Depuis mon arrivée à Toulouse, je dois me fier à des recommandations d’amis ou aller au hasard quand j’ai besoin de consulter divers spécialistes, et autant dire que je ne fais pas bonne pioche à tous les coups!
Comme toi, ce manque de considération grandissant m’attriste, et je ne peux pas m’empêcher de me dire que si j’avais la chance d’être en poste, j’essaierais de recevoir correctement les gens. Ok on a parfois des mauvais jours, mais un petit sourire et de la politesse rendent quand même la vie plus facile pour tout le monde…
FleurDeMenthe says
Etant moi-même à un poste souvent décrié, je m’efforce de casser la mauvaise image de la profession, et surprise, cela rend mes journées plus chaleureuses et agréables !
Olivia says
Etant moi-même médecin, ça me désole de lire des choses comme ça. J’espère sincèrement que les « exceptions » sont plutôt les médecins décrits dans ce post et non les médecins corrects et à l’écoute. Utopie ? Non, espoir.
FleurDeMenthe says
Oui, j’ai aussi l’espoir que ces médecins pleins d’arrogance sont des exceptions… Il faut effectivement se fier au bouche-à-oreille pour trouver un médecin qui nous corresponde.
soso says
Tiens, ton post me parle…J’ai vécu la même chose, c’était aussi un ophtalmo: la consultation a eu la même (très courte) durée! Pas de feuille de soin, 45 euros, un médecin très expéditif…à la fin de la consultation il m’a raccompagnée jusqu’à l’accueil (il fallait passer par la salle d’attente) en me poussant presque car je n’allais pas assez vite à son goût me semble-t-il et mes questions l’embettaient!
FleurDeMenthe says
Je t’avoue que je me demande si j’ai vraiment été chez un ophtalmologiste du coup… C’est fou tout de même !
carambar says
Ton billet me parle vraiment ! J’ai trouvé une généraliste géniale à Paris (au hasard) qui prend à 23 euros qui note dans son dossier tout ce que ses patients font/vivent et du coup même en la voyant une fois par an elle est capable de resituer les gens. Malheureusement un jour j’étais malade et j’ai consulté près de mon travail sur l’heure du déj. En plus d’être prise avec 45 min de retard j’ai payé 50 euros pour un autodiagnostic, oui oui j’ai tendance à avoir des cystites donc je sais les reconnaître mais le médecin n’a pas quitté son fauteuil pour m’examiner. En 10 min 3 prescriptions de médicaments différents plus tard c’était plié, et le plus inquiétant c’est que pendant cette « consultation » il était avec une interne qu’il était supposé former j’imagine. Donc visiblement pour gagner du temps certains médecins laissent les patients s’auto diagnostiquer.
Christie says
Cette impression est très désagréable… J’ai aussi fait ce ratio temps passé, attention accordée, coût de la consultation. Trop souvent. Ma dernière visite chez l’ophtalmo n’a pas dépassé les 10 minutes non plus. Il était 19h, c’était la dernière consultation mais apparemment ce n’était pas forcément l’explication…
Tristelune says
Jusqu’à mon médecin traitant actuel, je crois que tous les docteurs m’ont toujours un peu déçue… de mes 10 à mes 15 ans, j’ai consulté plein de dermatologues qui n’ont pas su traiter de l’eczéma sur mon cuir chevelu, c’est un médecin généraliste qui m’a prescrit un shampooing exprès que j’utilise depuis 7 ans maintenant.
Mon père a de gros problèmes de santé, mais les médecins s’en foutent. Mon ancien médecin traitant a donné deux médicaments complètement contradictoires à prendre, à ma mère, ce qui aurait pu avoir de très graves effets.
Depuis j’ai changé de médecin : je suis tombé sur un type bien. On aurait pu s’attendre à ce que ce soit une généralité, mais ce médecin à l’écoute, tant de tes problèmes physiques que psychologiques, ira te garder 30min dans son cabinet s’il le faut, tant qu’il n’aura pas trouvé de solution. Un coup de fil et il faxe des ordonnances quand on ne peut pas aller le voir. Je me rappelle, quand mon premier amour m’a quitté, il y a un peu plus d’un an, il m’avait mise sous anti-dépresseurs ; un jour où ça n’allait vraiment pas, je l’ai appelé, pendant 10 minutes (alors que le pauvre était en consultation) on a parlé, j’ai beaucoup pleuré, et il m’a conseillé d’augmenter les doses de médicaments et de le rappeler dans les jours qui suivaient puis de passer le voir. Je le tiens pour un homme exceptionnel alors que tous les médecins devraient être comme ça…
FleurDeMenthe says
Très à l’écoute effectivement… Je t’avoue que ce qui me trouble dans ton discours c’est son implication au-delà de son rôle peut être. Mais en même temps je crois que mon médecin traitant de famille aurait ce comportement. ..